Ce n’est plus un secret, la France et le Nigeria préparent une nouvelle résolution sur la Côte d’Ivoire pour les toutes prochaines assises du Conseil de sécurité des Nations unies. Cette résolution, dont le contenu fait déjà l’objet d’une fuite , porterait sur une interdiction formelle, par l’organe onusien, de l’usage de tout armement lourd dans le périmètre du District d’Abidjan. La capitale économique ivoirienne, siège du pouvoir, est fortement sinistrée par les violents affrontements qui y ont cours, depuis l’éclatement de la crise post-électorale opposant les deux candidats au second tour du scrutin du 28 novembre 2010. Proclamés président l’un par le Conseil constitutionnel et l’autre par la Commission électorale indépendante (CEI), Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara (qui bénéficie du soutien de la communauté internationale) se livrent une guerre sans merci autour du fauteuil présidentiel. Pour contrer les assauts répétés de combattants pro-Ouattara tapis dans les communes d’Abobo et Anyama, au nord de la ville d’Abidjan, les Forces de défense et de sécurité (FDS), restées fidèles au tenant du Palais, ont été maintes fois contraintes à déployer de gros moyens. Un véritable arsenal de guerre fait de chars, pick-up lance-roquettes et autres mortiers que la communauté internationale estime non conventionnels pour les combats qui ont lieu en ce moment dans la capitale économique ivoirienne. Le vendredi 25 mars 2011, à l’issue du Conseil européen tenu à Bruxelles, le président français Nicolas Sarkozy, déclarait: «C’est un scandale qu’on tire à l’arme lourde à Abidjan (…). Il faut au minimum déclarer qu’Abidjan doit être interdite aux armes lourdes. On parle d’hélicoptères qui pourraient être réparés pour tirer sur la population, des mortiers. Ça doit être très clairement déclaré comme illégal par la communauté internationale. Il y a des forces des Nations unies, que ces forces fassent leur travail». Un travail, qui est en passe d’être formalisé au niveau du Conseil de sécurité. En envisageant une résolution sur ces types d’armement, au moment où les combats gagnent en intensité autour et à l’intérieur du District d’Abidjan, l’ONU muselle insidieusement les capacités de réaction du camp Gbagbo, enjoint de céder le pouvoir à Alassane Ouattara qu’elle reconnaît comme vainqueur du scrutin de novembre 2010. Des fuites émanant du texte déposé par la France et le Nigeria la semaine dernière, si cette résolution est adoptée, mandat sera donné désormais aux troupes françaises de la Licorne, sous la responsabilité de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), de neutraliser tous les engins des FDS considérés comme non conventionnels, qui viendraient à être utilisés face à l’ennemi. La Licorne aura même le mandat de perquisitionner les sites stratégiques pour débusquer déjà ces armements. Notamment les casernes tels la Brigade anti-émeute (BAE) ou la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), le Centre de Commandement des Opérations de sécurité (CeCOS), le camp de gendarmerie Agban, la Garde Républicaine ou les camps militaires d’Akouédo, qui abritent les armements des FDS. Comme en novembre 2004, où la flotte ivoirienne a été systématiquement anéantie par les soldats de la Licorne, la présence d’un char de guerre dans la rue pourrait servir de prétexte pour détruire tous ces armements supposés non conventionnels et livrer mains et pieds liés Laurent Gbagbo et ses hommes aux dénommés »forces républicaines de Côte d’Ivoire » (FRCI), qui progressent à grands pas vers Abidjan ces derniers jours. Coup dur donc pour le président investi par le Conseil constitutionnel, qui se trouve comme pris dans un trou de souris entre ses adversaires en interne et les décideurs à l’échelle internationale. Qui multiplient les moyens pour le bouter hors du pouvoir et y installer coûte que coûte Alassane Ouattara.
Hervé KPODION
Politique en Côte d'Ivoire: Un aperçu des enjeux actuels et des perspectives d'avenir
La Côte d'Ivoire, pays situé en Afrique de l'Ouest, est depuis longtemps un acteur clé de la politique régionale. Après des années de turbulence politique et de crises, le pays a progressivement renforcé ses institutions démocratiques et s'est engagé sur la voie du développement. Cet article explore les enjeux actuels de la politique en Côte d'Ivoire ainsi que les perspectives d'avenir pour le pays.
Stabilité politique et réconciliation nationale: Depuis la fin de la crise post-électorale de 2010-2011, la Côte d'Ivoire a réalisé des progrès significatifs en termes de stabilité politique et de réconciliation nationale. Le gouvernement ivoirien s'est engagé dans des réformes pour renforcer les institutions démocratiques et promouvoir la participation citoyenne. Des initiatives de réconciliation, telles que la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, ont contribué à apaiser les tensions et à favoriser l'unité nationale.
Économie et développement: La Côte d'Ivoire est l'une des économies les plus dynamiques de la région. Grâce à sa riche diversité économique, notamment dans les secteurs de l'agriculture, des mines et de l'industrie, le pays a attiré des investissements étrangers et connaît une croissance soutenue. La politique économique axée sur les réformes structurelles et l'amélioration du climat des affaires a permis à la Côte d'Ivoire de diversifier son économie et de stimuler la création d'emplois.
