La Chronique de ce jour est produite afin qu’ensemble, nous tentions de comprendre pourquoi les Guérés sont la cible privilégiée du régime liberticide et génocidaire du sieur Alassane Dramane Ouattara. Mais elle est surtout une tentative pour comprendre le sens profond de la question posée par Soro Guillaume sur les chaînes de télévision et radio françaises dans le mois de juin: pourquoi ce sont les Guérés que nous tuons et non les Bétés qui sont de l’ethnie de Laurent GBAGBO?
Eh bien, avec quelques semaines de recherche et, en attendant que les sociologues nous aident à approfondir notre analyse, nous semblons avoir compris le sous-entendu de la question de Soro Guillaume.
Pour circonscrire le champ de notre analyse, nous avons essayé de localiser les Guérés dans la chaîne des groupes ethniques ivoiriens et vérifier par la même occasion, dans leur passé récent ou lointain, les raisons d’une haine génocidaire manifestée par les peuples du Nord de la Côte d’Ivoire et leurs alliés Burkinabè à l’égard de ce peuple.
C’est alors que nous avons compris que les Guérés font partie du groupe ethnique Krou. Les Krou se retrouvent à la fois au Libéria où ils se subdivisent en 6 ethnies et en Côte d’Ivoire où ils sont répartis en 15 ethnies. Sur les 6 ethnies Krou du Libéria et les 15ethnies Krou de Côte d’Ivoire, le Guéré fait partie de l’ensemble dénommé les Wè. Etymologiquement, le mot “Wè” vient de “Wènion” qui signifie “les hommes qui pardonnent facilement“.
Alors question: pourquoi Soro Guillaume et son patron Dramane Ouattara massacrent-ils depuis 2002, les Wènion” “ces hommes qui pardonnent facilement“?
Pour répondre à cette interrogation, nous poursuivons notre analyse et nous découvrons que parmi les Krou du Libéria, il y a l’ethnie Krahns. Et l’équivalent linguistique de l’ethnie Krahn en Côte d’Ivoire est l’ethnie Guéré. Quelques informations prises avec des connaisseurs de la région nous enseignent que les Krahns sont les Guérés du Libéria et que ces Krahns ou Guérés se retrouvent de part et autre de la frontière des deux pays. Ainsi, dans les zones comme Toulepleu, Blolequin et Taï, les familles Guérés et Krahns sont lesmêmes et elles sont à cheval sur les deux pays.
Alors, les choses se clarifient un peu mieux.
En effet, lorsque nous poursuivons les recherches, une phrase dite par un interlocuteur nous oriente aussitôt sur la bonne piste. Il s’agit du nom Samuel Doe.
Vous en souvenez-vous?
Notre interlocuteur nous apprend que Samuel Doe était un Guéré à la fois du Libéria et de Côte d’Ivoire.
Nous nous rapprochons alors des vraies réponses.
Pour la petite histoire, Samuel Kanyon Doe est né le 6 mai 1951. Ancien sergent, formé par les bérets verts américains, il prend le pouvoir au Libéria en 1980 par un coup d’État le 12 avril 1980. Il en devient président. Doe tue au moment du coup d’Etat, William Tolbert qui dirigeait le pays après avoir institué le parti unique. Mais Doe ne s’arrête pas là; il fait assassiner tout le gouvernement de Tolbert en public.
Samuel Kanyon Doe est de l’ethnie Krahn du Libéria, les Guérés libériens. Très vite, il est accusé de favoriser son ethnie au Libéria (et en Côte d’Ivoire où il passe quelques week-ends dans les villes Guérées non loin de la frontière ivoiro-libérienne).
En 1990, Prince Johnson (Front indépendant) et Charles Taylor (NPLF) sont à la tête de deux groupes rebelles. Prince Johnson capture le Krahn Samuel Doe et le fait torturer à mort.
Mais les combattants issus de l’ethnie Krahn sont des guerriers redoutables. Ils forment un groupe armé baptisé LIMA. Au sein des LIMA, il y a quelques Guérés ivoiriens. La guerre du Libéria s’enlise et connaît une accalmie après plusieurs péripéties qui conduisirent Charles Taylor au Nigeria puis à la Haye.
Malheureusement, pour les Guérés de Côte d’Ivoire, en 2002, Alassane Ouattara crée le MPCI avec l’aide de Blaise Compaoré au Burkina Faso. Pour attaquer l’Ouest de la Côte d’Ivoire, il recrute Sam Bokary un génocidaire siéra léonais, ami de Charles Taylor et plusieurs combattants libériens parmi les anciens hommes de Prince Johnson et Charles Taylor.
Pour ce faire, le MPCI crée dans l’Ouest ivoirien, deux filiales dont l’une est baptisée MPIGO, dirigée sur le plan politique par un jeune militaire radié, un bandit vivant à Abobo au quartier Derrière Raille avec le surnom de Doh Félix. Ce nom est choisi à dessein car il sonne Yacouba et rallie les Yacouba, membres de l’ethnie du Général Guéi Robert mort pendant le coup d’Etat manqué du MPCI lancé contre les institutions d’Abidjan le 19 septembre 2002. Le chef militaire réel du MPIGO, celui qui conduisait les opérations sur le terrain était un jeune chef de guerre libérien portant le surnom de Napoléon. Il était assisté de plusieurs hauts chefs de guerre libériens.
De l’autre côté, l’autre filiale est dénommée le MJP. Le MJP a pour chef de file militaire Sam Bokary, le tortionnaire siéra léonais.
Les cibles des deux mercenaires chefs de guerre sont les Guérés ivoiriens qui abritent leur frères Krahns du Libéria parmi lesquels se trouvent les ex-combattants de LIMA dont une partie était dans les camps de réfugiés libériens.
