Il a toujours tiré la sonnette d’alarme par ses écrits sur la situation en Côte d’Ivoire de façon prémonitoire. Aujourd’hui, ivoiremedias.com lui tend son micro pour dire son sentiment et une analyse sans langue de bois comme on le lui connait sur les différentes étapes du processus de réconciliation en cours en Côte d’Ivoire.
Bonjour cher confrère, des législatives viennent de se tenir en Côte d’Ivoire. Et les indépendants ainsi que les femmes y ont fait une percée en force. Qu’est-ce cela vous inspire-il ?
Ma réponse va porter sur les indépendants, puisqu’à mon sens, les femmes n’ont pas réussi une réelle percée. Les nombreuses candidatures indépendantes sont la preuve qu’il n’existe pas encore une réelle volonté de transparence dans le choix des candidats au sein des partis politiques. Aucune élection primaire n’a été organisée au sein d’aucune formation politique, ni au RDR d’Alassane Ouattara, ni au PDCI d’Henri Konan Bédié, ni à l’UDPCI de Toikeusse Mabri, ni au Cap-UDD de Gervais Coulibaly, ni au Lider de Mamadou Koulibaly. Vous remarquerez que tous ces partis ont tous des idéologies politiques différentes, souvent même radicalement opposées. Vous constaterez par ailleurs que le choix non transparent des candidats par les partis politiques touche aussi bien la mouvance présidentielle que l’opposition y compris celle qui est proche de Laurent Gbagbo. Il y a encore du travail à faire, puisque la plupart des indépendants se sont portés candidats par dépit et en rapport avec le mode de désignation ni démocratique et ni consensuel au sein des partis politiques. Conséquence : dans un parti comme le PDCI qui porte pourtant le mot « démocratique » dans sa définition, de nombreux indépendants issus de ses rangs ont raflé la mise face aux candidats officiels.
La Côte d’Ivoire va se doter d’un Parlement après les législatives du 11 décembre dernier. Mais avec le score du RDR, le PDCI-RDA garde-t-il encore ses chances intactes de se voir confier la Primature ?
Le PDCI garde encore ses chances de se voir attribuer la Primature. Je pense que Ouattara est homme à respecter ses engagements vis-à-vis d’un allié. Mais je crois savoir que cela pourrait prendre au moins quatre mois encore. On attend de voir.
A votre avis, est-il exclu que le RDR soit tenté de former un gouvernement de personnalités majoritairement issues des rangs de cette formation politique ? Notre question trouve son fondement dans le fait que des candidats PDCI-RDA se soient retirés au profit de ceux du RDR. Votre sentiment ?
A mon avis, le président Ouattara va former un véritable gouvernement d’union, non seulement avec ses alliés du RHDP, mais avec des personnalités proches de Laurent Gbagbo. En tout cas, c’est ce qu’il devrait faire. Il n’a aucun intérêt à fermer le jeu démocratique autour du RDR dont, soit dit en passant, il demeure officiellement le président, ce qui n’est pas normal. Comme il n’est pas normal qu’il ne déclare pas ses biens, comme il s’y était engagé (rires).
La Côte d’Ivoire va enfin se doter d’un Parlement. Au vu des personnalités élues, à quel genre de Députés le peuple aura affaire ? Seront-ils beaucoup plus représentatifs de leurs mandants ou allons-nous assister encore à la bonne vieille assemblée disons ‘‘à la papa’’ où certains approuvaient les projets de loi en suivant le mouvement sans avoir compris un seul instant de quoi il s’agissait et l’impact de leur décision sur leurs régions ?
Le parlement sera monocolore, il ne faut donc pas rêver à y assister à de réels débats démocratiques. Cela est bien dommage pour la démocratie.
Les législatives du 11 Décembre 2011 ont vu la participation de beaucoup de cadres militants du Front Populaire Ivoirien en indépendant, n’était-ce pas une stratégie de reconquête du pouvoir sachant l’implication de leur parti dans les massacres perpétrés lors de la crise post-électorale et craignant d’en être sanctionnés dans les urnes en y allant sous cette étiquette ?
