Dans « Ayiti : La race des grands poètes », Saint-John Kauss écrit et je cite ; « (…) Qui d’autres que Baudelaire, ce poète aux vers élégants, admirables et profonds, serait, durant toute une vie, incapable de surmonter ses peines et ses malheurs, ravagé par les «Fleurs du Mal» aussi bien que par cet appel obsessionnel de la Mort qui lui tend les bras. Ici, nous n’avons pas affaire à l’écrivain normal et naturel qui tend à s’accorder avec la vie par le truchement ou grâce à l’aide providentielle de l’écriture. Tout au contraire, celui-ci aura lancé le défi, le pari de louer et d’abuser des «Paradis Artificiels». Cette effroyable annonce publicitaire aura sonné comme un manifeste le glas de la vie des poètes à l’état pur, hormis ceux qui y pensaient mal et agissaient déjà comme Apulée, Villon et consorts. Au delà de cette horrible métamorphose que sous-entendait le poète Baudelaire, le décalage dans la qualité des désirs, dans l’élan propre de vivre chez plusieurs écrivains, bannirait la pureté de l’âme et des gestes pour se substituer à l’anathème et à la dépravation des réflexions vitales. Plusieurs poètes ont payé de leur vie cette mésinterprétation de l’appel Baudelairien, et on y compte par dizaines, depuis près d’un siècle, les adeptes tombés sur le champ des mots de la littérature, soit par compassion, ou par excès de zèle et de maux à l’emporte-pièce. » Fin de citation.
Après lecture d’un tel texte, il faut observer un moment déterminant de silence, pour ne pas se laisser emporter par la compassion (entendue surtout dans le sens de sentimentalisme) ou par excès de zèle, sur le champ suicidaire ou assassin des mots tout court. Il faut absolument bien réfléchir avant de continuer de faire ce qu’on veut faire.
Pour l’avoir ainsi compris, plusieurs auteurs surtout africains, ont pris l’habitude de nuancer leurs termes dans leurs avants-propos ou introductions, utilisant des formules classiques de politesse qui ont de la peine à cacher la fausse humilité de leurs auteurs.
On se sent contraint par formalisme d’utiliser des termes dans le genre de : « Cet (…) que je vous propose n’a pas la prétention de (…) Je ne fais que reprendre ce qui a été dit et redit cent fois. La petite pierre que je veux apporter pour surélever un peu plus “le vieux mur”.
(…) Je ne prétends pas, mais je veux très modestement indiquer des voies à étudier et à explorer”….
C’est comme s’ils veulent nécessairement s’infuser le reflet des bonnes manières; celui des conventions sociales et religieuses, pour se démarquer de ceux (et les plus nombreux) qui ont fait de la réflexion un dangereux comprimé à faire avaler sans nul égard à la dignité humaine et aux mystères de la vie.
Mais cela est très simple à comprendre.
L’instinct de préservation est une légitimité naturelle qui s’accorde parfois avec le bon sens, et anticipe sur des comportements réalistes révélés par les sagesses hautement spirituelles, comme le met en exergue le texte biblique suivant : “(…) Car, lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer, de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, en disant: Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever?
Ou quel roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord pour examiner s’il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l’attaquer avec vingt mille? S’il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix.” (Luc 14/30)
Mais quand on dépasse ce seuil tolérable du réalisme, on tombe dans l’hyperréalisme, parce qu’en effet, lorsqu’on excède l’aptitude à voir la réalité et en tirer les conclusions qui s’imposent objectivement, on finit par interpreter le visible d’une façon quasi photographique ; et cela paralyse l’action, pour faire l’éloge de la fatalité. Mais que dire de la foi? Elle est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas. Dans son expression, elle permit à des acteurs bibliques qui, avec des mains nues, déchirèrent des lions comme on déchirerait un chevreau, qui rien qu’avec une verge, fendirent de grandes eaux, etc…
Pour ce qui est des luttes pour la réhabilitation de l’Afrique, puisque c’est de cela qu’il est question, avec ses nations et ses princes, une profonde analyse s’impose. Car les plus farouches élans d’optisme issues de l’intériorité révoltée des noirs réagissant à l’avilissement de leur race, ont considérablement pâlis et sont pratiquement devenus l’ombre d’eux-mêmes. De guerre-lasse, face à l’impérialisme incolore ou multicolore d’en face, les irréductibles oppossants noirs ou blanc-noirs des générations négritudiennes d’autrefois, ont été peut-être aussi vaincus et convaincus que l’infériorité de la race noire est un fait en phase terminale de légalisation, la légitimité absolue de droit divin ayant été, elle, acquise depuis l’aube des temps. La main armée du noir se retourne pour combattre, ou pour mâter, soit dans la resignation ou la conviction, les dernières poches de résistances noires et leurs leaders noirs qui ne veulent pas encore admettre que le monde a des maîtres; que l’Afrique et les Africains ont déjà des maîtres. On peut même oser parler de la “négro-négricide”, terme décrivant les nouveaux rôles de destruction ou droits de domination du noir dans ses rapports avec les autres noirs. Pour rappel, le Négricide était le titre d’une brochure de l’an X, dans laquelle on réclamait le rétablissement de la traite et de l’esclavage. Un grand nombre de publications réactionnaires et catholiques préconisaient alors l’esclavage.