Défis et enjeux: Malgré les progrès réalisés, la politique en Côte d'Ivoire doit encore relever plusieurs défis. La consolidation de la démocratie et la garantie des droits de l'homme restent des priorités. Le pays doit également faire face à des questions telles que la corruption, l'inégalité socio-économique et l'accès limité aux services de base pour une partie de la population. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour renforcer l'État de droit et promouvoir la transparence dans la gouvernance.
Perspectives d'avenir: La Côte d'Ivoire a un potentiel énorme pour devenir un acteur majeur sur la scène régionale et internationale. Les réformes en cours dans les secteurs clés tels que l'éducation, la santé et l'infrastructure renforcent les fondations du pays pour une croissance durable. De plus, la Côte d'Ivoire joue un rôle actif dans les initiatives régionales et continentales, ce qui renforce sa position en tant que leader politique en Afrique de l'Ouest.
En conclusion, la politique en Côte d'Ivoire a connu des avancées significatives ces dernières années, marquées par la stabilité politique et les réformes démocratiques. Malgré les défis persistants, le pays continue de progresser vers un avenir prometteur. La Côte d'Ivoire a la possibilité de consolider sa démocratie, de promouvoir le développement économique inclusif et de jouer un rôle de de premier plan sur la scène régionale. En investissant dans les institutions, en luttant contre la corruption et en favorisant la réconciliation nationale, le pays peut renforcer son positionnement politique et attirer davantage d'investissements pour le bien-être de sa population.
Nicolas Sarkozy en pleine crise d’autorité en France
François Hollande a perdu quelques kilos superflus et troqué son espièglerie familière contre la gravité qui sied à un candidat putatif à l’élection présidentielle. Mais il n’a rien perdu de son œil politique et de son sens de la formule. Celle-ci, par exemple, pour qualifier les palinodies au sommet de l’Etat au lendemain du premier tour des cantonales : « Une crise d’autorité ».
L’essentiel est dit, effectivement. Semaine après semaine, presque jour après jour, le président de la République ne semble plus en mesure d’exercer toute l’autorité qui devrait être la sienne. L’on peine parfois à y croire, tant Nicolas Sarkozy s’était imposé, en 2007, comme le chef incontesté de son camp. C’est pourtant la réalité, dont les cantonales sont le révélateur impitoyable.
Le chef de l’Etat a d’abord perdu sa souveraineté absolue sur le gouvernement. En novembre 2010, déjà, il avait tant tardé à remanier son équipe, tant hésité à en changer le capitaine, qu’il avait fini par se voir, peu ou prou, imposer par « sa »majorité parlementaire le maintien de François Fillon à Matignon. Au regard des institutions de la Ve République, c’était une singulière innovation, autant qu’un signe de faiblesse.
L’entre-deux-tours des cantonales a accentué le trait. M. Sarkozy avait clairement fixé la stratégie, le 10 mars, avec l’équipe dirigeante de l’UMP. « Aucune alliance n’est possible avec le Front national », avait-il martelé; mais, face au Front national, il avait exclu tout désistement d’un membre de la majorité au profit d’un candidat de gauche. Dès les résultats du 20 mars connus et la menace du FN confirmée, la consigne – pourtant réitérée – a volé en éclats. Pas à l’initiative de quelque sous-secrétaire d’Etat en quête d’un quart d’heure de célébrité. Mais tout simplement du premier ministre, qui a appelé le 21 mars, en cas de duel entre le Parti socialiste et le Front national, à « voter contre le FN ».
Les contorsions qui ont suivi pour rabibocher l’Elysée et Matignon n’ont trompé personne : François Fillon n’assume pas pleinement le coup de barre à droite donné par le président de la République depuis l’été 2010. Il redoute que cette attitude provoque l’effet inverse de l’effet voulu: en clair, un « 21 avril à l’envers », qui verrait le candidat de la droite éliminé au soir du premier tour de l’élection présidentielle. Le moins qu’on puisse dire est que cela ne témoigne pas d’une confiance à toute épreuve dans la capacité du président à se faire réélire en 2012.
Il n’est pas seul. De manière plus ou moins explicite, plusieurs ministres, et non des moindres, se sont également démarqués du présidenten appelant à faire barrage au FN : Alain Juppé, Roselyne Bachelot, François Baroin, Valérie Pécresse, Nathalie Kosciusko-Morizet, Laurent Wauquiez. Au point d’obliger le chef de l’Etat, au conseil des ministres qui a suivi, à un rappel à l’ordre pincé sur la nécessité de jouer « collectif ». Qu’une telle mise en garde soit nécessaire en dit long.
Ce qui est vrai du gouvernement ne l’est pas moins de la majorité parlementaire. Menée à la baguette depuis quatre ans, elle a fini par se lasser et par ruer dans les brancards. Nicolas Sarkozy en a fait les frais début mars. La droite modérée – notamment les centristes, qui avaient, pour une fois, surmonté leurs querelles picrocholines – a obligé le gouvernement à renoncer à légiférer sur la déchéance de la nationalité, lors de l’examen du projet de loi sur l’immigration. Déjà rejetée par la majorité sénatoriale, cette disposition était pourtant l’une des mesures phares du discours du chef de l’Etat à Grenoble, en juillet2010.
Une rébellion similaire est désormais prévisible, en avril, si Nicolas Sarkozy s’entête à vouloir supprimer complètement l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Cette fronde-là a démarré il y a un an, après la lourde défaite de la majorité aux élections régionales. Plusieurs caciques de l’UMP avaient réclamé la suspension du « bouclier fiscal », instauré en juillet 2007, et qui, la crise aidant, apparaît comme un cadeau difficilement défendable fait aux contribuables les plus fortunés.
