Le huis clos des 24 et 25 septembre du proçes du Président Laurent Gbagbo à la CPI, commence à
livrer ses secrets. Selon nos sources, cet huis clos a fait pataquès. Il a accouché d’une souris, et toutes les parties se sont quittées dans le brouillard le plus total, sans aucune date pour le prochain procès.
Les temps ont beaucoup changé depuis que Laurent Gbagbo est arrivé à la CPI le 30 novembre 2011, dépeint alors comme le dictateur le plus dangereux au monde, l’homme qui s’arcboutait au pouvoir, au point d’avoir commis des crimes de sang, des crimes économiques et génocides, rien que pour se maintenir au pouvoir.
Puis après, devant la mobilisation exceptionnelle en sa faveur et la mise à jour de nouvelles preuves, la Cpi a reconnu qu’en fait, c’était un homme très populaire dans son pays, et même en Afrique et dans le monde, au point de lui refuser la liberté provisoire comme demandé par son avocat, Me Emmanuel Altit. Pour la Cour, beaucoup de gens puissants pouvaient cacher Gbagbo afin qu’il ne se présente pas à son procès. Bizarre pour un homme qui est resté au palais présidentiel sous les bombes françaises.
Aujourd’hui on parle avec insistance de sa libération, avec ou sans condition. En fait, c’est Laurent Gbagbo qui semble poser désormais ses conditions à la CPI.
DURANT CES DEUX JOURS DE HUIS CLOS, on a essentiellement parlé de la santé du Président Laurent Gbagbo et de sa libération sous condition, vers une terre d’exil comme l’Ougnda, la Zambie ou l’Angola. En effet, l’état de santé du président Gbagbo inquiète plus d’un car il a été torturé puis empoisonné pendant plusieurs mois au bagne de Korhogo, par le sinistre Fofié Kouakou, com’zone FRCI de la ville. Les séquelles de ses sévices corporels sont tels qu’ils sont aujourd’hui des arguments de poids pour ses avocats, afin de demander sa relaxe pure et simple.
Selon nos sources, c’est en effet ce qu’ont demandé ses avocats durant le huis clos.
Pour eux, la santé du Président Gbagbo, telle que mentionnée dans le rapport des experts médicaux, ne lui permet plus de subir un procès éprouvant qui pourrait durer plusieurs années.
Me Altit réclame donc la relaxe pure et simple de son client pour raison médicale.
Sur la question de la libération du Président Laurent Gbagbo, la CPI aurait consenti à le libérer, mais sous condition, et avec un pays d’accueil comme l’Ouganda, la Zambie, ou l’Angola.
Sur ce dernier point, le Président Laurent Gbagbo aurait été d’une fermeté sans failles: « Ce sera MAMA ou RIEN », et « Qu’on me dise enfin qui a gagné les élections », aurait-il dit. Pour rappel, MAMA est le village natal du Président Laurent Gbagbo.
Autrement dit, Laurent Gbagbo aurait posé comme préalable à sa libération, d’une part, qu’il soit accepté qu’on recompte les voix pour qu’on sache qui a gagné les élections, et que sa destination finale soit son village natal « MAMA », d’autre part.
La CPI aurait avancé des raisons de sécurité qui empêcheraient le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Le régime Ouattara ne serait pas du tout prêt à assurer sa sécurité. Les avocats de Laurent Gbagbo auraient avancé que ce sont des choses qui pourraient se discuter. Qu’on pourrait confier la sécurité de leur client à l’Angola ou à l’Afrique du Sud. Mais la CPI préfère une liberté sous condition dans un pays africain. Laurent Gbagbo aurait une fois encore tranché : « C’est MAMA ou rien ». D’où le blocage.
La cour s’est séparée sans même donner une nouvelle date d’audience.
Il faut dire que le cas Laurent Gbagbo est devenu un os dans la gorge des juges de la CPI, laquelle joue même sa survie dans ce procès.
La complexité du cas Laurent Gbagbo pousse les juges de la CPI au bord de la crise de nerf.
C’est ainsi que la juge Silvia Fernandez de Gurmendi a menacé de rendre le tablier si SORO et les hommes du camp Ouattara impliqués dans les crimes de masse en Côte d’Ivoire ne lui sont pas livrés au plus tard en DÉCEMBRE prochain.
A la Cpi, certains juges ont même mis en doute les preuves de l’ex-procureur Ocampo. C’est le cas du juge allemand Hans-peter Kaul qui s’en est pris violemment à lui.
Il l’a même ouvertement accusé de fabriquer de «fausses preuves» avec «des témoins qui ne savent rien» du tout.
Nous y reviendrons.
Christian Vabé avec Michèle Laffont, correspondante aux Pays Bas