La grogne des militaires basés dans la ville de Blolequin dans l’ouest de la Côte d’Ivoire s’est intensifiée ces derniers jours. L’exaspération qui couvait depuis longtemps déjà a atteint son paroxysme. Et ces temps-ci, ils menacent de se soulever contre leur hiérarchie, le commandant FRCI de Blolequin, Zouoty Eloi dit lieutenant Zoulou, dont ils désapprouvent les méthodes et agissements aux antipodes, dénoncent-ils, de la vocation et de la discipline qui caractérise la Grande Muette. A l’origine du clash, les militaires qui ont été déployés par le gouvernement pour sécuriser la zone reproche au commandant FRCI de la ville, par ailleurs frère du général Michel Gueu, un cacique dans la sécurité d’Alassane Ouattara, d’utiliser des milices privées pour terroriser les populations contrairement à la mission régalienne que l’Armée doit assurer. En effet, selon des informations recueillies sur place, le lieutenant Zoulou a fait cantonner ces militaires (environ une centaine) dans leur camp où ils sont cloîtrés sans une aucune véritable opportunité pour eux d’assurer la mission de sécurisation et de protection des populations pour lesquelles ils ont été déployés à Blolequin par le gouvernement. Et pour mieux assoir son hégémonie, il a fait appel à des soldats démobilisés et plusieurs jeunes (dont la plupart sont originaires de son village) qu’il a recruté pour constituer en quelque sorte sa milice privée. Avec une mission précise qu’il a confiée à ces derniers qui assurent les contrôles aux différents barrages que le lieutenant Zoulou a fait installer aux extrémités de la ville et dans les différents villages : terroriser et racketter les populations et des usagers. Les militaires en colère estiment que la sécurité des populations ne préoccupent guère le lieutenant Zoulou, obsédé par son enrichissement illicite à travers des extorsions de fonds. D’où leur indignation et la grogne qui monte en leur sein.
Tension latente à l’Ouest : des militaires menacent de se soulever
Ouattara ne contrôle rien dans l’Armée
Alors que les autorités, Ouattara et l’Etat-major des Armées se montrent hystériques et intransigeants depuis leur bureaux luxueux à Abidjan et profèrent des menacs, généralement sans effet, le lieutenant Zoulou qui est notoirement connu pour ses frasques, à l’instar des plusieurs autres chefs militaires qui continuent de faire la pluie et le beau temps à travers le pays notamment dans l’ouest, le cas de Amadé Ouérémi est également patent, continue de martyriser les populations et de contrôler les richesses de la ville avec sa milice privée en toute impunité, et en dehors de la chaine de commandement officielle de l’Armée. Autant dire que le ministre de la défense Alassane Ouattara et ses «sécurocrates » qui bandent les muscles quand il s’agirait de «pro-Gbagbo» qui sont devenus leur programme de gouvernement, ne contrôlent quasiment rien. On se souvient aussi que le chef de l’Etat avait demandé il y a quelques mois à ses hommes de libérer des maisons et autres biens privés occupés à l’issue du 11 avril 2011. Cela semble tomber dans les oreilles de sourds. Puisqu’à ce jour, plusieurs propriétés de cadres de l’ancien régime continuent d’être écumées. Comme les maisons de Jean-Gervais Tchéidé cadre du FPI et président du conseil général de Blolequin (occupée par le fameux lieutenant Zoulou), de Marcel Gossio à Guiglo ou encore celle de Kabran Appiah à Abidjan pour ne citer que ceux-là.
Benjamin Silué – Le Temps