Le chef de l’Etat avait, alors, catégoriquement refusé, avant d’admettre, fin 2010, qu’il n’avait guère le choix. Mais, pour masquer son renoncement à une des mesures emblématiques du début de son quinquennat, il avait annoncé une réforme plus large de la fiscalité du patrimoine, et notamment la suppression de l’ISF, plutôt que son simple toilettage. Depuis, bien des responsables de la majorité ont expliqué qu’une telle mesure serait budgétairement impraticable et politiquement risquée. Voilà le président prévenu: s’il s’obstine, la majorité ne le suivra pas.
C’est enfin la droite elle-même sur laquelle Nicolas Sarkozy a perdu son ascendant. Pour l’emporter en 2007, il avait brillamment réussi à rassembler derrière lui toutes les familles de son camp, ou presque: les néogaullistes et une bonne partie des centristes, les bonapartistes et les orléanistes, les libéraux et les populistes, à quoi il avait ajouté, à l’été 2009, les souverainistes de Philippe de Villiers et les « chasseurs », toujours bons à enrôler.
Le style du président et son perpétuel activisme, la crise économique, l’usure du pouvoir, les revers électoraux des deux dernières années: tout a contribué à mettre à bas ce bel échafaudage. Et à placer désormais Nicolas Sarkozy devant un redoutable dilemme : s’il penche trop à droite, il s’aliène les modérés que rêve de fédérer Jean-Louis Borloo ; s’il veut ménager le centre, c’est Marine Le Pen qui menace de rafler de gros bataillons de l’électorat populaire.
L’UMP elle-même porte de plus en plus mal son nom : l’union est chaque jour un peu plus de façade ; le mouvement est paralysé; quant au qualificatif de populaire, les cantonales ont démontré cruellement sa fragilité. Sur un socle aussi branlant, le temps commence à manquer pour espérer restaurer une autorité de plus en plus contestée.
Gérard Courtois (Chronique « France »)
Source: Le Monde
Côte d’Ivoire : les crimes approuvés par la Communauté internationale
Dans le désespoir, j’ai reçu ce témoignage d’une personne qui pense que les crimes de M. ALASSANE sont oubliés et étouffés comme si ses victimes ne sont pas des humains. Elle pense que ceux qui liront pourront en parler pour que les morts de ceux dont le seul crime est d’avoir supporté Gbagbo restent dans les mémoires collectives. Ne nous laissez pas dans l’oubli, m’a-t-il dit.
Dame Doumbia Mariam, militante Lmp a été enlevée et carrément égorgée à Abobo comme un mouton. Son crime, c’est le fait d’être du Nord et de ne pas applaudir le président du Rdr. Son assassinat a même été salué avec ovation dans les officines du Rdr qui sont chargés de la planification du terrorisme.
Comme elle, le fédéral Fpi de Madinani (dans le département d’Odiénné) a été enlevé de son domicile à Abobo et exécuté sur la voie publique devant enfants et femme. Son frère, agent de la police a subi le même sort.
On reproche à l’un d’être du Nord et supporter Gbagbo et l’autre, d’être un Fds. Au Rdr, on ne pardonne pas cela au nom de la tribut. Et toutes les différences se règlent avec les armes. C’est d’ailleurs ce que Ouattara leur enseigne depuis qu’il s’est invité sur la scène politique avec une rare violence, dont le pic a été atteint à Abidjan après le second tour de la présidentielle. Alassane qui est en contact avec les milieux terroristes Salafistes qui sèment la terreur dans le désert saharien, procède comme eux à Abidjan. Il fait enlever, avant de tuer en égorgeant.
Depuis le déclenchement du Commando invisible annoncé par Guillaume Soro, la liste des tueries ne fait que s’allonger. A Yopougon Port-Bouët II, un élément de la marine ivoirienne, à bord de sa voiture a été stoppé par les terroristes de Ouattara à un barrage. Le fait qu’il soit marin a suffi pour qu’il soit dépecé comme un bœuf ou un mouton. Un acte digne d’un film de Frankenstein où l’horreur côtoie la cruauté à la gloire de Ouattara. Toujours dans le même secteur de Port-Bouët II, un militaire à bord d’un taxi communal a été enlevé en pleine matinée. Il a essuyé plusieurs coups de machettes au crane, dans le dos et aux pieds.
Ce jeune ne doit son salut qu’à un jeune qui l’a reconnu et qui à l’instant, a fait arrêter la boucherie. Depuis, ce soldat vit cloitré chez lui, avec des plaies sur tout le corps. «C’était difficile. Ce sont des sauvages. Parce que des Ivoiriens ne peuvent pas agir de la sorte. Lorsqu’ils ont vu mes pièces, ils ont découvert que je n’étais pas du Nord. Ils se sont mis à me découper à la machette. On ne tue même pas un animal comme ça. Seulement, je dois mon salut à un petit du quartier qui faisait partie de ce groupe de tueurs.
C’est lui qui m’a reconnu. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Puisque je ne le vois plus au quartier ici». Explique ce soldat qui vit dans le secteur de Yopougon Sideci. Et ce n’est pas tout puisque la liste continue de s’allonger. A Abobo non loin de la mairie, le garde du corps de Ahoua Stallone est tombé dans une embuscade. Son corps a été retrouvé par la suite presque sans tête. Deux autres agents des Fds ont été pris à cette même gare d’Abobo dans un gbaka, alors qu’ils se rendaient à leurs domiciles situés dans cette commune.