Ayant réussi à transformer les Yacouba en alliés contre les Guérés et ayant recruté des Libériens de feu Prince Johnson à la poursuite des Krahn de Samuel Doe, des milliers de Guérés ivoiriens dont la plupart sont des femmes enceintes seront éventrés et leurs enfants seront amputés d’au moins un membre comme en Siéra Léone. Mais très vite, les Yacouba vont comprendre la supercherie et se retirer du MPIGO dont les éléments vont être constitués dès lors essentiellement des hommes de Losseni Fofana alias Loss, chef de guerre du MPCI qui mène aujourd’hui l’opération baptisée parle RDR d’Alassane Ouattara “Aseptisation et Nettoyage de l’Ouest”.
Agressés sur leur sol, les Guérés ivoiriens créent le FLGO (Front de Libéria du Grand Ouest). Les ex-combattants LIMA, visés par des attaques meurtrières dans les camps de réfugiés, se réorganisent et reprennent les armes pour sauver leurs vies et stopper le génocide de leurs familles Guérés d’accueil. Le front ouest se stabilise avec l’appui des Forces de Défense et de Sécurité de Côte d’Ivoire grâce à une contribution inestimable des marins commandos qui y conduisirent les combats d’avant-poste pour laisser la place à la BAE (Brigade Anti-Emeute) et à la Gendarmerie pour les ratissages.
Mais le regard haineux posé sur les Guérés par le MPCI vaincu à plusieurs reprises par le FLGO et ses appuis Krahans de l’ex-LIMA, n’a pas changé. Les rebelles d’Alassane Ouattara ont toujours ruminé une revanche contre les Guérés.
Aujourd’hui, les rebelles d’hier rebaptisés FRCI, gardent en mémoire les pertes innombrables subies en mars 2011à Duekoué face au FLGO d’abord et ensuite face aux FDS. Ils gardent l’esprit de vengeance tenace et tiennent les Guérés ivoiriens et leurs frères Krahns du Libéria membres de l’ex-force LIMA, responsables de l’érosion qu’ils ont connues en mars 2011 avant d’être sauvé par le gong franco-onusien qui leur ouvrit la voie royale pour massacrer les civils de l’ethnie Guérée qui n’ont rien à avoir avec les combats armés de 2002 à 2004 et ensuite de mars 2011 que le FLGO a mené contre eux.
Mais pourquoi l’Occident ne dénonce-t-il pas ces dérives génocidaires contre les civils Guérés ivoiriens surtout qu’au Libéria, les Krahns ne sont plus pourchassés et tués comme les Guérés ivoiriens le sont dans l’Ouest du pays?
Eh bien, il faut remonter encore au Libéria des années 1990 pour comprendre. A cette époque, Samuel Doe était soutenu par les Américains. Mais il va perdre progressivement leur soutien. Comme d’habitude, il lui fut reproché officiellement d’être un dictateur sanguinaire alors qu’au moment où il faisait fusiller Tolbert et son Gouvernement, il était adulé des Américains.
C’est donc simple à comprendre que ce n’était pas la virulence des actions politiques de Samuel Doe qui lui valut d’être considéré comme un ennemi mortel. Au fait, selon les sources officielles, «Samuel Doe était reconnu par l’Occident comme un ennemi implacable de la franc-maçonnerie». Lui et ses hommes ne voulaient pas en entendre parler au Libéria. C’est pourquoi ils ont fusillé tous les franc-maçons du Gouvernement de Tolbert.
Or, la Côte d’Ivoire patriotique de Laurent GBAGBO, soutenue de façon inébranlable par les Guérés ivoiriens assimilés par les forces armées d’Alassane Ouattara à des Krahns libériens membres des ex-forces LIMA, annonce la défaite des franc-maçons et la fin de leur règne sanguinaire en Côte d’Ivoire. Plus révélateur, il est de notoriété publique qu’Alassane Ouattara est un illuminati et Soro Guillaume est depuis sa nomination en tant que Premier ministre, le patron officieux de la franc-maçonnerie en Côte d’Ivoire.
Les mêmes causes entraînant les mêmes effets, nous croyons enfin être sur la bonne piste pour comprendre les inavouables du génocide des Guérés. Ils occupent une terre très riche pour la production cacaoyère. Cette terre intéresse Blaise Compaoré, le parrain de la rébellion armée des FRCI. Plus grave, les Guérés sont tous assimilés par raccourci criminel, enfants, femmes et vieillards tout comme jeunes étudiants ou déscolarisés, à des Krahns libériens membres des ex-forces LIMA ou alliés des forces LIMA.
Un raccourci d’une dangerosité incroyable car il suffirait aussi aux autres peuples de Côte d’Ivoire d’assimiler tous les ressortissants du Nord du pays, femmes, enfants et vieillards, à des rebelles membres des FRCI. Et la suite sera une tragédie mondiale.
Mais pour ce qui est des Guérés visés comme cible prioritaire d’un génocide planifié depuis le lancement du MPCI en 2002, nous semblons avoir compris que la confusion ethnique volontaire, pour les expulser de leurs terres et y installer les frères du parrain du MPCI en guise de récompense et puis, la supposée haine des Krahans de Samuel Doe contre la franc-maçonnerie, sont pour l’essentiel, les causes profondes du génocide.
C’est pourquoi tous les Panafricanistes doivent se sentir interpellés au plus haut point et agir maintenant pour sauver le peuple Guéré et toute la Côte d’Ivoire, des griffes du génocidaire Dramane Ouattara et ses obligés.
A Très bientôt.
Hassane Magued
La Révolution Permanente N°00341/07/12
Infodabidjan.net