Dans une déclaration publique parue dans la presse le lundi 11 août 2014, Monsieur Koné Katinan, « porte-parole » du Président Laurent Gbagbo, s’est cru obligé de faire une adresse aux militants du FPI et à l’opinion nationale, appelant à une mobilisation contre le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, qu’il accuse, notamment:
– De « contrarier les intérêts politiques du président Laurent Gbagbo en ce que « ses actes » impactent négativement son sort ;
– De porter atteinte, par ses options politiques, au « leadership » du Président Laurent Gbagbo au sein du FPI ;
– De contribuer à légitimer le pouvoir ivoirien et « l’action illégale » de la France dans la crise ivoirienne. Monsieur Koné Katinan dit qu’il agit en vertu d’un « mandat » qui fait de lui « les yeux, les pieds, les bras, les oreilles et surtout la bouche du président Laurent Gbagbo » et lui impose le « devoir » universel de « défendre en tout lieu et en toute circonstance » ses intérêts politiques « sans faiblesse ». Cette sortie, pour le moins fracassante, appelle quelques remarques sur le « mandat » du porte-parole, la défense des « intérêts » du Président Laurent Gbagbo et les responsabilités historiques du FPI et de son Président face à la crise ivoirienne et au sort du Président Laurent Gbagbo.
1- Du mandat de porte-parole Il est bon de rappeler qu’un porte-parole porte exclusivement la parole de son mandant, sans faire transparaître publiquement ses émotions personnelles ; au risque de confondre sa propre personne avec la personnalité dont il porte la parole. En l’occurrence, le Président Laurent Gbagbo n’a donné et ne peut donner à personne un quelconque mandat de censeur public du parti politique dont il est le fondateur.
Au demeurant, Monsieur Koné Katinan n’est pas le premier à exercer les fonctions de porte-parole du Président Laurent Gbagbo. Avant lui, Gervais Coulibaly a eu à exercer cette responsabilité. Le Président Affi N’Guessan lui-même a été porte-parole du candidat Laurent Gbagbo à deux reprises, en 2000 et en 2010.
A aucun moment ces personnalités n’ont eu la prétention de se substituer au Président Laurent Gbagbo qui, dans la situation où il se trouve aujourd’hui, s’il devait donner un mandat, celui-ci devrait avoir pour objectif de fédérer toutes les énergies et d’engager les actions appropriées pour obtenir sa libération.
Au lieu de cela, M. Koné Katinan n’a eu de cesse, dans le cadre dudit mandat, de provoquer et d’entretenir la division, la polémique et l’hostilité à l’égard de tous ceux et de tout ce qui pourraient contribuer à la libération du président Laurent Gbagbo : qu’il s’agisse des mouvements et associations de soutien en Europe comme en Afrique, de la direction intérimaire du FPI, de la coordination des militants du FPI en exil et, aujourd’hui, de la direction du FPI. Résultat, après trois ans d’exercice de ce mandat, la situation judiciaire du président Laurent Gbagbo ne s’est guère améliorée ; elle s’est même aggravée avec la confirmation des charges, le 12 juin 2014. Ce bilan devrait amener M. Koné Katinan à plus de modestie dans la compréhension de la défense des intérêts du Président Laurent Gbagbo et à plus de retenue à l’égard de tous ceux dont le concours est nécessaire à sa libération.
2- De la défense des intérêts du Président Laurent Gbagbo La question de la libération du président Laurent Gbagbo préoccupe au plus haut point le président du FPI, l’ensemble des militants du parti, la Côte d’Ivoire entière et tous ses amis à travers le monde. Mais la question est :
Comment y parvenir ? Certains, comme Koné Katinan se contentent d’invectives et d’intrigues en s’érigeant en donneurs de leçons là où il faut proposer les meilleurs stratégies pour être efficace dans le traitement de ce dossier du Président Laurent Gbagbo qui relève davantage du politique que du droit. On constate malheureusement que ce sont les initiatives, les attitudes et les déclarations irresponsables comme celles de Koné Katinan qui sont régulièrement retenues par le procureur de la CPI et utilisées par les juges de cette cour pour rejeter les demandes de mise en liberté provisoire du président Laurent Gbagbo. Ceux-ci évoquent toujours des menaces que feraient peser certains partisans du président Laurent Gbagbo, qualifiés d’extrémistes, sur la paix en Côte d’Ivoire et sur le processus de réconciliation nationale, pour justifier son maintien en détention, comme l’atteste le document du bureau du procureur de la CPI N° ICC-02/11-01/11-624 du 26 février 2014 que chacun peut consulter sur le site de la CPI. Or il s’agit, pour tous ceux qui œuvrent réellement pour la libération du Président Laurent Gbagbo, de soutenir sa défense face au conseil des victimes et au procureur de la CPI et de créer un environnement propice à cette libération.
