par FPI-FRONT POPULAIRE IVOIRIEN, samedi 3 décembre 2011, 22:45
Le conseil politique du CNRD réuni ce samedi 03 novembre sous la présidence de son Président Bernard B. DADIE a procédé à une analyse du contexte de la déportation du Président Laurent GBAGBO à la CPI à La Haye.
Alors que, devant le déficit d’enthousiasme pour le dialogue politique dont souffre le régime Ouattara, qui se dit pourtant résolument engagé dans un double processus électoral et de réconciliation nationale, les nouvelles autorités, sous la pression de leurs soutiens extérieurs, viennent de déférer Laurent Gbagbo à la CPI. Un tel acte constitue à l’évidence un facteur de recul historique qui commande, de la part du CNRD, non seulement un rappel analytique des dérives oligarchiques qui hypothèquent dangereusement la survie économique, culturelle, voire spirituelle de la Côte d’Ivoire en raison des ingérences répétées de la France dans le jeu politique ivoirien, mais aussi une position ferme sur ces intrusions meurtrières et dégradantes, ainsi qu’un vibrant appel à la mobilisation pour la relance de la lutte institutionnelle, le triomphe du pluralisme politique et de l’unité dans la diversité.
L’élection de Laurent GBAGBO à la magistrature suprême, en octobre2000, était un événement porteur d’espérance pour les Ivoiriens. La réalisation de cette espérance sera, malheureusement, fortement contrariée par un coup de force manqué mais meurtrier en 2002, mué en rébellion armée, avec à la clé la bipartition du pays entre zone gouvernementale (au Sud) et zone sous contrôle des rebelles (Centre, Nord et Ouest).
Presque dix années durant (2002 -20011), le Président Laurent GBAGBO a consenti tous les sacrifices potentiellement susceptibles de faire renaître notre pays à la paix sociale et de lui faire recouvrer l’intégrité de son territoire réunifié. Il a accepté de participer à plusieurs réunions de paix à Lomé (Togo), à Linas-Marcousis en banlieue parisienne, à Kleber, à Pretoria en Afrique du Sud, à Accra au Ghana puis à Ouagadougou. Au nom de la paix, le Président LAURENT GBAGBO, a pris une loi d’amnistie pour la rébellion et ses chefs. Il a également usé de l’article 48 de la Constitution pour permettre à M. OUATTARA d’être candidat. L’accord de Ouagadougou, croyions-nous, devait faciliter le retour à la paix.
En lieu et place, c’est une aggravation des souffrances qui sera servie aux Ivoiriens au terme d’un plan de déstabilisation dont l’éviction militaire du Président Laurent GBAGBO le 11 avril 2011 par les forces coalisées (France, ONU, milices pro-Ouattara) a été l’aboutissement.
Comme conséquence de cette forfaiture, la question fondamentale relative au véritable vainqueur de l’élection présidentielle de novembre 2010 reste à ce jour une énigme, M. Ban-Ki Moon ayant considéré le recomptage des voix comme une grave injustice.
Depuis la mise au pouvoir de M. OUATTARA, les Ivoiriens assistent à la mise en place d’un règne oligarchique caractérisé par :
Le piétinement de la constitution (dissolution de fait de l’Assemblée Nationale, nominations irrégulières au Conseil Constitutionnel et au Conseil Economique et Social, cumul de la fonction de chef de l’état avec celle du président du RDR, aucune déclaration de son patrimoine […]) ;
Le relèvement des cadres du CNRD de leur fonction et leur remplacement sans aucun respect des procédures légales par les membres du RHDP ;
Les arrestations arbitraires et déportation dans le nord d’éminentes personnalités dont le Président Laurent GBAGBO, son épouse, son fils et ses collaborateurs sans oublier les harcèlements judiciaires avec de multiples mandats d’arrêt internationaux ;
La répression systématique des manifestations légales de l’opposition démocratique ;
La tribalisassions de l’armée et de l’administration publique.
L’embastillement de la presse libre avec des arrestations de journalistes.
Ces dérives ont pour conséquences une grave déchirure du tissu socio-politique national, la recrudescence de l’insécurité et la dégradation de l’Etat de droit, l’assujettissement économique du pays et la paupérisation des travailleurs, la mise à mort du patrimoine intellectuel et scientifique.
A tous ces forfaits, il convient d’ajouter les conditions d’organisation des prochaines élections législatives par une CEI à la solde du pouvoir et une cartographie électorale destinée à assurer la victoire du RHDP avant la compétition.
Cette attribution arbitraire de siège, sans tenir compte des critères légaux (population et superficie) engendre une discrimination entre citoyens ivoiriens, ceux du Nord étant surreprésentés.
