L’article de Prao Yao Séraphin, « sortons des combats historique pour écrire notre histoire », soulève la question de l’enjeu en devenir du continent africain. Comment vaincre, en face, un « monde puissant et organisé […]. » Telle est la matière à réflexion de son texte. Par détour, un demi-siècle plutôt, nous embarquons dans l’Aventure ambiguë en route vers l’écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane. L’un des passagers de la barque, le personnage de la Grande Royale, face au peuple Diallobé vaincu à l’aune des canons, ne cessera de répéter, il faut « mourir en nos enfants » afin qu’ils apprennent à lier « le bois au bois » et que « les étrangers qui nous ont défaits prennent en eux toute la place que nous aurons laissée libre » (CHK, AA, 57). Cette place libre dont parle la Grande Royale, comblée aujourd’hui au stylo et tenue par une génération constituée d’un nombre important d’intellectuels et de politiques, n’arrive pas à rayer de la face du continent la récurrente question de l’émancipation de l’Africain. Cette incapacité de l’élite, à voir aussi l’état de santé du continent africain qui s’inscrit d’actualité à nos yeux, est inquiétante. L’horreur de Lampedusa en est l’expression du désarroi. Ainsi, comprenons-nous aisément Prao Yao Séraphin dans son essai, à proposer « une autre voie aux Africains dans leur lutte pour la liberté et la dignité. » Il préconise alors que l’Africain « abandonne les combats historiques et qu’ensuite chaque génération écrive l’histoire de son combat pour la liberté de son peuple. » Pour cela, les Africains doivent tourner leurs regards vers ce qui se passe en Birmanie, écrit t-il. Et, de poursuivre; la voie empruntée par la militante des Droits de l’Homme Aung San Suu Kyi dans ce pays instruirait, en ce sens que pour « gagner la bataille » de l’émancipation il faudrait s’assurer « le support des militaires. »
C’est ici que le texte s’épuise. Il est à bout de souffle. L’auteur nous épargne aussi de sa méthodologie d’approche pour une collaboration étroite avec les militaires. Nous ne nous voyons pas assez dans cette démarche. Elle est séditieuse. À chaque pays, sa spécificité. Ensuite, le texte fleurit de proverbes et métaphores que nous nous croirions dans un alignement de phraséologies sur des questions essentielles. Certes, nous n’ignorons pas la sagesse contenu dans nos dictons. Cependant, sommes-nous, à l’épreuve contemporaine de l’histoire politique de l’Afrique, convaincu, la sagesse joue moins que les intérêts de cartels grossiers qui se font aux détriment des plus démunis. C’est alors qu’une nouvelle attitude de penser s’impose à la réflexion. Elle appelle au changement. OUI! Abandonnons le régime présidentiel pour inscrire le parlementarisme au fronton du débat. Car, à l’analyse des luttes successives en Côte d’Ivoire, l’éléphant pisté dans sa fonction aisée de « fauteuil présidentiel » est l’enjeu, aussi la cause de l’état de délabrement de la société ivoirienne. Avec le régime parlementaire, la balance se penchera désormais vers les députés, agents politiques de proximité. Ceux-ci élisent un chef de gouvernement sorti au parlement par une majorité relative. Le chef de gouvernement dirige la politique du gouvernement. Le Président de la République est proposé par les différents partis constitué au parlement. Il est élu après consensus. Ce modèle a l’avantage de faire de la fonction de président qui empoisonne toute une vie politique depuis des décennies qu’une question de Représentation. Non à l’approche militaire.
Dr. Phil. Okou Zéphyrin Dagou