Qui suis-je, me demandes-tu?
Eh bien ! Je vais te le dire
Sans fioriture ni faux-fuyant.
Je suis moi
Je ne suis rien
Moins que rien
Je compte pour rien.
Mortel parmi les mortels
Je suis poussière
Et à la poussière
Je retournerai.
Mon nom est Pauvreté
Mon prénom Liberté
Je les porte fièrement
Ce sont des identités précieuses
Et non des abominations.
J’ai servi joyeux, la nation
Avec honneur et dévouement
Je n’ai amassé ni ores
Ni gros cylindrés luxueux.
Ma table n’a connu
Ni caviar ni vin rare
Je savoure avec délectation
La banane et le manioc
Le riz, le mil et le fonio
Mets bien de chez moi.
Je me contente du peu.
Je ne suis lourd de rien
Je marche avec assurance
La tête haute sans évasion.
Ma danse est légère et douce
Mon allant dynamique.
Tu as ton kalach pour trucider
Ton poison pour anéantir
Ton pouvoir pour rabaisser
Ton argent pour séduire.
Mais moi, j’ai pour seule fortune
Ma voix gracieuse et pure
La voix pour dire la vérité
La voix des sans-voix
La voix pour donner vie.
J’ai pour seule et unique arme,
Arme plus tranchante que l’épée
Une plume alerte et ferme
Une plume pour témoigner
Une plume pour dénoncer
Une plume pour justifier
Une plume pour exhorter.
Je suis du pays profond
Au service de ma patrie
Je défends sa cause.
Je lutte sans chanceler
Pour son indépendance vraie
Pour sa souveraineté non cessible.
Je milite pour le respect des droits
Pour la liberté et la dignité
Pour faire droit au faible
Pour soulager l’affamé
Pour apaiser le cœur meurtri
Pour redresser les torts.
Ma vie est toute d’actions
L’action réparatrice
L’action libératrice
L’action ré-créatrice.
Voilà donc qui je suis
Un homme porté vers l’Autre.
J’existe pour élever
Et non pour humilier
Pour soutenir
Et non pour asservir
Pour ennoblir
Et non pour exploiter
Pour aider à résister
Et non pour écraser
Pour promouvoir
Et non pour aliéner.
Je suis un citoyen libre,
Qui refuse l’asservissement
Qui refuse le musèlement
Qui refuse l’abêtissement.
Je n’envie personne
Je ne jalouse personne
Je ne m’éprends pas des artifices
Je m’éloigne des vanités.
Mais j’aime le vrai
J’aime le beau
J’aime l’harmonie
J’aime l’amour
J’aime la vie.
Cela me réjouit le cœur
Et mon âme s’en félicite
Je fais ce qui glorifie
Ce qui est agréable et pur
Aux yeux de mon peuple
Aux regards de mon Dieu.
Je me bats pour le juste combat.
Lazare KOFFI KOFFI
Ex-ministre