(AFP) – Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi à Abidjan pour réclamer que l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo soit jugé par la Cour pénale internationale (CPI), exprimant leur « colère » que la Cour ait ajourné sa décision sur un éventuel procès. A l’initiative d’Alphonse Soro, un député du parti présidentiel, ces manifestants se sont rassemblés au nom des « victimes » devant le palais de justice de la capitale économique ivoirienne. Certains portaient des T-shirts barrés des mots « procès Gbagbo = paix durable », tandis que d’autres brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: « CPI, responsable du retour du +KO+ en Côte d’Ivoire? » La CPI a annoncé début juin que les juges en charge du dossier avaient besoin d’informations ou d’éléments de preuve supplémentaires de la part du procureur avant de décider de mener un éventuel procès contre M. Gbagbo pour des crimes commis durant la crise meurtrière de 2010-2011.
« Les victimes estiment qu’on ne peut aujourd’hui, à ce stade, nous demander de fournir des preuves supplémentaires », a déclaré à l’AFP M. Soro, dénonçant le « très mauvais message de la CPI ».
« Nous disons attention à la CPI, il faut éviter de replonger la Côte d’Ivoire dans une nouvelle crise », a-t-il affirmé, estimant qu' »il faut organiser un procès contre Laurent Gbagbo qui doit aboutir à sa condamnation ».
Détenu à La Haye depuis fin 2011, Laurent Gbagbo est soupçonné d’être « co-auteur indirect » de quatre chefs de crimes contre l’humanité commis durant la crise postélectorale de 2010-2011, qui a fait environ 3.000 morts.
De son côté, le parti de l’ancien chef de l’Etat, le Front populaire ivoirien (FPI), a appelé la CPI à prononcer sa « relaxe pure et simple », estimant que l’accusation a échoué à apporter des preuves de sa culpabilité.
La CPI « fait son travail en toute liberté », a commenté le président ivoirien Alassane Ouattara après la récente décision de la Cour.