Extradé vendredi du Ghana, Charles Blé Goudé a été présenté hier au juge qui l’a inculpé de plusieurs chefs d’accusation et placé sous mandat de dépôt.
Deux heures. C’est le temps qu’a duré la première audition de Charles Blé Goudé. C’était hier au tribunal d’Abidjan-Plateau, au cabinet de la doyenne des juges d’instruction, Delphine Cissé Makouéni, en présence de ses avocats. Le leader du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep) a été entendu sur les faits d’atteinte à la sûreté de l’Etat, de crimes de guerre, de vols aggravés, de détournements de deniers publics, de direction et participation à des actes de violence commis par des milices, y compris des viols et des exécutions extrajudiciaires. C’est sous une bonne escorte policière que le véhicule blindé de type 4×4, vitres teintées, transportant le prévenu est arrivé au palais de justice aux environs de 9h50. Le véhicule a stationné devant le poste de police du Parquet. L’ancien leader estudiantin a été directement conduit dans l’une des cellules. Dix minutes après, il a été emmené au bureau de la doyenne des juges d’instruction. Habillé en chemise pagne rouge bordeaux et d’un pantalon jean de couleur bleue, Blé Goudé a été informé par la magistrate-enquêteur des charges retenues contre lui. Selon une source proche du tribunal d’Abidjan-Plateau, l’ancien leader de la ‘’galaxie patriotique’’ a nié en bloc les faits. Il a indiqué qu’il va se défendre pour se tirer d’affaire. A 12h, Charles Blé Goudé a été reconduit dans sa cellule de la Direction de la Sécurité territoriale (Dst). Rappelons que c’est jeudi dernier qu’il a été arrêté à Tema au Ghana. Il a été extradé à Abidjan par la route le lendemain. «Pendant près d`une décennie, les miliciens et patriotes de Blé Goudé ont terrorisé les Ivoiriens du Nord et les immigrés ouest-africains en perpétrant des violences selon des critères ethniques et politiques », a déclaré Corinne Dufka, de l`Ong Human Rights Watch. Et de citer un discours télévisé du 25 février 2011 où Blé Goudé appelait ses partisans à ériger des barrages et à dénoncer les étrangers. Très impliqué dans les actions de réconciliation après la signature de l`accord politique de Ouagadougou en 2007, il s`est engagé corps et âme dans la campagne présidentielle. Pour poursuivre la lutte, Gbagbo le nommera ministre de la Jeunesse en décembre 2010.
Bahi K. – NordSud