Ils ont tous connu le même sort : égorgés comme des moutons par les mêmes terroristes de Ouattara. Un agent de la présidence est aussi passé de vie à trépas dans la même commune. Il est tombé dans une embuscade sur la voie de Plateau Dokui. Il a été retrouvé égorgé. Son crime, c’est d’être un agent de la présidence. Donc un homme de Gbagbo. La liste de ces actes de terrorisme est longue. Très longue.
Ouattara qui vit dans une illusion purement criminelle, ne réfléchit plus comme un homme plein de bon sens. Il veut le pouvoir par tous les moyens. C’est pourquoi, tout un fleuve de sang des Ivoiriens jalonne tout son parcours politique. Il s’est donné le rêve fou de tuer tous ceux qui ne pensent pas comme lui pour s’installer au Palais. Et comme c’est impossible, il est clair qu’il ne deviendra jamais président de la Côte d’Ivoire. Car aucun simulacre ne pourra effacer le sang des Ivoiriens qu’il fait couler.
Konan (Abidjan)
By: patriote123
Libération et Indépendance africaine, le cas de la Côte d’Ivoire par B. Doza, intéllectuel africain de la diaspora
Bernard Doza : ‘‘Les Fds doivent aider les Ivoiriens à libérer le pays’’ In Le Nouveau Courrier N°238 du 29 Mars 2011 par Anderson Diédri
Bernard Doza, journaliste et analyste politique franco-ivoirien, séjourne en Côte d’Ivoire pour, dit-il, être un acteur actif du combat contre l’impérialisme français.
Vous arrivez en Côte d’Ivoire au moment où ce pays est empêtré dans une crise sans précédent, qu’est-ce que vous en pensez ?
L’impérialisme français n’a pas renoncé en vérité depuis les années 1960 à la mainmise sur l’Afrique francophone et aujourd’hui la démonstration de force que nous voyons en Côte d’Ivoire est principalement due au fait que le président Laurent Gbagbo qui a pris le pouvoir en 2000, par les actes posés, a fait comprendre à la France qu’il n’est pas son candidat idéal à la succession de Félix Houphouët-Boigny au lendemain de la chute de Henri Konan Bédié. Ce qui arrive aujourd’hui à Gbagbo, c’est ce qui est arrivé à Patrice Lumumba, c’est ce qui a favorisé l’assassinat de Thomas Sankara en 1987. Aujourd’hui, malgré l’ouverture démocratique, on se rend compte que lorsqu’un chef d’Etat africain veut prendre en compte les opinions de son pays, immédiatement une machine invisible se met en place depuis l’Elysée pour anéantir ce chef d’Etat à travers l’organisation non seulement de l’insurrection spontanée mais aussi de l’organisation de coups d’Etat militaires. C’est dans ce schéma que nous sommes en Côte d’Ivoire.
Est-ce à dire que la France ne voudrait pas que le président Laurent Gbagbo travaille selon les orientations de son peuple ?
Absolument. La Côte d’Ivoire est, tel que nous l’avons connu sous le parti unique, le résultat du pacte qu’elle avait signé avec Houphouët-Boigny en juin 1950. A cette époque-là, Houphouët-Boigny, qui était président du Syndicat agricole africain et du Pdci-Rda, avait commencé à mobiliser le peuple ivoirien contre les intérêts français. En juin 1950, c’est un homme acculé, encerclé par l’armée française à Yamoussoukro qui va donc aplanir, négocier avec l’Etat français avec qui il signe un accord pour devenir en réalité le Sous-préfet local de ses intérêts en Côte d’Ivoire. Depuis cette époque jusqu’à aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a vécu dans un semblant de paix. Mais en réalité, depuis l’accord entre Houphouët et François Mitterrand, la Côte d’Ivoire était devenue la carte postale des intérêts français en Afrique francophone. C’est pour cela que tous les coups d’Etat en Afrique noire passaient par Félix Houphouët-Boigny. Que ce soit la déstabilisation du Nigéria, le coup d’Etat militaire dans les années 1960 contre le Mali, la déstabilisation de la Guinée de Sékou Touré. C’est d’Abidjan que le réseau Foccard, fonctionnant, partait pour faire des opérations dans ces pays africains.
Pourquoi la France ne négocie pas avec les nouveaux dirigeants ivoiriens ?
La France ne négocie pas avec un président africain. La France lui dit : «On va assurer vos intérêts, on va assurer les intérêts de vos familles, on assure les intérêts de vos amis. Ce qu’on vous demande en retour, c’est de gérer les intérêts de la France qui ne vous appartiennent pas.» Parce que la Côte d’Ivoire, selon elle, c’est une création de l’Etat français. Il faut aller très loin pour comprendre la démarche de l’Etat français. Avant la colonisation officielle, la France a envoyé des explorateurs en Afrique. Ces explorateurs ont signé des engagements avec les chefs coutumiers qui ne savaient pas lire et écrire et qui ont signé en faisant des croix sur les bouts de papiers que les explorateurs ont apportés à l’Etat français comme étant des signatures de rétrocession des terres de ces rois africains au profit de la France. Donc ce sont ces petites signatures que la France a exhibé à la conférence de Berlin. C’est à partir de ces petits papiers que la France a dessiné la carte de l’Afrique en tenant compte des royaumes où on leur a signé des papiers pour créer les Etats artificiels francophones que nous connaissons aujourd’hui. Donc la France, dans sa mémoire, se considère comme dépositaire légal des 14 pays africains francophones. Si un peuple qui est né sur un territoire qui «appartient à la France» veut une liberté, en ce moment-là, il faut se battre.