Quand la moutonnaille est répugnante pour soi, et qu’on veut parler ou écrire, il faut le faire comme la contribution d’un acteur ou auteur qui regarde et vit de l’intérieur des réalités révoltantes, tout en restant citoyen d’un monde globalisé et déjà très bien “géré”. Même quand on pense avoir trouvé, dans un itinéraire fait de conviction, les clés indispensables à l’ouverture de la voie du changement, on est poussé par le principe évoqué plus haut, à faire absolument allusion aux termes d’idéalisme et même de rêve.
Or, dès lors que le réalisme, l’idéalisme et le rêve s’entremèlent, il ne faut s’attendre à rien d’autre qu’à quelque chose qui rime avec la défaite. Corneille l’illustre si bien, ne parlant pas forcément d’Afrique, en ces termes : “Pour moi, bien que vaincu, je me répute heureux ; Et malgré l’intérêt de mon coeur amoureux, Perdant infiniment, j’aime encor ma défaite Qui fait le beau succès d’une amour si parfaite”.
C’est malheureusement la réalité pour les Africains, dans tous les domaines d’expression y compris le journalisme, que les autres usagers utilisent aisément et jouissent des droits attachés à leurs professions. C’est certainement l’ère de la presse militante, mais donc aussi dépendante à merci; et c’est de bonne guerre. Car avant tout, comme le dit le même Saint-Jean Kauss “Nous cherchons tous «le plein, l’élaboré», le raffiné dans les réflexions et dans l’accès au bonheur. Sans chaînes et sans entraves, nous aimerions poursuivre «l’espace libre et l’envergure», l’élan riche et le désir vaste et profond. (…) ». Et plus loin. ,
« Il n’y a pas de poésie véritable sans procès d’intention. Comme il n’y a pas de grande poésie ni de grands poètes sans procès tout simplement ».
Ce bout de pensée fondamentale pourrait être pris pour paradoxale si on admettait que la vraie poésie est seulement celle qui aspire aux grands changements. Dans cet ordre, son élaboration a toujours été une fonction punitive.
C’est aussi tout comme : il n’y a ni de véritables et grandes presses sans procès d’intention, ni de véritables et grands journalistes sans procès tout court. Le journalisme et l’écriture sont des fonctions qui incarnent beaucoup plus la responsabilité que les titres.
Pour être un organe de presse responsable, il est indéniable qu’Ivoirediaspo a absolument son procès d’intention. Ni partisan ni opposant, il entrevoit la presse africaine, et partant, toute la littérature africaine SOUS UN AUTRE ANGLE.
Ivoirediaspo est né de la diaspora ivoirienne d’outre-mer. Néologisme qui ne peut être trouvé même dans l’index du dictionnaire de Français « Littré », Ivoirediaspo est un mot de la même racine que « Diaspore », terme employé en minéralogie. C’est un Minéral fort rare qui se disperse en paillettes brillantes lorsqu’on le chauffe et qui est un hydrate d’alumine.
Le temps nous manquerait si nous devions entreprendre une étude systématique et méthodique de commentaire composé. Il faut cependant considérer avec attention, les concepts de chauffage, de dispersion, de brillance et de rareté. Le tout mis harmonieusement ensemble, renvoie aux notions d’expériences et de maturité acquises dans le creuset épuratif de cette indispensable dispersion qu’imposait la scandaleuse gestion des ressources humaines africaines, pour donner naissance à une brillance de rare nature dont jouissent les consciences qui voient en Ivoirediaspo, leur porte-parole. Car, il faut bien le souligner, Ivoirediaspo a vu le jour en Allemagne, il y a plus d’une quinzaine d’année. Il n’a pas l’âge de ses actuels mouvements de la diaspora africaine. Il faut donc éviter de faire la confusion.
Le principe royal d’Ivoirediaspo c’est laisser chacun faire son travail, y compris les « maîtres » de ce présent monde, afin d’être objectivement récompensé sur la base de ce travail par le maître en dernier ressort, de l’univers ou de la création. Sa mission c’est d’être l’apôtre de l’information qui construit et qui réunit le monde. Sa cible stratégique c’est l’Afrique vue SOUS UN AUTRE ANGLE. Son parcours missionnaire c’est de déployer le plan décisif de campagne de l’Afrique, en vue de faire reconnaître les points sur lesquels il faut l’apprécier. Il s’agit d’attirer les regards et l’onction des plus grandes masses des peuples du monde sur l’Afrique et pour assurer le succès de toutes ses initiatives de développement. Il faut dire aux noirs et Africains de cesser de penser et de vivre comme des noirs ou des Africains, mais penser et de vivre comme des hommes tout court. Il faut qu’ils croient au futur qui passe forcément par la sagesse, celle dont le roi Salomon a joui des bienfaits. Que les dirigeants africains réapprennent à mettre leur confiance en DIEU et à se faire confiance. C’est le préalable à toute initiative d’intégration et d’unification africaines.
