Pour la photo, j’ai préféré celle d’un Laurent Gbagbo rayonnant après son investiture de Président de la république, même si elle n’est pas directement liée à l’actualité du jour, encore que… Après tout, c’est bien lui que les Ivoiriens ont plébiscité en refusant de se rendre dimanche dernier aux urnes. La pseudo joie et l’apparente ambiance de fête lors de la découverte du tsunami Ouattara élu dès le premier tour, bref ce résultat totalement bidouillé des élections n’ont pas arraché le souvenir tenace, indélébile, exceptionnel d’un homme absent, et le vide creusé par l’absence de l’aimé, celui qui a été déporté à Scheveningen, n’a jamais été comblé.
Tristes noces… par Shlomit Abel
Rappelons que Ouattara n’a pas voulu arborer la chaîne d’or de son prédécesseur, celle que l’on voit autour du cou de LG. Tout en affirmant que l’autorité suprême s’inscrit dans la continuité, il s’est fait faire une reproduction de cet emblème en 2011 : cela sans doute pour éviter tout risque de brûlure au contact d’un collier qui aurait légitimement dû revenir à son ennemi, ce Président élu et reconnu dont il usurpait la place en toute lucidité.
Rien n’a changé depuis ce jour de mai 2011 où, sous le coup de l’émotion, notre grande chancelière l’avait sacré « préfet » au moment de le décorer ; prophétisant sans le savoir, elle venait d’assigner à cet imposteur le rang qui lui convenait, celui de laquais d’un État souverain situé à quelques milliers de km d’Abidjan. Notre préfet 2015, quant à lui, représente encore moins de citoyens, puisque la petite moitié d’Ivoiriens qui, séduits par ses mensonges, s’étaient attachés à Ouattara en 2011, a rétréci comme peau de chagrin, et ce en dépit de l’annonce tonitruante – tonitruande devrais-je dire – des scores staliniens obtenus, et l’hilarité ostentatoire du sous-préfet élu dès le premier tour.
Ce matin, Ouattara s’est certainement exercé à garder les deux yeux ouverts afin que les photos du « simulsacre » comme nous l’appelions en 2011, ne soient pas trop ratées, et que son sourire et sa joie d’être entouré par du beau monde, – notamment américain, sous la férule de l’ambassadeur US qui, prenant le relais du cauchemardesque Jean-Marc Simon, a multiplié les gestes et les rencontres – apparaissent au moins sur les photos, à défaut de se vérifier dans la vie courante.
Rappelons que les producteurs d’hévéa ont déjà manifesté leur mécontentement, parce que si Ouattara pour les besoins de sa com et pour acheter ses électeurs, a augmenté les revenus des producteurs de cacao, le prix de l’hévéa, lui, a dégringolé jusqu’à ne plus valoir que 150F CFA le kilogramme.
Les microbes n’en finissent pas de sévir, les routes se font plus que jamais meurtrières, mais rassurons-nous, l’Elu est, paraît-il, champion toutes catégories en matière de progrès, de sécurité, et d’optimisation des infrastructures …
Pourtant, notons-le, c’est sans tambours ni trompettes, tous flonflons mis en sourdine, que l’intervention du conseil constitutionnel certifiant le vote a entériné la voix de la CEI. C’est même une curieuse ambiance de silence feutré qui a entouré l’annonce de la « travestiture » de l’empereur de Kong prévu pour ce mardi matin 3 novembre. Un post de Guillaume Soro sur son site et publié sur FaceBook a été le premier à le dévoiler. Puis les amis d’Affi-le-dissident révèlent sur la toile que leur champion, qui a déjà repris l’entraînement pour le marathon 2020, s’accordera une pause bienfaisante pour participer à la cérémonie, accompagné de son fidèle DNC Marcel Gossio. « Mettons l’esprit républicain en action pour sauver la république », conclut son communicateur Mamadou Sanogo. En somme, la collusion ouverte avec la félonie d’aujourd’hui est un petit pas sur le chemin du sauvetage de la république. Je ne le savais pas encore, mais je viens de l’apprendre : la compromission, la collaboration vichyssoise, la soumission-prostitution d’une certaine opposition politique ouvrent grand les portes du salut ! Salut de la nation s’entend… Alors, pourquoi ne pas aider joyeusement notre petit Hitler local à se maintenir au pouvoir, pour mieux lui succéder plus tard ?
En attendant, la publicité pour l’installation du sous-préfet ce matin se fait presque à huis-clos. Le cercle très restreint des amis de l’homme à l’œil fermé aura certainement raflé presque toutes les places, la délégation américaine occupera une bonne partie du parterre; je n’ai rien lu concernant la délégation française. On imagine aisément les excuses invoquées par Super-Nicolas, encore fatigué de son voyage à Moscou, pour ne pas se rendre à l’invitation : il aurait bien sûr voulu venir, mais un concert de Carla auquel il était tenu d’assister l’aura empêché d’honorer de sa présence les nouvelles épousailles de son « cher ami », le démocrate et l’homme du miracle économique ivoirien, avec une Eburnie anémiée dont la robe blanche cache mal une longue histoire récente de viols et de violences à répétition.
Cette Eburnie à laquelle notre docteur Mabuse du far-Ouest africain vient de lier son destin pour cinq nouvelles années de souffrances maquillées en réussite…
Shlomit Abel, le 3 novembre 2015