50 ans après les indépendances, les peuples cherchent à s’affirmer. Pensez-vous qu’une autonomie politique, sociale et économique est possible pour les pays africains francophone ?
Regardez les pays occidentaux, ceux qui ont perdu leurs colonies sont devenus des pays pauvres. Prenez le Portugal qui a perdu le Mozambique et l’Angola. Les Portugais viennent aujourd’hui à Paris pour faire le ménage dans les bureaux. Prenez l’Angleterre qui a colonisé les Indes et même l’Afrique du Sud. Les Anglais sont obligés de créer n’importe quel petit boulot pour que leur économie tienne la route. La France vit grâce aux quatorze pays africains francophones. Parce que pour ces pays, lorsqu’une matière première, avant d’être vendue en Côte d’Ivoire, part d’abord sur le marché français. Et c’est la France qui la vend pour nous sur le marché international. Quand on vend notre café – cacao à Amsterdam, l’argent atterrit dans le Trésor français. Le Trésor français, à son tour, retient 65%. Voici les raisons de l’appauvrissement de notre pays. Et la France considère que tout ce qui se passe sur le territoire ivoirien est une atteinte à son intérêt immédiat.
Voilà pourquoi elle nous a emmené la Force Licorne qui est une armée d’inspiration néo-coloniale : elle est là uniquement pour ça. Juppé dit que la force Licorne est là pour empêcher à Abidjan que les Ivoiriens s’en prennent aux Français. Mais ça, c’est un langage diplomatique. La réalité, c’est que la Force Licorne est venue en Côte d’Ivoire pour faire en sorte qu’un président qui peut défendre les intérêts de la France soit installé au pouvoir. Regardez ce qui se passe, c’est du jamais vu ! Les banques sont fermées, on empêche même aux émigrés ivoiriens de faire des mandats à leurs parents restés au pays. On veut asphyxier un pays pour des élections présidentielles, juste parce qu’il y a un homme qui est proclamé président, qui n’est pas le choix de la France. Ce qui aujourd’hui nous a amené, en tant qu’ancien militant résident à Paris, à reprendre l’appel au combat du discours néocolonial.
Est-ce que vous avez foi en ce combat là ?
Bien entendu ! Non seulement c’est parce que j’ai foi en ce combat que je suis venu sur le terrain, mais la colonisation anglaise et la colonisation française, sont deux conceptions différentes. Lorsque l’Angleterre dominait les Indes et que les Indiens se sont rebellés contre l’occupation anglaise, les Anglais sont partis. Ils n’ont pas cherché à dominer l’Inde à travers des Sous-préfets locaux ! Ce qui n’est pas le cas dans nos pays africains francophones. La France a eu à faire la guerre anti-coloniale, de décolonisation en Indochine. Elle a fait la guerre de décolonisation en Algérie. Pour éviter que l’Afrique noire ne se réveille, De Gaulle a convoqué à Paris tous ceux qui ont fait l’école Williams Ponty pour leur distribuer, comme des bonbons, des postes de président de la République. C’était une indépendance de pacotille.
Est-ce que vous pensez que le peuple ivoirien est outillé pour mener ce combat ?
Il n’y a aucun autre moyen que la volonté d’un peuple de dire non. En tant que journaliste, observateur, j’ai toujours dit à des proches à Paris que quand on m’a envoyé d’Abidjan la vidéo de la détermination de la jeunesse ivoirienne face aux militaires de Boka Yapi, je me suis dit qu’il a quelque chose qui se passe et qu’il y a quelque chose qui a échappé aux ethnologues à Paris et qui est train de se faire à Abidjan. J’ai vu dans la cassette qu’on m’a envoyé d’Abidjan, une jeunesse déterminée, qui était organisée, principalement venue de Yopougon. C’est quelque chose qu’on n’avait jamais vu en Afrique noire ! J’ai dit aux gens : «Faites attention, je pense que Gbagbo qui est d’abord idéologiquement formé dans le maoïsme a fait tous les petits villages ivoiriens comme Mao l’a fait en Chine. Dans chaque village, il prenait à témoin les populations. Il leur disait, nous sommes venus aujourd’hui pour vous sortir de la misère.» Cela a été complètement minimisé par les ethnologues, les analystes politiques. Aujourd’hui, on voit le résultat.
Quand Laurent Gbagbo lance un appel, on voit un peuple de 20 mille, 30 mille, 40 mille, 50 mille voire des millions de personnes qui sortent. Ce sont des gens qu’on ne peut pas facilement manipuler. Quels que soient les porte-avions qui vont venir de Paris, les gens sont prêts à mourir pour ne pas que la France, aujourd’hui à Abidjan, reprenne pied, comme à l’époque d’Houphouët-Boigny. Ça va faire peut-être 500 mille, 1million ou 2 millions de morts, mais il y aura des volontaires qui vont venir se mettre devant les chars de la France pour l’empêcher de gouverner la Côte d’Ivoire. Je sens cette détermination là.
