« Alassane vend et rachète ». Les Ivoiriens se souviennent de ce titre qui avait fait la manchette de « Notre temps », hebdomadaire ivoirien des années 90. Révélation qui avait irrité Alassane Ouattara alors Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny. En son temps, il avait traduit les journalistes devant les tribunaux pour diffamation. N’acceptant pas qu’on l’accuse, avec des preuves palpables, d’avoir engagé la privatisation des entreprises d’Etat pour les racheter en se cachant derrière des sociétés-écrans. Mais comme les mauvaises habitudes ont la peau dure, M. Ouattara n’a pas changé d’attitude. 25 ans plus tard.
Au stade municipal d’Abengourou où il a animé son meeting de clôture, le samedi 19 septembre 2015, dans le cadre de sa visite d’Etat dans la région de l’Indénié-Djuablin, dans l’Est du pays, Alassane Ouattara, a reçu de nombreux présents parmi lesquels 50 tonnes de fèves de cacao de la part de ses hôtes. Pour remercier ses généreux donateurs, le chef de l’Etat n’a pas caché ses intentions d’en tirer le maximum de profit. « Savez-vous, dira-t-il, les 50 tonnes de cacao que j’ai eues, je vais les garder jusqu’au 1er octobre. Parce que le 1er octobre, je vais augmenter encore le prix au producteur de cacao. Car nous aurons une rencontre avec les producteurs, le 1er octobre, à Yamoussoukro et j’aurais l’occasion de vous dire les nouveaux prix pour le cacao. Et cela est important…», a-t-il déclaré sans hésiter.
Ceux qui pensaient qu’Alassane Ouattara ne franchirait pas le rubicon en se rendant à Yamoussoukro pour fixer un nouveau prix bord champ du kilogramme de cacao ont été confondus. Parce que le 1er octobre 2015, il s’est effectivement retrouvé devant les producteurs de la filière café-cacao, dans la capitale politique de Côte d’Ivoire, village natal de feu Félix Houphouët-Boigny. Et Ouattara n’a pas fait mentir ses détracteurs puisqu’il a effectivement fixé le nouveau prix bord champ du kilogramme de cacao à 1.000 FCFA. Contre 850 fcfa pour la campagne cacao précédente. Ainsi Ouattara pourrait-il tirer grandement profit des 50 tonnes de cacao qui lui ont été offerts. S’il les vend directement sur le marché mondial.
Toute chose qui laisse à penser que M. Ouattara a profité de sa position actuelle de chef de l’Etat pour prendre des décisions qui vont l’avantager au plan financier. Avec le prix du kilogramme de cacao qu’il a fixé à 1.000 Fcfa, les 50 tonnes de cacao rapportent 50 millions de Fcfa à la vente bord champ. Et largement plus sur le marché international où le prix du kg de cacao avoisine les 3000 fcfa. Ce que le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, a fait à Yamoussoukro relève donc du délit d’initié. Dans un pays démocratique, cela serait impensable de la part du chef de l’Etat. Mais la mauvaise gouvernance étant la chose la mieux partagée sous le régime Ouattara, il ne faudra pas s’attendre à une renonciation des 50 tonnes de cacao ou de l’argent récolté de la part d’Alassane Ouattara.
Notre Voie