1er janvier 2012
Je viens de lire la dernière prose du représentant de la Communauté internationale en Côte d’Ivoire à l’occasion du Nouvel An !
Au moins, il n’a pas eu l’indécence à la fin de son discours de demander à D.ieu de bénir sa chère Côte d’Ivoire ! Une fois encore, nous constatons que, plus la démocratie est bafouée, plus les dictateurs se sentent investis d’une âme de démocrate … Comme dans son discours précédent, Alassane nous remet le couplet du « cadre de vie » : pas d’argent, pas de travail, pas d’universités, pas de soins, mais un beau cadre de vie. « Stop ! Arrêt sur image ! » Juste le temps de constater le regroupement (spontané ?) de centaines de milliers de personnes (comment ne pas voir la singerie des 25-26 mars, à l’appel de Charles Blé Goudé) pour une media-magie des yeux en cet bref instant de fin d’année ! Abidjan a retrouvé son faste !
Pas besoin de passer par les paroles, la réflexion et l’analyse ! Si la Côte d’ivoire est au travail, peu importe le travail ! Les ex-gendarmes de profession devenus cantonniers de fortune pour combler les nids de poule : voici un exemple de la nouvelle avancée de la Côte d’ivoire. Plus d’universités, mais du travail sans méninges pour les ex-étudiants…
« Les investisseurs reviennent, chaque jour plus nombreux et plus motivés. » : une phrase destinée aux investisseurs potentiels pour qu’ils soient séduits par les enjambées de la « démocrature », cette dictature vécue de l’intérieur mais qui a toutes les apparences de la démocratie, par le langage et les signes qui sont renvoyés à l’extérieur ! Soyez dociles, avec moi et les investisseurs, vous aurez « panem et circenses » : vous aurez le cirque, les lumières, les feux d’artifices, les bulldozers de la salubrité, le cadre de vie sans la reconstruction, les cartables d’écoliers sans les fournitures scolaires qui vont avec, et le pain, cette manne non biblique, que vous jetteront les investisseurs qui ont besoin de gros bras sans têtes pensantes pour sortir les richesses hors du pays.
La Côte d’ivoire d’aujourd’hui, il ne l’évoque pas beaucoup : quelques exactions minimes des FRCI, et encore, elles se comptent sur les doigts d’une seule main, mais mes amis, projetons nous dans la Côte d’Ivoire de demain : « Je peux vous assurer que le gouvernement travaillera sans relâche à la reconstruction de la Côte d’Ivoire de demain. » Voilà, la page est tournée, il n’y a pas lieu de revenir en arrière, 2012 sera l’année de la côte d’ivoire nouvelle, du langage nouveau, aseptisé. Les universités détruites par les bombardements français deviennent des bâtiments « en cours de réhabilitation », à cause de « l’état de dégradation avancé » des infrastructures. Une nouvelle histoire s’écrit, celle de la falsification, puisque la côte d’ivoire était un phare, et que les étudiants étrangers y affluaient car ils y trouvaient une université de pointe, des études, un diplôme reconnu et respecté.
La Constitution et les institutions entérinent maintenant les falsifications et les détournements de la vérité et de la justice; « vous avez, en élisant vos députés, posé un acte qui consolide la Côte d’Ivoire nouvelle. » La nouvelle Côte d’Ivoire est amnésique, aucune lucarne ouverte sur les embastillés de la république, sur Laurent Gbagbo dont la célébrité dépasse celle du discoureur, sur le FPI, juste un petit appel, sans insistance pour dire aux exilés de rentrer. Mais cette phrase encore, est juste destinée aux occidentaux, pour saupoudrer d’humanité bon marché le discours.
La Justice et la Vérité, déjà sorties par deux fois des urnes labellisées « commission électorale indépendante », verra encore une fois la commission Banny dévolue à la noble tâche d’analyser les « causes de la crise politique et identitaire qui a ébranlé notre pays. »
Nous voila rassurés, 2012 sera une Bonne année, le discours d’Ado rédigé par les “nègres” en écriture français, nous le promet. Une fois la magie des lumières estompée, les ivoiriens retourneront avec joie dans leur aujourd’hui minable et misérable, réconfortés par ces lendemains qui chantent, sous l’œil bienveillant des « spécialistes » du déploiement militaire et stratégique onucien et licornien. Ils seront fiers de tous ces conseillers étrangers qui pullulent et qui encadrent leur dirigeant de pacotille ! L’Économiste célébrissime qui n’a écrit aucun livre auquel on pourrait se référer pour connaître enfin le modèle de sortie de crise, qui n’a aucun disciple parmi les économistes de la jeune génération, va s’essayer cette année dans un genre nouveau : le Microcrédit. Dommage que le prix Nobel ait déjà été offert en 2006 à l’économiste Muhamad Yunus pour cette innovation ! mais là encore , on ne peut que rester très sceptique, car très vite le projet de Yunus, au départ philanthropique, avait été récupéré et déformé par les « amis » d’Alassane, ceux de la finance internationale ! Gageons que cette nouvelle idée, directement sortie du chapeau de magicien du locataire en sursis de Élysée, est une idée forte, qui véhiculera pendant des mois un message fort, à des investisseurs potentiels qui se bousculeront fortement pour encourager et multiplier cette forte initiative !