Cette stratégie pourrait être vue comme une tactique par le tiers opposé, qui tentera d’injecter le venin du complexe noir pour nuire à la destinée glorieuse de cet instrument non instrumentalisé d’épanouissement des hommes en quête de la santé du monde. Mais il butera heureusement à coup sûr, contre la coalition de la Vérité et de la Justice, au nom de l’Amour suprême. C’est un anticorps qui coule dans les veines de ceux qui ont fait le noble choix de payer, voire par leur vie, le prix du dessein qui les possède. Il est bien d’avoir l’Amour du bien et de pratiquer la vertu que d’être un savant ingénieux au mal. Il est donc incomparablement mieux de mourir pour avoir fait du bien que pour avoir fait du mal. Une source sacrée leur procure cette force et puissance d’Amour qui les pousse à ne pas imputer le péché à ceux qui leur veulent mal et pire.
Entrevoir la presse et l’écriture africaines SOUS UN AUTRE ANGLE ne signifie pas méprendre les règles de la morale et de l’éthique, mais après de profondes analyses, c’est informer en instruisant le monde, sur ce qui est vrai dans des dimensions visibles et invisibles de son histoire. Ivoirediaspo touchera à tout ce qui concerne la civilisation humaine pour informer le monde, interroger toutes les sources dites saintes pour localiser le rôle de l’Afrique dans le concert des relations internationales, afin qu’une fois pour toute, en tout cas pour les générations à venir, l’Afrique et les Africains se comportent à dessein.
Dans le compte rendu de l’émission enregistrée sur France culture le 02 0ctobre 2004 relative à la dépendance ou à l’indépendance de la presse, question qui peut rendre sceptique plus d’un sur l’avenir d’Ivoirediaspo, Philippe Monti a mis en relief quelques perles de questions et réponses qui nous permettront de conclure :
– « Pourquoi mettrait-on aujourd’hui de l’argent dans la presse quotidienne qui, on le sait, n’en rapporte pas beaucoup, si ce n’est pour exercer une influence ? ».
– « Est-ce qu’il n’y a plus de patrons de presse qui soient simplement des amoureux de la matière imprimée ? »
Mais et le financement d’un si grand journal, d’où provient-il ?
– « Ça, c’est un problème récurrent et permanent dans la presse puisque c’est une industrie qui n’arrive pas, très souvent, à garder son autonomie financière. Ce sont des gens de l’extérieur qui viennent lui apporter les capitaux dont elle a besoin. Mais, évidemment, en échange, on risque d’avoir un fil à la patte. La presse, pour être indépendante, doit se financer avec des capitaux strictement internes à la presse. Il ne faut pas oublier qu’un capital reste un capital et qu’il occupe nécessairement une position particulière dans l’espace social ; ce qui induit des intérêts spécifiques et un regard particulier (qu’on va diffuser grâce aux médias qu’on possède). »
Mais à Ivoirediaspo, nous avons deux éléments qui jouent en notre faveur sur ce point : la sagesse concrète, et le fait que le patron d’Ivoirediaspo est de la corporation. Il respecte forcément l’indépendance des journalistes. Ce corporatisme étroit qui célèbre la communauté naturelle des intérêts du patron et de ses salariés a et aura toujours de saines résonances. Il suffit d’y veiller avec une entière persévérance. A ce sujet notre procès d’intention est clair. C’est surtout pour l’Amour de la parole écrite que nous avons entrepris d’animer Ivoirediaspo. Cela ne pouvait être autrement. Car, il y a bien des domaines financièrement rentables.
Et puis, « Dès lors qu’on a des règles de traitement de l’information et qu’on les rend publiques, ça devient un contrat de confiance avec son propre lectorat. Et, du coup, le propriétaire, s’il porte atteinte à ce contrat de confiance, risque de porter atteinte aussi à la santé économique du journal puisque le lecteur n’aura plus confiance dans son titre et qu’il risque de s’en aller. »
Nous n’avons pas des a priori idéologiques. Les enquêtes, nous les ferons, parce que nous ne sommes pas paresseux. Nous faisons déjà très attention à la connivence, aux réseaux, aux coteries, aux amitiés (…) pas seulement avec les politiques, mais aussi avec tout « patron mythique » qui arriverait et qui rayerait des phrases, pour nous éloigner de notre ligne éditoriale.
Ivoirediaspo est partenaire des lecteurs du Monde, d’Afrique et de Côte d’Ivoire. Il écrit et édite pour eux, tout ce qui est meilleur, constructif et utile pour l’humanité.
Abraham Dobé