Il est vrai que le cacao demeure un enjeu de tout premier ordre pour la Côte d’Ivoire, ses anciens et nouveaux élus et les spéculateurs … tels que le groupe Armajaro. Le monde étant parfois assez petit pour voir des relations familiales très proches entre les uns et les autres.
Le président sortant tente ainsi de contrer notamment la paralysie de la filière cacao, due en partie par les sanctions de l’Union européenne, les ports d’Abidjan et de San Pedro premier port d’exportation de cacao au monde subissant de fait un véritable embargo.
En réponse à cette annonce, les cours ont grimpé de près de 2% dans les premiers échanges, effacer à leur suite leurs gains sur un marché nerveux.
Selon une ordonnance lue sur la télévision publique RTI, « l’achat du café et du cacao aux producteurs et aux groupements de producteurs s’effectue » désormais « exclusivement par l’Etat sur l’étendue du territoire national« . Cet achat s’opère « suivant un prix déterminé par l’Etat en début de chaque période de vente« , indique par ailleurs le texte.
« L’exportation des produits de la filière café-cacao est effectuée par l’Etat, par toute personne morale mandatée par l’Etat ou titulaire d’un agrément en qualité d’exportateur« , stipule encore l’ordonnance. « Les exportateurs agréés s’approvisionnent en fèves de cacao et en café vert auprès de l’Etat ou de toute personne morale mandatée par l’Etat« , est-il également précisé.
Rappelons que fin janvier, dans le but de couper les vivres à son rival et le forcer au départ, M. Ouattara avait informé «les opérateurs économiques de l’arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao à compter du lundi 24 janvier 2011 et ce jusqu’au 23 février 2011». Mesure largement respectée par les grands négociants et chocolatiers, privant Gbagbo d’importantes ressources.
Laurent Gbagbo avait alors réagi en retour pour signifier la nullité du communiqué et rassurer les exportateurs de café-cacao quant à la poursuite de leurs activités.
Mais la politique menée par Ouattara pourrait s’avérer être au final la face immergée de l’iceberg d’un embroglio politico-économique au sein duquel apparaît notamment – en dehors de Alassane Ouattara lui-même – un certain dénommé Loïc Folloroux intervenant tout à la fois en qualité de fils de Dominique Ouattara épouse du nouveau président élu et directeur Afrique de la société de négoce café-cacao Armajaro. Laquelle avait déjà fait récemment parler d’elle.
Pur hasard ? Précisons qu’à la suite du communiqué de Ouattara, les cours du cacao s’étaient envolés sur les marchés de Londres et New York, affichant une hausse de 6% dans les premiers échanges.
Une situation profitable à l’exportateur, lequel peut alors vendre au cours du marché du jour ses stocks de cacao disponibles. Lequel exportateur n’est autre que la société Armajaro Trading Limited. Où l’on reboucle la boucle …
Or, en août 2010, la société Armajaro via son fonds spéculatif a acquis une grande partie des stocks mondiaux de l’année 2010 en achetant 240.100 tonnes de fèves de cacao.