S’il y a des candidats que j’ai particulièrement suivi pour le compte de mon journal, Jeune Afrique, c’est bien ceux issus du FPI et globalement ceux qui se réclamaient de Laurent Gbagbo. Je puis dire que leur candidature n’obéissait pas à une stratégie du double langage du FPI. Ils avaient décidé d’y aller contre le gré de leur parti et ils ont d’ailleurs été suspendus par le FPI. Ils risquent la radiation, ce qui n’arrivera pas j’espère. Mais en même temps, secrètement, certains responsables du FPI, les plus modérés, les appuyait et ils comptaient bien sur eux pour former un groupe parlementaire proche du FPI à l’assemblée nationale. Malheureusement, presque tous ont échoué, pour une raison toute simple : le boycott du FPI a particulièrement ciblé les candidats issus de ses rangs. L’on a pu constater que les plus mauvais taux de participation ont été enregistrés dans des régions qui votent traditionnellement le FPI. C’est dommage, je pense que c’était une erreur de la part du FPI de ne pas aller aux législatives, quoique les trois conditions qu’il posait, à savoir la recomposition de la CEI, la sécurité et la libération des détenus du camp Gbagbo, étaient légitimes, même si concernant la libération du couple Gbagbo, cela apparaissait surréaliste pour le pouvoir.
Plusieurs candidats reconnus comme des militants du PDCI-RDA se sont présenté en indépendants. Quel pourrait être leur sort de ceux qui n’ont pas été élus ? Et celui de ceux qui l’ont été ?
Le PDCI ne prendra aucune décision contre ceux qui ont désobéi à son mot d’ordre. Ce parti est victime de ses propres turpitudes. Quant à ceux qui ont été élus, il y a des tractations visant à les faire revenir à la maison pour gonfler le chiffre historiquement lamentable de 76 députés que le PDCI a obtenu. Certains sont réticents et pourraient constituer un groupe parlementaire avec le MFA, qui à la surprise générale, a pu avoir trois élus. Les autres vont rejoindre leur parti.
Cela est la manifestation d’une indiscipline notoire. Dans le cas extraordinaire où ces récalcitrants ne sont pas sanctionnés, ne pensez-vous pas que ce soit la porte ouverte à toutes les fantaisies pour les prochaines échéances?
C’est la porte ouverte à toutes les fantaisies. Mais je pense que ce ne sont pas les indépendants qui sont en faute, mais c’est le mode de désignation des candidats qui est en cause. Je vous prends un exemple. A Attécoubé, après que la direction du PDCI eut décidé d’organiser des élections primaires, la base a désigné le maire sortant Paulin Claude Danho pour être la tête de liste. Quand Henri Konan Bédié est rentré de son voyage à Paris, il a décidé d’annuler tous les résultats des primaires, expliquant qu’il privilégiait le consensus, ce qui est à encourager dans une démocratie. En termes de consensus, ce sont des candidats désignés après la première date de clôture des candidatures par la CEI, sur une base purement discrétionnaire du président, qui a été faite. Entre temps, tous les candidats à la candidature du PDCI, craignant d’être forclos sont allés déposer individuellement leur liste à la CEI. A trois jours de la deuxième date de clôture des candidatures, une liste de la direction du PDCI, publiée dans les journaux, désignait M. Danho comme candidat du PDCI, avec comme colistier M. Drissa Coulibaly, qui lui, avait déjà constitué une autre liste. Evidemment, étant donné que la direction du PDCI n’a pas entrepris de médiation pour réconcilier les deux hommes, et surtout, pour offrir des alternatives crédibles, aux colistiers de chacun des deux candidats, la campagne électorale s’annonçait difficile. Mais le PDCI a commis une autre erreur. A la veille de la date de clôture des candidatures, il a sorti sa liste dite corrigée sur laquelle ne figurait plus M. Danho et son colistier. Que feriez-vous à sa place devant ce manque de considération et de transparence manifeste ? Eh bien, c’est ce qui s’est passé dans plusieurs endroits notamment à Yamoussoukro où le PDCI a perdu avec une liste officielle et trois autres listes issues de ses rangs, alors que les voix obtenues par tous ses candidats dépassent de loin celles du RDR. Voilà pourquoi je dis que le PDCI est victime de ses propres turpitudes.
Quel commentaire sur la débâcle de Koulibaly Mamadou de Lider à Koumassi et de la majorité des candidats du FPI indépendants?
La défaite de Mamadou Koulibaly à Koumassi était prévisible. Je l’avais annoncée. Le fait est que Mamadou Koulibaly sans le FPI n’est rien, alors que le FPI sans Mamadou Koulibaly et avec Laurent Gbagbo reste le FPI. Quant aux candidats issus du FPI, ils ont été particulièrement visés dans la campagne de boycott du FPI. Par exemple dans le village du président de la coordination des candidats indépendants issus du FPI, Séry Déhoua, des personnes sont passées pour dire que Gbagbo a dit que si les populations veulent le revoir, elles ne doivent pas voter. A la veille du scrutin, des SMS disant que les FRCI descendraient dans les villages de la région pour massacrer tous ceux qui participeraient au vote, ont circulé. Les villageois sont tombés en brousse (rires) au sens vrai du terme pour fuir d’éventuelles représailles. Evidemment, c’était de l’intox. Mais quand ils sont sortis de la brousse, ils avaient un nouveau député qui avait été élu par une poignée de ses supporters et qui n’était pas celui qu’ils auraient aimé voir élu. Sinon, les candidats indépendants issus du FPI avaient toutes les chances de l’emporter dans les localités qui votent traditionnellement le FPI.
