18 février 92-18 février 2012 ; 20 ans après, le front populaire ivoirien se souvient encore de la toute première brimade de Ouattara, à l’époque, Premier ministre du feu président Houphouêt-Boigny(90-93).
Le FPI avec à sa tête Laurent Gbagbo, organisait une marche de protestation suite à la descente musclée de l’armée sur la cité universitaire de Yopougon (Abidjan, mai 91) qui avait fait morts et plusieurs blessés avec des cas de viols. C’était d’abord en qualité de parents d’élèves et étudiants, mais aussi en tant que parti d’opposition que le front populaire ivoirien est sorti dans la rue pour revendiquer justice afin que les auteurs soient traduits devant les tribunaux(…) La riposte de l’armée ne s’était guère fait attendre.
Plusieurs pontes du parti bleu-blanc sont arrêtés et jetés en prison, dont Laurent Gbagbo, son épouse Simone et son fils Michel.
20 ans après, l’histoire se répète, avec l’arrestation et l’emprisonnement des mêmes d’hier.
Alors que le FPI qui a accédé au pouvoir en 2000 avait tous les moyens de l’Etat pour se comporter en revanchard, il a au contraire décidé de gouverner sans rancune avec ses bourreaux d’hier dans l’intérêt de la nation.
Finalement, c’est un double deuil que le FPI de Laurent Gbagbo va commémorer cette année, cette triste date de l’histoire du parti.
Pour ce faire, et malgré la récente guerre à lui imposée, qui a contraint plusieurs de ses cadres et militants à l’exil, le front populaire ivoirien se dit plus que jamais déterminé à marquer du sceau cet évènement, surtout avec la forte présence de ses sympathisants parmi les ivoiriens de la diaspora, ce samedi 18 février 2012 à la Haye, en Hollande, où est incarcéré leur leader, Laurent Gbagbo, depuis le 30 novembre 2011 pour « crime de guerre, crime contre l’humanité ».
Miaka Ouretto absent
Présent en Europe depuis le 1er février 2012 dans le cadre d’une mission du parti, le nouveau président du front populaire ivoirien, Miaka Ouretto est d’abord venu prendre langue avec Gbagbo détenu à la prison de Scheveningen, mais aussi informer les millions d’ivoiriens et d’africains attachés à ce dernier, que désormais leur interlocuteur, c’est lui, c’est Abidjan et non ailleurs. « Je suis le responsable du parti, dont il est le fondateur. Donc à travers ma modeste personne, c’est le regard du peuple ivoirien qui reste profondément attaché à Laurent Gbagbo (…) Le pays bouge. Il était important qu’ensemble, on précise les perspectives (…) Je lui ai dit que le FPI va bien, mais malheureusement, qu’il y avait un environnement politique contraignant, parce qu’il y a un peu de cacophonie (…) D’ici j’appellerai les uns et les autres pour mettre fin à la cacophonie » avait-t-il confié à la chaîne de télé privée en ligne, Eventnews TV, le lundi 6 février dernier à sa sortie d’audience avec le président fondateur du FPI. Fallait-t-il le dire autrement ?
C’est donc adoubé par Laurent Gbagbo, que Miaka Ouretto va se mettre à la tache avant son prochain tête-à-tête avec le président prisonnier. Sur donc recommandation de Laurent Gbagbo, Miaka fera plusieurs communications dans les médias occidentaux pour expliquer la position de son parti et l’injustice faite à son mentor, mais aussi face aux intellectuels panafricains pour les instruire sur la pensée idéologique de Gbagbo et du FPI, avant de rencontrer en privé, les députés socialistes, Henri Emmanuelli et François Loncle, mais aussi Kofi Yamgname, l’actuel monsieur Afrique du candidat à l’élection présidentielle, François Hollande. Objectif : faire changer l’opinion d’une bonne frange de la population française et de ses décideurs en faveur du combat pour la démocratie prônée par le front populaire ivoirien en Côte d’Ivoire. Miaka poussera même le bouchon plus loin en rencontrant la cellule Africaine de la diplomatie française au Quai d’Orsay, pour dit-il repositionner son parti dans la diplomatie internationale. C’était hier jeudi 16 février 2012 à Paris.
Sur l’agenda très chargé du président du FPI, figurent d’autres rendez-vous ce week-end avec des responsables du parti communiste (PC) et certains du PS, mais également une grande rencontre avec les ivoiriens de provinces : Montpellier, Marseille…
En outre, présent à Paris, Miaka n’ignore pas la mobilisation de la diaspora. D’ailleurs dès son arrivée, bien avant sa rencontre du 6 février avec Laurent Gbagbo, il recevait à sa résidence de Créteil, plusieurs leaders de la galaxie patriotique avec à leur tête, Brigitte Kuyo, la représentante du FPI en France. Après avoir pris la mesure de la mission à lui confiée par Laurent Gbagbo après leur tête-à-tête, Miaka, selon une source proche de l’intéressé a à nouveau rencontré Brigitte Kuyo, la principale organisatrice du voyage sur la Haye pour la commémoration du 18 février, pour lui signifier son indisponibilité à faire partie du voyage. Une information que cette dernière a dû garder secrètement au point qu’aucune fuite n’ait été constaté même au cours de la grande rencontre entre Miaka Ouretto et les ivoiriens de France, hier soir à Paris. A-t-elle bien fait ? Divulguée cette info avant le départ de la Haye, pouvait-t-elle démobiliser plus d’un qui souhaiterait communier avec le président du parti à la Haye ? Surtout qu’ils viendront de toutes les contrées d’Europe.
L’autre raison avancée, serait en lien avec la santé de Miaka. « Il sort d’un accident vasculaire cérébral-AVC. Il profite de son séjour en Europe pour suivre des soins…Il a rendez-vous avec son médecin à Orléans et ne sera pas de retour sur Paris avant la nuit du vendredi 17 février » nous raconte une source proche de l’intéressé.
C’est donc loin d’un boycott que Miaka Ouretto sera absent à la Haye ce samedi 18 février 2012, pour la commémoration de cet évènement dont lui-même fut un grand acteur.
PK/ source : eventnews.fr