Félix Houphouët-Boigny, figure emblématique des indépendances africaines, fondateur de l’Oua en 1963, du Conseil de l’entente en 1959 de la Cedeao en 1975. Ancien ministre français, Félix Houphouët-Boigny était un homme d’Etat de principes qui incarnait autant le respect, que la courtoisie et la sagesse. Mais, l’homme officiellement n’avait jamais accepté la présidence de l’Oua, ou de la Cedeao. C’est bien cette humilité qui a fait le grand écart de la culture politique entre Félix Houphouët-Boigny et les autres chefs d’Etat d’Afrique. A l’analyse, l’homme d’Etat ivoirien faisait beaucoup plus appel à son cœur pour prendre ses responsabilités. Félix Houphouët-Boigny ne jouait pas avec les mots. En se justifiant, il a dit que la neutralité comme concept politique n’existe pas. Et qu’il avait peur de jouer à l’équilibrisme moral, dans une Afrique pleine de contradictions politiques. Une vérité très nette et une affirmation très juste quant je regarde aujourd’hui ceux qui dirigent les organisations politiques du continent ; Félix Houphouët-Boigny était un grand homme politique africain et traitait avec une précision numérique l’actualité arabe, africaine, asiatique, française. Mais pendant une trentaine d’années, Félix Houphouët-Boigny n’assistait à aucun sommet de l’Oua, pour se ‘’draper’’ dans ce qu’il appelait lui-même, ‘’l’hypocrisie politique’’ dont la preuve justifiée reste la violence. L’homme d’Etat ivoirien n’aimait pas fustiger les plus faibles. Une autre raison crédible à son éloignement de l’Oua ou de la Cedeao. Pendant une trentaine d’années, Félix Houphouët-Boigny a gardé le silence jusqu’au jour où il avait rencontré à Abidjan plus de 500 journalistes venus de tous les coins du monde. Je me souviens, que l’homme d’Etat ivoirien avait ‘’sonné’’ arabes et israéliens dans leurs dispositifs diplomatiques territoriaux en s’abritant derrière des intérêts affichés et des consignes de l’Union Européenne et de Washington. Félix Houphouët-Boigny avait surpris… mêmes ses amis comme le Roi Hassan II du Maroc, le tunisien Habib Bourguiba, le sénégalais Léopold Sedar Senghor, les pays comme la France, Israël ont eu du mal à comprendre cette ‘’sortie’’ diplomatique du président ivoirien. Mais en réalité, Félix Houphouët-Boigny avait un grand écart de culture politique sur les autres chefs d’Etat d’Afrique d’Europe. Et personne n’a jamais compris ‘’l’identité politique’’ de Félix Houphouët-Boigny jusqu’à sa mort en 1993. Mais l’homme d’Etat ivoirien avait toujours dit qu’il faisait beaucoup plus appel à son cœur pour prendre ses responsabilités. Une attitude d’humilité, de spiritualité qui manque à ceux qui dirigent le continent aujourd’hui. Figure emblématique des indépendances africaines, Félix Houphouët-Boigny, jusqu’à sa mort n’a pas accepté la présidence de l’Oua ou de la Cedeao, convaincu que ces organisations allaient jouer à l’équilibrisme entre Washington, Paris et Londres. Qu’on l’aime ou qu’on l’aime pas, l’homme d’Etat ivoirien a tout créé : le Rda en 1946, le conseil de l’entent 1959, l’Oua 1963, la Cedeao 1975. Et, pourtant au passage, Félix Houphouët-Boigny, homme politique de principes, n’avait jamais enclenché une action pour revendiquer la paternité de ces organisations sous-régionales et continentales. Dans sa gestion politique et diplomatique de tout temps, Félix Houphouët-Boigny n’était pas un chef d’Etat impulsif ; il n’était pas aussi champion de l’autosatisfaction. Personne ne fera encore mieux que Félix Houphouët-Boigny dont la vie et la vision politique recoupent très largement l’histoire des indépendances africaines. Personne ne fera encore mieux que Félix Houphouët-Boigny qui incarnait en Côte d’Ivoire autant de respect pour les Ivoiriens, la tradition, la valeur morale et la modernité. Il était le parrain des musulmans, des chrétiens. Et pour tout dire, personne ne fera encore mieux que Félix Houphouët-Boigny, patriote acharné pour la défense exclusive de la crédibilité de la Côte d’Ivoire. Félix Houphouët-Boigny est mort : ses disciples, héritiers, successeurs ont effacé au passage toutes ses leçons d’humilité, de sagesse, de politesse politique. Des héritiers, disciples, successeurs, littéralement incompétents politiques, incapables de s’imposer par le pardon. Félix Houphouët-Boigny savait tout : que les Ivoiriens n’étaient pas murs pour la démocratie et les africains à l’Oua ou à la Cedeao étaient incapables de mobiliser les peuples sur les questions essentielles et de plaider pour faire de l’Afrique, une force économique d’avenir. Félix Houphouët-Boigny avait raison de n’avoir jamais accepté de diriger aucune organisation continentale ou sous-régionale.
Par Ben Ismaël