Certains candidats désignés par le PDCI-RDA ont mordu la poussière face aux indépendants se réclamant du parti. Cela ne pose-t-il pas le problème de la méconnaissance du terrain par la direction?
Le top management du PDCI n’a tiré aucun enseignement de ses débâcles passées, depuis le coup d’Etat de 1999, jusqu’à sa défaite à la présidentielle de 2010. Cela est fort dommage pour les jeunes de ce parti, qui a pourtant sa carte à jouer et qui, s’il était dirigé avec une vision claire et une stratégie pointilleuse, pourrait très rapidement revenir aux affaires. Si le statu quo demeure, je crains que ce parti ne parte à reculons. Aujourd’hui, de première force politique du pays, il est passé à la troisième force politique derrière le RDR et la coalition pro-Gbagbo. Cela devrait interpeller ses dirigeants sur la nécessité d’une réorganisation structurelle et stratégique de ce parti.
L’on observe une percée de la jeunesse lors de ce scrutin, quel est votre sentiment ?
Dans de nombreuses localités, le discours de rupture des jeunes, a payé. Les vieux sont souvent perçus par les électeurs comme des personnalités potentiellement corrompues ou ayant trop « mangé » sans avoir suffisamment pensé à leurs cadets.
Que pouvez-vous dire des femmes élues Députés ?
Les femmes doivent se battre davantage pour occuper pleinement leurs places dans toutes les composantes de la société et dans toutes les sphères de décision. Dans une Côte d’Ivoire où le combat pour le genre n’est pas mené par les hommes, c’est à elles d’arracher et de mériter leurs places. Les leaders politiques doivent aussi faire la promotion des femmes. Cela paye en politique. La preuve est faite avec Yasmina Ouégnin que le PDCI a promu à Cocody. Par la force des choses, elle est devenue la tête de liste devant l’autre candidat dont j’ai d’ailleurs oublié le nom. Pour moi, elle est la révélation de ces législatives.
L’on comprend difficilement que malgré les séances de formation aux techniques du vote que les partis politiques ont multiplié surtout avant les présidentielles, il y ait pu encore exister des bulletins nuls par milliers. A quoi cela est dû à votre avis?
Ecoutez, je n’ai pas encore vu de candidat frapper aux portes de potentiels électeurs pour leur apprendre à cocher leur nom dans une case sur un bulletin de vote. C’est la sensibilisation de proximité qui va régler cela, non les campagnes de masse, que les gens suivent de loin et avec distraction.
La majorité réclamée par le RHDP l’Assemblée Nationale va-t-elle constituer un atout pour le Chef de l’Etat ou tout au contraire, un problème dans la gestion quotidienne de ses pouvoirs ?
Le RHDP ne constituera pas un problème pour Ouattara à l’assemblée nationale. Dans un scénario improbable où cette coalition volerait en éclats avant 2016, le chef de l’Etat peut compter sur les députés du RDR, qui sont majoritaires à l’assemblée nationale.
Quel est votre sentiment sur les nombreuses réclamations et de contestations de certains candidats aux législatives sur le bureau du Conseil Constitutionnel ?
C’est la preuve que les Ivoiriens commencent à intégrer les voies démocratiques de gestion des contentieux électoraux. C’est aussi la preuve que Francis Wodié, le nouveau président du conseil constitutionnel inspire confiance. Le traitement diligent et impartial de toutes ces réclamations constitue pour Wodié un véritable test de crédibilité. Il joue non seulement sa réputation, mais son honneur.
Un certain Jaguar s’est fait élire Député d’Attécoubé sans être démobilisé ni avoir démissionné de l’Armée ? Que vous inspire cette situation ?
Les dieux sont tombés sur la tête en Côte d’Ivoire, voilà ce que je peux répondre. Je pense aussi que l’affaire est sur la table de Wodié.
Et les événements de Vavoua suivis des décisions de Ouattara ?