Une guerre se fait avec des alliés, est-ce que la Côte d’Ivoire en a ? Vous parlez de l’Angola et de la Guinée-Bissau qui soutiennent la Côte d’Ivoire… La Russie au Conseil de sécurité…
La Russie, la Chine… L’impérialisme français a tout fait pour isoler la Côte d’Ivoire de Gbagbo. Il n’y a pas que l’Angola, la Guinée-Bissau, la Russie, qui donnent quelques voix parce qu’on vient d’avoir des contrats de pétrole. Mais si demain une guerre se déclarait, sur qui peut-on réellement compter ? La Côte d’Ivoire peut d’abord compter sur les patriotes. C’est une bonne chose que Blé Goudé ait appelé à ce que les patriotes entrent massivement dans l’armée. Un pays puissant commence d’abord par l’Armée pour défendre ses intérêts dans le pays et à l’extérieur. C’est ce que les Etats-Unis ont fait depuis 1888.
Donc un pays comme la Côte d’ Ivoire, ce n’est pas normal que notre défense dépende d’une armée étrangère dont la base est à Port-Bouët, ça c’est l’époque d’Houphouët Boigny. Au-delà donc de l’Armée ivoirienne, il faut compter sur des pays comme l’Angola qui ont fait 25 ans de libération contre d’abord le Portugal, ensuite contre l’enclave impérialiste qu’incarnait Savimbi et son mouvement. Aujourd’hui, si une guerre éclate en Côte d’Ivoire, il ne faut pas qu’on compte d’abord sur les Angolais, ensuite sur quelques militaires africains qui peuvent venir d’eux-mêmes prêter main forte à la Côte d’Ivoire. Il faut compter sur l’Armée ivoirienne elle-même qui doit diriger tous ceux qui viennent de l’extérieur. Ce qui est sûr, c’est d’abord une guerre contre l’impérialisme français menée par le peuple de Côte d’Ivoire seul. Parce qu’aujourd’hui, quand vous arrivez au Bénin, au Togo, au Mali, l’opinion africaine a tellement été traumatisée par les médias français que les gens ne parlent que de la question électorale. Gbagbo est perçu comme le mauvais perdant face à Alassane Ouattara qui a gagné les élections et qui ne peut pas accéder au pouvoir. On oublie que depuis l’an 2000, le Rhdp empêche Gbagbo de gouverner, et que la rébellion de 2002 n’a jamais été condamnée par une instance internationale.
En plus, quand il y a eu les élections de 2010, on avait encore les rebelles en armes au nord qui influençaient directement les élections. Personne ne veut entendre de cela, tout ce qu’on voit, c’est un Gbagbo qui a été battu par Alassane Ouattara et qui ne veut pas quitter le pouvoir. Voici le schéma que l’impérialisme a dessiné dans la tête de tous les Africains francophones en dehors d’Abidjan pour leur faire comprendre la légitimité d’une attaque frontale contre le régime d’Abidjan : voilà où nous en sommes.
Aujourd’hui, Alassane Dramane Ouattara est encore à l’hôtel du Golf, et la France lui crée une télévision pour contrebalancer la télévision ivoirienne.
Faites-vous entièrement confiance à l’armée ivoirienne, en ses capacités de libérer le pays ?
Ce que moi je reproche à cette armée aujourd’hui, c’est le terme républicain. Cette armée a oublié que nous sommes en guerre et que le pays est divisé en deux. On ne peut pas faire la démocratie contre ceux qui ne veulent pas la démocratie. Nous avons en face de nous des gens qui nient la démocratie. Je lance un appel aux Fds pour nous aider à libérer la Côte d’Ivoire de Ouattara et de ses sbires. Aujourd’hui on peut plus retirer l’argent à Abidjan, les banques sont fermées, les médicaments sont interdits. Jusqu’où ira Ouattara pour que le peuple ivoirien réagisse ?
By: patriote123
« RESOLUTION SARKOZY » CONTRE LA COTE D’IVOIRE UN POKER A HAUT RISQUE DE GENOCIDE ONUSIEN
Quand on pense aux conséquences douloureuses de la Résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Libye, on se rend compte, après coup, qu’elle était le fruit d’une arnaque. On s’est efforcé de ramollir les
MANIFESTATION MONSTRE A ABIDJAN EN FAVEUR DE LAURENT GBAGBO ET DE LA DEFENSE DU PAYS hésitations en la rendant la plus vaporeuse possible en jurant la main sur le cœur, que son souci ici était d’empêcher le massacre des populations civiles de Bengazi par le diabolique Kadhafi. En jouant bien sur les « cordes sensibles » de certains leaders
africains comme Jacob Zuma, Ali Bongo, Goodluck Jonathan, on a même obtenu cette perfidie de frères africains votant pour éliminer (au prix de pertes en vies humaines, de destructions infrastructurelles et de dégâts collatéraux lourds) un autre frère africain alors que Chinois, Russes, Brésiliens, Indiens et Allemands, pour le moins s’abstenaient, sentant le coup fourré. Ils n’ont pas eu tort. Une semaine après, les vraies motivations de cette résolution remontent en surface et l’insurrection apparaît de plus en plus comme un prétexte et non comme une dynamique populaire s’originant de la révolte spontanée d’un peuple pour se libérer par son seul courage, de la férule d’un dictateur.