Par ailleurs, l’on assiste à un état d’insécurité généralisé avec le déploiement des bandes armées (FRCI/DOZO) sur toute l’étendue du territoire national, commettant des meurtres, des viols, des vols, des rackets et des exactions de toute nature en toute impunité. L’économie nationale est assujettie à la France qui, en l’espace de 6 mois en a pris le contrôle quasi-total. La conséquence immédiate est la paupérisation des travailleurs et l’affaiblissement des PME nationales.
Avec ce rappel, l’opinion nationale et internationale est désormais située sur l’environnement socio-politique qui prévaut en Côte d’Ivoire se résumant à la gouvernance par le totalitarisme.
C’est dans un tel contexte qu’il faut situer et comprendre les actions judiciaires illégales entreprises par les juridictions ivoiriennes contre le Président Laurent GBAGBO en organisant son audition le lundi 28 Novembre 2011 à Korhogo sur « les crimes économiques ». Curieusement et au mépris du droit de défense reconnu à toute personne, le mardi 29 Novembre 2011, c’est à un véritable « théâtre judicaire » que nous assistons avec la notification au Président GBAGBO d’un mandat d’arrêt international, lequel sera exécuté le même jour.
Ainsi, par la seule volonté de la France, le Président Ouattara a transféré à la CPI, le Président Laurent GBAGBO en violation de la constitution et des lois ivoiriennes.
Pour le CNRD, cette autre déportation digne des temps de l’esclavage traduit avant tout une haine vengeresse nourrie par le pouvoir et ses parrains contre un homme dont la vision politique ouvre la voie à la dignité et à la conscience nationales et panafricaines. Laurent GBAGBO ne saurait et ne peut jamais être un criminel de guerre, ni un dictateur, encore moins un homme violent. Promoteur de la démocratie, il a toujours prôné la voie pacifique à travers le slogan : « asseyons-nous et discutons ». N’est-ce pas lui qui a préconisé le recomptage des voix pour résoudre pacifiquement la crise post-électorale ? N’est-ce pas lui qui a accepté l’arrivée en Côte d’Ivoire de Monsieur BRITO JOSE, médiateur de l’Union Africaine ? En réponse, on lui a servi et les Ivoiriens avec, une guerre post-électorale.
Mais auparavant, c’est depuis le 19 Septembre 2002, que le régime du Président Laurent GBAGBO a été attaqué et il n’a cessé de préconiser le règlement pacifique allant d’accords en accord de paix pour finalement nommer à la tête de son gouvernement le chef de la rébellion. Oui, l’adage est bien connu « qui veut noyer son chien, l’accuse de rage ». Mais le Président Laurent GBAGBO qui tire sa force du respect scrupuleux des normes juridico-sociales et du respect du peuple, ne saurait être traité comme un vulgaire chef de guerre. Au contraire, les vrais criminels sont les rebelles et leurs différents chefs et commanditaires désormais connus.
C’est pour quoi, tout en exprimant au Président Laurent GBAGBO sa solidarité, son soutien et son indéfectible affection, le CNRD par la voie de son Président, le doyen Bernard BINLIN-DADIE :
– Condamne avec la dernière énergie ce transfèrement, forme déguisée des pratiques esclavagistes et colonialistes que l’occident n’a jamais cessé d’infliger aux Africains dignes par le biais de ses suppôts locaux. Il s’agit en réalité d’un enlèvement politique d’une personnalité gênante ;
– Lance un vibrant appel à l’ensemble de partis et mouvements membres du CNRD à prendre acte de la volonté du M. Ouattara de plomber le processus de réconciliation nationale et à en tirer les conséquences politiques et sociales qui s’imposent ;
– Appelle solennellement les démocrates ivoiriens, les femmes, les jeunes et la société civile digne à user de toutes le voies légales pour obtenir sans délai la libération définitive du Président Laurent GBAGBO et son retour en Côte d’Ivoire.
– Félicite les avocats pour le travail abattu et les encourage à persévérer dans la bataille pour le triomphe des droits et libertés démocratiques en Côte d’Ivoire ;
– Exprime son soutien et sa solidarité à la famille du Président LAURENT GBAGO.
– Demande à toutes les Ivoiriennes, à tous les Ivoiriens et à tous les démocrates, de se mobiliser comme un seul homme et de rester à l’écoute de l’annonce des différentes actions (meetings, marches et seetings) légales programmées à cet effet.
POUR LE CNRD,
BERNARD B.DADIE,
PRESIDENT DU CONSEIL POLITIQUE