Les politiques économiques dans certains pays d’Afrique noire sont marquées aujourd’hui plus que par le passé par la soumission servile au capital extérieur comme un moyen de recherche de croissance économique rapide et la voie la mieux indiquée du développement.
Leurs meneurs qualifient bonnement cette approche d’« ouverture » économique. Et ils ne croient pas si bien dire en qualifiant cette logique d’ouverture tant la permissivité qui la caractérise laisse de marbre les plus fondamentalistes des libéraux. Le marché de l’eau est ouvert, le marché de l’électricité est ouvert, etc. Ces secteurs qui sous d’autres cieux sont considérés comme des poumons économiques vitaux et continuent de relever de ce fait, de la compétence des pouvoirs publics sont placés dans les mains de sociétés étrangères en Afrique noire. L’Etat se contentant de jouer les releveurs de compteurs et dans le meilleur des cas, les percepteurs de patentes pour payer de maigres salaires aux fonctionnaires.
Ce fonctionnement économique conduit inexorablement bon nombre de ces états africains à une situation d’endettement exorbitant sur fonds de misère sociale et d’exode massif d’une jeunesse de plus en plus privée d’horizon. La situation de la Côte d’Ivoire est si symptomatique qu’elle mérite débat. Un débat qui malheureusement se trouve éclipsé par la tragique situation politique que connaît le pays.
La situation actuelle de la Côte d’Ivoire se caractérise par une configuration de type extraverti de sa structure économique. Ce qui, franchement, n’est pas une nouveauté mais qui mérite un arrêt sur image. Cette logique trouve ses racines au plan théorique dans une logique qui a connu son apogée, il y a bien de décennies. C’était au moment où dans le prolongement de ses croisades civilisatrices, l’Europe en mal d’industrialisation écumait le monde à la recherche de matières premières.
Elle fût baptisée : Théorie des dotations factorielles. Cette théorie a été à l’origine du façonnement de la division internationale actuelle du travail et conditionne largement encore l’orientation économique des pays comme la Côte d’Ivoire.
Au plan de la modélisation, les jalons de cette théorie ont été posés par Adam Smith à travers le principe de l’avantage absolu, puis par David Ricardo avec le principe de l’avantage relatif puis enfin prolongé par Heckcher, Ohlin et Samuelson à travers le théorème dit de HOS. Le tout couronné par les travaux justificateurs de John Stuart Mill et de Samuelson, le pape d’un monétarisme ravageur dont le fond monétaire a fait son catéchisme.
Nous nous proposons dans une contribution dépouillée de verbalisme ésotérique faussement savant et des fioritures économétriques de mettre en évidence les dangers de cette voie et souligner en quoi il est nécessaire de mettre « pédale douce ».
Dr. Dadié Attébi, Economiste