Nicolas Sarkozy veut se donner toutes les chances. C’est pour cela qu’il enfourche le cheval de la cohérence de la politique d’ingérence aux fins humanitaires et démocratiques et qu’il veut déposer au Conseil de sécurité, un projet de Résolution type 1973 sur la Côte d’Ivoire.
Le malin se dit qu’il faut prendre appui sur ce qu’il croit être le bon effet libyen et régler son compte, dans la foulée, à Laurent Gbagbo. Mais attention ! Si la Libye est un morceau difficile à cause des pétrodollars de Kadhafi, de son armement, la Côte d’Ivoire n’est pas non plus un maillon faible. Ce pays n’est pas dépourvu d’atouts, de capacités de résistance. Il a, plus que la Libye, un peuple aguerri, conscientisé et qui a déjà montré plusieurs fois qu’il est prêt au sacrifice suprême pour défendre son pays. Après tout, c’est depuis 2000 qu’il lutte contre ce complot international qui veut lui imposer d’autres volontés que la sienne.
En plus, on ne le dira jamais assez, avec Laurent Gbagbo, il y a eu pour la Côte d’Ivoire, la conquête des libertés publiques et démocratiques, un pluralisme de presse quasiment sans pareil et marqué par la dépénalisation des délits de presse, des instruments électoraux introuvables même dans les démocraties de référence. Sans compter cette offre permanente de Laurent Gbagbo de recourir aux voies de droit et au dialogue pour résoudre la crise postélectorale, s’offrant même de quitter le pouvoir si un recomptage des voix lui était défavorable !
La conséquence, c’est qu’en voulant pousser l’ONUCI à entrer en guerre ouverte contre le régime légal, on risque de déboucher non seulement sur une injustice mais aussi sur une hécatombe historiques parce que les Patriotes, comme ils l’ont fait vis-à-vis des troupes françaises, n’auront pas peur d’affronter l’ONUCI les mains nues.
Toute personne instruite de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire ne peut plaider pour une résolution qui aurait pour objectif d’amener la confrontation entre l’ONUCI et le régime légal en place. Il faut faire appel à ceux qui croient en Dieu, au Droit, aux mannes des ancêtres, à la raison, pour arrêter ce génocide programmé d’un peuple qui d’ores et déjà se met en paix avec lui-même pour faire face au pire.
Il ne faut pas s’y tromper : la guerre, l’holocauste sont en marche. Elles se lisent dans les recettes, quoiqu’éculées mais toujours efficaces, de cette instrumentalisations des médias, des ONG, de la Commission des droits de l’Homme des Nations Unies, de la Cour pénale internationale… La boucherie à venir se voit dans l’acharnement avec lequel on veut opposer les confessions religieuses. La stratégie ici, c’est par l’écrit, le son, l’image… , d’emmagasiner des « preuves » pour circonvenir l’opinion, obtenir sa révolte afin que le Conseil de sécurité de l’ONU décide d’en finir avec le monstre Gbagbo qui, pour en avoir trop fait, risque tels Caligula ou Néron, d’entraîner son peuple dans un drame total.
Il faut le dire avec force : l’impunité contre laquelle la communauté internationale est censée lutter a souffert d’une trahison au Rwanda ; il ne faut pas permettre sa réédition en Côte d’Ivoire. Il faudrait que dès maintenant, des pays comme la Chine, le Brésil, la Russie… au vu de l’expérience libyenne qui leur a donné raison, sachent cette fois-ci dire à Sarkozy qu’après toutes ces destructions en terre libyenne, ils n’en permettront pas la réédition en terre éburnéenne. Un confrère ivoirien le demande indirectement en ces termes : « Pendant que les chefs rebelles… sont traités comme des enfants de cœur, l`élu du peuple, Laurent Gbagbo, subit toutes sortes de pressions et d`embargos. On se demande si Sarkozy n`a pas perdu la raison. Sa même folie s`est déchaînée sur la Libye. Dans ce pays, le président français a eu le courage de reconnaître une rébellion au point qu`il lui donne son accord d`ouvrir une ambassade dans son fief de Benghazi alors qu`elle n`a même pas évincé le guide libyen Kadhafi. A peine celui-ci s`organise-t-il pour mater la rébellion que la France court à l`ONU pour faire la guerre à la place des rebelles. On se croirait dans le monde des animaux où la raison n`a pas droit de cité ». (in Notre Voie du 25/03/2011). Mais ce qu’il ne rappelle pas, c’est que c’était déjà comme cela en 2002 quand on adoubait la rébellion ivoirienne.
Qu’importe que le numéro Un français embarque encore une fois Barack Obama, qu’en ce qui concerne ces pays, le quintet de l’abstention ose se dépouiller de sa neutralité cette fois-ci pour dire haut et fort de laisser aux Africains le soin de régler leur différend par le dialogue et par le Droit. Que de partout, les Africains, par tous moyens, expriment leur solidarité active aux Ivoiriens en peine et en attente de solution finale. En effet, là-bas, des enfants, des femmes, des hommes, des personnes âgées, qui se préparent à mourir, le leur demandent !