Les évènements de Vavoua sont arrivés pour faire éclater au grand jour, un problème que personnellement je dénonce depuis toujours : les activités inacceptables des FRCI. Il est bien que cela soit arrivé à Vavoua, une localité située en ex-zone FAFN, parce que si cela avait été à Gagnoa, à Duékoué ou à Alépé, il se serait certainement trouvé des gens pour accuser des pro-Gbagbo, d’avoir initié ces actions et le problème aurait été éludé. Il faut donc saluer la fermeté de Ouattara sur cette question des FRCI. Il était dans une posture difficile, entre des agissements incorrects de commandants de zone, de ville et de secteur qui l’avaient aidé à arriver au pouvoir et la nécessité de protéger la population face à ces agissements. Les premiers témoignages sur le terrain sont de nature à croire que sur la question des FRCI, le chef de l’Etat est en train d’affirmer son autorité, comme je l’avais demandé dans un article.
Malgré la bonne volonté affichée des forces armées et impartiales en Côte d’Ivoire, l’on ne peut pas dire que la sécurité était vraiment garantie lors de ce scrutin ? Votre avis ?
La sécurité était relativement garantie lors de ce scrutin. En 2000, il y a eu des dizaines de morts, suite au boycott du RDR. En 2011, il y a eu cinq mort, dont trois liés à une explosion de grenade, qui n’avait aucun rapport avec des revendications politiques et le décès d’un candidat. Cependant, l’implication de certains cadres des ex-FAFN dans la campagne électorale, surtout dans le nord (il y a eu des photos que j’ai vues sur abidjan.net) a faussé le jeu démocratique dans certaines localités.
Nombre d’Ivoiriens comprend difficilement le découpage administratif actuel de la Côte d’Ivoire ? Et vous ?
Il y a deux choses dans ce nouveau découpage. La première chose concerne le redécoupage administratif. Ce nouveau redécoupage pour ce qui concerne la nomination des gouverneurs est une anomalie démocratique dont avait usée Laurent Gbagbo à des fins politiciennes. Il est dommage qu’Alassane Ouattara perpétue cette anomalie. Par ailleurs, je crois savoir, si je ne m’abuse, que les gouverneurs des 14 districts seront nommés. Si tel sera le cas alors ce serait un recul démocratique car la tendance est à la décentralisation, non à la déconcentration. En outre, je vois d’ici là, des querelles de leadership entre les gouverneurs nommés directement par le président, qui cherchera incontestablement à placer ses hommes et les présidents des conseils régionaux élus, ainsi que des conflits de compétence. Concernant les conseils généraux transformés en conseils régionaux, cela est juste du point de vue de l’efficacité, mais il reste une question que les autorités, à mon sens, vont éluder : que vont devenir les centaines de travailleurs dans ces administrations ? La deuxième chose concerne le nouveau découpage électoral. Je constate avec Laurent Akoun que sur 30 nouvelles circonscriptions électorales créées, plus de la moitié est située au nord. Cela ressemble à un redécoupage sur mesure et cela n’augure rien de bon pour l’équilibre géopolitique.
Quel est votre sentiment sur le transfert de Laurent Gbagbo à la CPI ?
Ma position sur le transfèrement de Laurent Gbagbo à la CPI est radicalement simple : il y a eu 3.000 morts en Côte d’Ivoire pendant la crise postélectorale et il faut bien que quelqu’un paye. Il y avait deux principaux belligérants : lui et Alassane Ouattara. Dans mes épitres que j’adressais à mon ami Koudou pendant la crise postélectorale et alors que j’étais en exil, j’ai à maintes fois prévenu M. Gbagbo qu’il pourrait se retrouver à la CPI, parce que ce sont les vainqueurs qui décident du sort des vaincus, et que lui, allait perdre la guerre après avoir perdu l’élection. Je l’invitais à se retirer pour que s’arrêtent les massacres dans les deux camps et par les deux camps. Il n’a pas écouté, il a joué et il a perdu. Il doit assumer. Si c’était lui qui avait gagné, au mieux, Alassane Ouattara serait à la CPI, au pire, il serait dans un autre monde. Je l’ai dit et je le répète, c’est malheureux que ce soit ainsi, mais la justice a été toujours celle des vainqueurs. Autrement, les généraux de l’armée rouge, dont les troupes ont commis les pires massacres en Allemagne pendant la bataille pour faire tomber Hitler, auraient dû être jugés pour crimes contre l’humanité au même titre que les nazis. En le disant, je ne défends pas ceux qui appliquent une justice des vainqueurs, car mon position est que tous ceux qui ont commis des crimes doivent payer, mais je décrypte froidement une situation qui équivaut à dire, que rarement