« vous garantir une rémunération à la hauteur de votre travail », voila l’ambition d’Alassane. Belles paroles encore ; en les lisant je n’ai pu m’empêcher d’entendre en écho les paroles, toujours, du maître français : « travailler plus pour gagner plus », un fiasco total quand on examine de près le bilan quinquennal du dernier président français !
Enfin la fin du discours nous renvoie de nouveau au virtuel, nous quittons définitivement le domaine du réel ! Projetons-nous dans l’avenir ! Alors qu’il n’y a plus d’élections en vue, Ouattara est de nouveau en campagne, oubliant qu’entre-temps il y a eu un putsch, un renversement de régime, de vrais élus en prison et en exil, un président légitime mis au cachot, loin de la Côte d’ivoire. Les promesses électorales précédentes non tenues du candidat-dictateur, ne peuvent pas simplement être remplacées maintenant par celles-ci qui s’adossent à du vent ! La côte d’ivoire de demain, c’est aujourd’hui ! La campagne est terminée depuis belle lurette !
« Goûtons le bonheur d’être ensemble. » cette phrase est terrible ! C’est le mensonge à la puissance X ! Ouattara qui jamais ne se déplace pour apporter sa compassion au peuple qui souffre, qui parle de réconciliation à droite et à gauche, alors qu’il y a toujours de nouveaux emprisonnements, qui ne donne même pas de financement pour que sa commission Justice et Vérité soit viable, s’approche, et mielleusement susurre « Goûtons le bonheur d’être ensemble ! » A des ivoiriens qui ont le ventre vide, qui ne savent comment subvenir aux besoins de leurs familles, de leurs enfants livrés à eux-mêmes, il s’approche, déguisé en mère attentive, une cuillère de sirop à la main, feignant de vouloir “rassasier” d’un ridicule échantillon de « bonheur d’être ensemble » son enfant affamé. Là encore arrêt sur image : “être ensemble” le temps d’un flash, sourires convenus pour la galerie, et puis plus rien. Pour ce qui est de vivre ensemble, en verra plus tard … Au lieu de prendre la situation à bras le corps, Alassane se déculotte pour imiter sa femme dans sa distribution de sucres d’orge !
Une première pierre posée, c’est l’assurance que bientôt il y en aura d’autres et que l’édifice verra le jour ! Une bouchée virtuelle de « bonheur d’être ensemble » avec un Président qui fuit, qui fait tous ses discours depuis ses voyages à l’étranger sauf celui de son investiture et celui-ci pour 2012, quelle honte ! Qu’y aura-t-il au menu après la dégustation ? Les coquilles vides des huîtres qu’il aura certainement partagées avec ses amis du cercle très restreint des adorateurs de sa personne !
Monsieur Ouattara, vous et votre chère côte d’ivoire ne pouvez plus en être au stade de la dégustation, même de chocolat, manufacturé en Belgique ou en France, si fin et délicat soit-il, car vous avez tout faussé ! C’est à la Communauté internationale qu’il fallait dire « Goûtez le bonheur d’être ensemble, avec tout ce que je mets à votre disposition » : un pays en ruine, aubaine gustative pour les Bouygues et consorts, des ressources naturelles, aubaines pour tous les pilleurs et rapaces qui ne se contentent pas de bouchées, mais qui grâce à vous ont déjà complètement entortillé, ligoté, livré le pays aux fripouilles de la “communauté internationale”.
Côte d’ivoire ! Redresse-toi ! Ne courbe plus l’échine, sonne l’année de la délivrance ! Trop c’est trop ! Le festin auquel tu es conviée, ce ne sont pas les miettes qu’il te laisse dans sa grande bonté ! Son cœur, sa générosité, son amour pour toi, tu l’as vérifié, tu lui as donné du temps pour faire ses preuves, mais ses règles ne sont définitivement pas les tiennes : vol, corruption, emprisonnements, violence, meurtres, viols, perversion, injustice, mensonges ! Redouble de prières pour que ceux qui seront la réponse et la mise en œuvre de la délivrance se lèvent, soient équipés et formés ! Qu’ils entendent la force de votre appel muet et se mettent ensemble en marche, de partout, car c’est la délivrance de la Côte d’ivoire qui inaugurera celle de toute l’Afrique.
Et à ce moment là, les paroles du mercenaire qui n’est pas encore roi, le fragile David encore en fuite devant ses ennemis, au psaume 34 tout entier, seront un véritable bonheur, « Goûtez et voyez combien le Seigneur est bon ! Heureux le Guibbor,qui cherche en lui son refuge ! » (v 9, en hébreu : homme fort, guerrier)
NDLR: Le titre est de IvoireDiaspo bien qu’inspiré par la contribution. Par ailleurs, nous avons décidé de publier tout le contenu de la lettre de M. Abel pour permettre aux lecteurs de jouir de toute la saveur de cette contribution.
Bonne et Heureuse Année 2012