Les chefs des 18 villages qui composent la ville d’Agboville ont donné leur position, dimanche, dans un hôtel de la ville, sur les élections municipales du 24 février prochain. «Nous ne voulons pas d’un étranger maire à Agboville. La mairie, c’est l’équivalent d’un village, et le maire en est le chef. Ici, c’est chez nous, c’est donc à nous de donner la clé de la ville à l’étranger qui arrive, ce n’est pas à l’étranger de nous donner la clé», a dit Nanan Ekissi Antoine, le chef du village d’Obodjiho, le village qui a fondé Agboville. Une réponse sans voile à Adama Bictogo, député Rdr d’Agboville. Qui, annonçait au même moment, au cours d’un meeting au centre ville, sa candidature à la mairie. Il était entouré à cette occasion du secrétaire général de son parti, Amadou Soumahoro, des conseillers spéciaux du président du Rdr, et des députés de son parti.
Le chef Ekissi a mis en garde ses frères abbey contre le danger qui guette leur ville s’ils ne se mobilisent pas autour d’un fils autochtone de la région : «Regardez ce qui est arrivé à Bouaké, parce que les Baoulé ont laissé leur ville aux mains d’un étranger, elle est devenue la capitale de la rébellion». C’est pourquoi il a lancé un appel pathétique à ses frères abbey qui sont tentés de se présenter à la mairie. «Des traitres préparent la victoire de Bictogo. Si nous dispersons nos forces, nous allons perdre définitivement le contrôle de notre ville. Le candidat du Rdr suscite déjà d’autres candidatures de fils de la région moyennant de l’argent pour nous fragiliser, mais nous n’avons pas le droit de nous laisser prendre au piège. Mobilisons autour du candidat Ekissi Béhou Innocent. C’est lui que nous les chefs avons choisi pour porter le développement de notre ville. Sans être maire, il a, énormément investi ici parce que c’est chez lui. Frères et sœurs abbey, restons unis», a conseillé le chef d’Obodjiho. Le candidat lui-même est allé dans le même sens que les gardiens des us et coutumes : «Ici, nous sommes chez nous. Nous n’allons pas vendre notre ville parce que l’Abbey ne commercialise pas sa dignité».
Bruno Kouadio – Notre Voie