San Finna
Les actions de Mamadou Koulibaly pour dénouer la crise
Dans notre parution du samedi 26 mars dernier, nous rappelions dans un article intitulé « Résolution de la crise ivoirienne: Et si Mamadou Koulibaly avait raison », l`appel au dialogue lancé par le président de l`Assemblée nationale aux deux camps rivaux. Intervenant sur la radio catholique « Espoir » de Port-Bouët, dans le mois de décembre 2010, le professeur Mamadou Koulibaly avait en effet invité Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui se disputent le pouvoir, à s`asseoir autour d`une même table, à se parler franchement afin de régler leur différend. Cette négociation entre parties ivoiriennes devrait, de l`avis du président du Parlement ivoirien, permettre de faire l`économie des morts, des blessés, des déplacés de guerre et des dégâts matériels déplorés depuis le début de la crise née des élections. Ce qu`il a lui-même appelé « l`intermède douloureux » inhérent aux conflits post-électoraux en Afrique. L`intervention publique du professeur Koulibaly, sur les ondes de cette radio de proximité, résulte en réalité d`une longue médiation menée dans l`ombre, loin des cameras, pour tenter de rapprocher les deux leaders. Une sorte de cri du coeur que Mamadou Koulibaly poussait ainsi au grand jour, après avoir déployé de gros efforts au cours de ces missions de paix qui l`ont conduit chez plusieurs personnalités du pays et auprès des chancelleries diplomatiques présentes en Côte d`Ivoire. Selon des sources bien introduites en effet, percevant le danger qui pointait à l`horizon à la suite de la contestation électorale, M. Koulibaly s`est investi de cette mission de pacificateur pour tenter d`obtenir des deux parties, une sortie de crise par la négociation. Le président de l`Assemblée nationale, souligne notre source, a eu plusieurs audiences dans la première quinzaine du mois de décembre 2010, avant la marche étouffée du Rhdp le 16 décembre. Il a rencontré dans cet élan, le représentant spécial du secrétaire général de l`Onu en Côte d`Ivoire, Young J. Choi, qui avait certifié les résultats de la Commission électorale indépendante (Cei) déclarant Alassane Ouattara, président élu du scrutin du 28 novembre 2010. Outre le patron de l`Onuci, Mamadou Koulibaly se serait entretenu également avec les ambassadeurs de France, de Belgique, des USA, d`Espagne et de bien d`autres pays, pour requérir leur forte implication et faciliter le tête-à-tête Gbagbo-Ouattara. Le président de l`Assemblée nationale a aussi parlé avec des responsables des différentes armées présentes sur le sol ivoirien, notamment les Forces de défense et de sécurité (Fds), les Forces armées des Forces nouvelles (Fafn), l`Onuci et la force Licorne, pour leur faire comprendre la nécessité d`aboutir à la paix. L`objectif recherché par le président Koulibaly était d`amener ces forces militaires à éviter l`affrontement. Les chefs religieux, les leaders d`Ong influentes ont été sollicités pour ce lobbying de haut niveau pour la paix. Le clou de ce travail de l`ombre, ce sont, souligne notre source, les discussions franches que M. Koulibaly a eues avec les deux camps au conflit. D`abord avec leurs lieutenants, puis avec les leaders eux-mêmes.
Qu`est-ce qui n`a pas marché ?
Le président de l`Assemblée nationale est allé proposer son idée à Laurent Gbagbo, l`actuel locataire du palais présidentiel d`Abidjan, qui est du même bord politique que lui. Le président Gbagbo se serait dit favorable à un dialogue inter-ivoirien, fidèle à sa formule « asseyons-nous et discutons ». Mais certains caciques du parti au pouvoir y auraient vu un signe de faiblesse et se seraient montrés très hostiles à l`idée de M. Koulibaly. Ces derniers estimaient que le champion de La majorité présidentielle (Lmp) est le vainqueur des élections, déclaré comme tel par le Conseil constitutionnel, et que la nécessité d`une négociation avec le camp Ouattara ne se posait plus. Pis, notaient-ils, les négociations du passé, avec les Forces nouvelles et les partis politiques d`opposition, qui ont abouti à un partage du pouvoir, n`ont pas permis à la Côte d`Ivoire d`avoir la paix pendant 10 ans. Donc pas question de continuer avec un tel schéma. Après des débats houleux, nous a-t-on rapporté, Mamadou Koulibaly aurait finalement obtenu l`adhésion de ses camarades de parti à l`idée de la négociation avec le camp adverse. Le président de l`Assemblée nationale ne s`est pas arrêté là. Il aurait mené les mêmes démarches auprès de Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale. Mamadou Koulibaly a franchi les portes du Golf hôtel pour proposer la négociation à M. Ouattara et ses partisans. « On verra bien, mais dites à Laurent que j`ai gagné les élections », aurait répondu Alassane Ouattara. Et Mamadou Koulibaly de lui dire que l`urgence pour lui, c`est de donner une chance à la discussion, et une fois autour de la table, tout peut être possible. La belle initiative du président de l`Assemblée nationale, bien que louée par les deux camps en conflit, reste cependant encore une vue de l`esprit. « Le maillon qui consiste à nous entretuer, nous ne sommes pas obligés de passer par là. On peut sauter l`intermède qui consiste à passer par les tueries et arriver directement à une entente, à une cohabitation… », interpelait-il toute la classe politique. Qu`est-ce qui n`a pas marché pour que cet appel de Koulibaly Mamadou n`ait pas été entendu ? A-t-on besoin de compter les morts encore longtemps pour s`asseoir et discuter entre frères ivoiriens ? Qui a intérêt à voir les Ivoiriens mourir ? Le président de l’Assemblée nationale aura joué sa partition pour éviter d’en arriver à l’irréparable.
Hamadou ZIAO
L’Inter