Les ivoiriens vivant en Centrafrique sont aujourd’hui dans l’angoisse totale face à la
dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Coincés et pris au piège dans
un conflit dont la violence oblige actuellement nombre de pays Africains à
évacuer leurs ressortissants, les ivoiriens sont à l’heure où nous écrivons ces
lignes livrés à eux-mêmes à Bangui…
« S’il vous
plaît, c’est peut-être la dernière fois que je parle avec vous au téléphone. Informez
l’ambassade de Côte d’Ivoire en France qu’il y a des ivoiriens qui sont coincés
ici à Bangui… » Voilà la teneur de l’appel pressant que nous avons reçu
de M. Sylvestre Blé avec lequel nous étions en conversation téléphonique il ya
quelques heures à Bangui. Notre compatriote qui réside en Centrafrique depuis
quelques années avec plusieurs membres de sa famille et selon lui, au sein d’une
communauté d’une centaine d’ivoiriens, affirme que la situation est devenue
intenable dans la capitale Centrafricaine. Plus aucun endroit de la capitale n’est
désormais sûr avec la multiplicité des attaques des miliciens contre les
civils: « On ne sait plus qui tire sur qui ? Mais ça tire et on ne peut plus sortir des
maisons…» Précise M. Blé.
Face à la détérioration de la situation sur le terrain, plusieurs capitales africaines ont entrepris d’évacuer en urgence leurs
ressortissants. C’est le cas du Cameroun et du Tchad. Malheureusement, les
ivoiriens dont le pays n’a aucune représentation diplomatique dans le pays sont
totalement piégés dans le pays et sans secours. Débordée et isolée, l’armée
française n’est plus semble t-il en mesure d’assurer la sécurité de tous. Et les
images de la capitale sur les chaînes de télé françaises sont d’ailleurs très
effrayantes. Des centaines de blessés par balles et armes blanches soignés dans
des hôpitaux de fortune sous des bâches autour du seul camp de soldats français
dépassés par la teneur très violente des événements. Outre les conséquences
collatérales des combats, plusieurs autres facteurs menacent les ivoiriens.
Notamment les épidémies. Et ce, face à la prolifération des cadavres à tous les
endroits de la capitale mais surtout à la famine. « Ça va faire plus de dix jours que
nous ne sommes pas sortis de la maison. Nous n’avons plus rien à manger…» Pleure aussi M. Blé. Le
gouvernement ivoirien va-t-il réagir à temps pour sauver ses compatriotes?
Face à l’ampleur de ce drame humanitaire, le président Ouattara est personnellement
sollicité pour porter secours à ces ivoiriens qu’aucune ambassade africaine ne
veut protéger à Bangui.
Augustin Djédjé – djedjenet64@yahoo.fr