les hommes politiques se font hara kiri. Il appartenait à Gbagbo d’inviter la CPI en Côte d’Ivoire pour enquêter sur les crimes commis à Bouaké par les ex-FAFN, il ne l’a pas fait, parce que lui aussi avait des cadavres dans le placard avec les escadrons de la mort. Les partisans de Gbagbo ne doivent donc pas compter sur Ouattara pour exiger la lumière sur ces faits passés d’une force militaire qui l’a aidé à arriver au pouvoir. Aujourd’hui, Ouattara a ouvert la boîte de Pandore de la CPI, cela met la pression sur lui-même et sur ses proches. Par ailleurs, je pense qu’à la CPI, Gbagbo a la possibilité de mieux se défendre. En dépit de tout ce que ses partisans peuvent dire aujourd’hui, sur la partialité de la CPI ou son inféodation aux puissances coloniales ou occidentales, vous savez, ce genre de slogans vaseux qui ont pour seul mérite d’endormir les consciences peu éclairées ; la CPI travaille en toute transparence, en atteste ses séances publiques. Si Gbagbo n’a rien à voir avec les 3.000 morts, il sera libéré, sinon, il sera condamné. Et les marches de soutien à La Haye, les slogans du genre « No Gbagbo, no peace », les accusations totalement farfelues contre Sarkozy qui a mieux à faire avec son élection en 2012 que de s’occuper de livrer Gbagbo à la CPI, n’y pourront rien. Au fait, j’ai bien compris que Gbagbo est devenu un fonds de commerce pour des gens en France. Je vois ce qui se passe ici à Paris, et j’ai mal pour tous ces gens qui à Abidjan ou à Accra, croient naïvement qu’ils luttent pour une cause, alors qu’ils luttent pour l’enrichissement d’une catégorie de personnes. Bref, je n’en dirai pas plus.
Quel commentaire sur l’arrestation et la libération des journalistes de Notre Voie ?
C’était une erreur inadmissible et je crois que la justice s’en est repentie en libérant les confrères. Il faut que le parquet du Plateau comprenne une fois pour toutes qu’on ne doit pas arrêter un journaliste pour ses écrits dans un journal. La loi sur la presse votée en 2004 et applaudie par les tenants actuels du pouvoir, l’interdit. Ce sont les magistrats qui doivent faire appliquer la loi qui souvent se montrent peu regardants face au respect de la même loi. C’est une hérésie judiciaire, un mauvais signal envoyé aux justiciables et qui est la preuve qu’on est en droit de se poser des questions sur l’indépendance de la justice. Enfin il faut que les politiques qui très souvent font pression sur les magistrats comprennent qu’on n’amènera jamais un journaliste à diluer sa plume ou à retourner sa plume, en le mettant en prison. Bien au contraire, très souvent, c’est précisément le résultat contraire qu’on obtient.
A quand le prochain André Silver Konan en kiosque ?
Raison d’Etat, mon deuxième livre, sortie en octobre, est toujours en librairie. On prévoit d’autres dédicaces au premier trimestre 2012 à Abidjan. En attendant mon prochain livre qui pourrait être une sorte de récit exclusif et chronologique romancé sur ce qui s’est réellement passé 19 septembre 2002, j’invite les Ivoiriens à s’offrir Raison d’Etat et à offrir Raison d’Etat, en guise de cadeaux de nouvel an à leurs proches.
Vos vœux pour l’année 2012 ?
Je souhaite que la paix revienne vraiment dans mon pays pour qu’enfin, des investissements massifs créent des emplois pour nos frères et sœurs.
Votre mot de fin
J’aimerais dire que notre pays peut et doit se relever. Personnellement, je crois que le président Ouattara s’est mis à la tâche et les résultats sont bien visibles dans les rues d’Abidjan. Même ceux qui n’approuvent pas son arrivée à la tête du pays, sont obligés d’admettre que du point de vue du travail, il s’applique. Cependant, je souhaite de tout cœur que les autorités ne tombent pas dans le piège de leurs prédécesseurs, car les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le RDR a trop dénoncé les maux tels le tribalisme et l’exclusion dont il a du reste souffert, pour tomber dans le même jeu du tribalisme et de l’exclusion. Les gens ont beau le nier ou l’expliquer, cette politique n’a jamais construit une nation. Je souhaite une vraie réconciliation dénuée de toute hypocrisie et cela est de la responsabilité du pouvoir, non de l’opposition. Le pouvoir doit poser des actes concrets, non proclamer des slogans, tout comme l’opposition, principalement le FPI doit sortir de son mal le mieux partagé, à savoir l’extrémisme. La réconciliation passe par l’ouverture du jeu démocratique par le pouvoir et par des actes diligents de l’opposition.
Réalisée au téléphone par Gervais Y DJIDJI
gervais.djidji@ivoiremedias.com
Source : ivoiremedia.com