3 – De l’attitude du FPI et de son Président face au dossier du Président Gbagbo. N’oublions pas, dans le dossier du Président Laurent Gbagbo, que son arrestation et sa déportation se sont faites avec le soutien et la caution de la communauté internationale et que la CPI est une juridiction internationale qui émane de l’Onu. De ce fait, le nœud du dossier se trouve au niveau international et diplomatique. Conscient de cette réalité, la direction intérimaire du FPI avait déjà engagé, en temps, une offensive diplomatique qui l’a conduite en France, en Suède, en Italie, au Sénégal et auprès de toutes les chancelleries présentes en Côte d’Ivoire. En France, la délégation du FPI a été reçue au Quai d’Orsay (Siège du Ministère français des affaires étrangères) et à l’Elysée (Le Palais présidentiel français).
C’est donc en connaissance de cause que le Président Pascal Affi N’Guessan a inscrit son action dans le prolongement de celle de la direction intérimaire et qu’il a fait le choix, en toute responsabilité au plan national, de bâtir son approche sur un principe fondateur du FPI, « la transition pacifique à la démocratie » résumée dans une formule du président Laurent Gbagbo désormais célèbre : « Asseyons-nous et discutons ». C’est au nom de ce principe que dès sa sortie de prison, le 6 août 2014, ayant pris la mesure de la situation du terrain, des forces en présence et de la dimension internationale du dossier, il s’est donné pour mission de mobiliser les militants du parti et d’engager le dialogue et la négociation avec les autorités en place.
Cette approche est en parfaite cohérence avec la stratégie développée par Me Emmanuel Altit, avocat du président Laurent Gbagbo. Dans ses différentes plaidoiries et particulièrement celles du 26 février 2014 sous le numéro ICC-02/11-01/11 et du 27 juin 2014 N° ICC-02/11-01/11, Me Altit s’appuie essentiellement sur les résultats de l’action politique du FPI et de son président pour fonder les demandes de mise en liberté provisoire du président Laurent Gbagbo. Il cite explicitement les actions menées par le Président Affi et les résultats obtenus :
• Au plan national : – « le rôle central du FPI dans le processus politique actuel » ; – « la volonté partagée du FPI et du gouvernement ivoirien de surmonter leurs différends » ; – « les conséquences positives de l’action du FPI qui se traduisent par la libération d’opposants politiques, le retour de réfugiés et d’exilés, la réintégration, à la fonction publique, d’opposants politiques. • Au plan international, Il note également que : « non seulement le FPI est redevenu un acteur essentiel de la vie politique ivoirienne, mais encore ses responsables sont des interlocuteurs des représentants de la communauté internationales ». Nous avons donc d’un côté des actes, attitudes et propos qui sont retenus contre le Président Laurent Gbagbo par l’accusation et de l’autre une approche et des résultats politiques qui servent à sa défense. Il y a lieu, dans ces conditions, de se demander pour qui travaille réellement M. Justin Koné Katinan.
Nous voyons tous que ce n’est pas par des attitudes vaniteuses et des déclarations intempestives que nous pourrons défendre pertinemment les intérêts du Président Laurent Gbagbo et de tous les prisonniers politiques. C’est pourquoi, pour agir sur le nœud politique de cette affaire, le Président Affi privilégie la solution de l’action diplomatique et de la négociation politique, en combinant la question de la libération du Président Laurent Gbagbo avec la question de la réconciliation nationale. Cette dialectique paraît plus pertinente pour désamorcer les tensions autour de la question et désarmer les résistances. Car, c’est ensemble, dans la rigueur, la lucidité et en n’épargnant aucun effort, que nous y parviendrons. Nous en sommes convaincus
Fait à Abidjan 12 Août 2014
Franck Anderson Kouassi
Secrétaire National chargé de la Communication et du Marketing politique