Depuis la crise post-électorale, les Ivoiriens vivent dans un climat sécuritaire qui laisse à désirer. Leur quotidien est rythmé d’une part, par des attaques meurtrières menées ces dernières semaines par un commando dit mystérieux, et d’autre part, par des enlèvements et arrestations conduits par les Forces Républicaines de Cote d’Ivoire (FRCI). Ces enlèvements sont, pour la plupart, consécutifs à des dénonciations aussi bien calomnieuses que fantaisistes qui s’apparentent plus à des règlements de comptes contre des adversaires politiques. C’est certainement dans cette optique que depuis quelques jours, une certaine presse se fait l’écho d’une prétendue enquête qui me présente comme le cerveau d’une rébellion qui se préparerait depuis le Libéria voisin. Cette enquête menée par Monsieur Venance Konan et publiée en début de cette semaine par le quotidien dont il est le Directeur Général, Fraternité Matin, à été reprise par un autre quotidien du même bord politique, le Mandat.
Face à cette alchimie qui tient forcément à m’associer à un quelconque projet de rébellion ou de déstabilisation de mon pays, je voudrais interpeler les auteurs de ces articles et leur rappeler que le comportement d’un adversaire politique, aussi mauvais soit-il , ne parviendra pas à me changer au point de me pousser à renier mon passé de celui qui est descendu dans la rue pour s’opposer aux rebellions dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire. Je m’emploie plutôt à ce que mon comportement conduise mes adversaires à reconsidérer les préjugés et autres a priori à mon encontre.
Est-il encore besoin de vous rappeler que je suis opposé à l’usage des armes comme moyens de conquête du pouvoir? Je demeure attaché à cette philosophie qui a été et reste le fondement de mon action politique : la politique sans arme. Et vous ne réussirez pas à me transformer en putschiste. Celui qui prend des raccourcis politiques n’a pas foi en sa vision et doute de son aboutissement; ce qui n’est pas mon cas. Car je considère la politique non pas comme une course de vitesse mais plutôt comme une course de fond. Bien que les miens soient chaque jour enlevés, arrêtés, souvent mêmes assassinés loin des objectifs des caméras, je souhaite toujours que nos différends politiques se règlent par le dialogue et la paix. Faire la paix par le dialogue dans un pays, qui a été déchiré par une crise liée à des élections, n’est pas une option, c’est un impératif pour le peuple de Cote d’ivoire. Je reste convaincu que le dialogue pose les balises d’une lisibilité et d’une visibilité politiques durables dont notre pays a besoin. C’est pourquoi je considère que ceux qui inventent des histoires de rébellion et les montent de toutes pièces, dans le seul objectif de se rendre utiles aux yeux du pouvoir ne rendent pas service à la côte d’ivoire. Ils peuvent justifier leurs primes et autres prébendes d’une façon plus positive en aidant à réduire la fracture entre les Ivoiriens. Car comme une plaie qui a besoin de toutes les cellules du corps pour se cicatriser, la côte d’ivoire a besoin de toutes ses filles et fils pour reprendre le chemin de la réconciliation, de la reconstruction et du développement. Pour y arriver, notre pays a besoin de discours et d’actes d’apaisement. Tous ceux qui, au lieu d’y contribuer, attisent plutôt les braises, seront un jour montrés du doigt par le tribunal de l’histoire. Car autour de nous il y a trop de familles en larmes. C’est pourquoi j’appelle le pouvoir à cesser la série de répression et de traque contre l’opposition et de simples citoyens pour leur appartenance politique. Cessons de voir en l’autre la cause de nos malheurs. Faisons la paix par un dialogue vrai et sincère, nous en avons les capacités
Que dieu bénisse la cote d’ivoire et son vaillant peuple
Charles Blé Goudé
Opposant politique en exil forcé
Source: http://angeeverse.wordpress.com