En réaction au désaveu du bureau du procureur de la Cpi par les juges, le porte-parole du gouvernement, Koné Bruno, a remis au goût du jour la question principale qui devrait logiquement être au centre des débats à la Cpi : celle de savoir qui a gagné l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire ?
En réagissant sur les antennes de la radio française Rfi, le porte-parole du gouvernement, Koné Bruno, a indiqué que le régime Ouattara respecte la décision des juges de la Cpi. Cependant, il regrette qu’ils n’aient pas tenu compte de ce que le président Gbagbo aurait «refusé de quitter le pouvoir», alors même qu’il aurait «perdu les élections». Ce qui auraient, selon lui, provoqué la crise postélectorale qui aurait fait «3000 morts». Il espère même que les juges en tiendront compte la prochaine fois.
Disant les choses ainsi, le porte-parole du gouvernement Ouattara remet au goût du jour la question du vainqueur de la présidentielle 2010. Il rejoint par là même le président Gbagbo qui estime que cette question doit être au cœur des débats à la Cpi. Car c’est bien la réponse à cette question qui permettra de connaître le vrai responsable de la crise postélectorale. Et il est facile de répondre à cette question. En ce sens qu’il suffit seulement d’interroger les textes qui régissent la Côte d’Ivoire et qui demeurent en vigueur jusqu’à ce jour, notamment la Constitution.
En la matière, la Constitution indique que c’est le Conseil constitutionnel qui proclame les résultats définitifs de l’élection présidentielle. Il en résulte que tout résultat proclamé en dehors de ladite institution est nul et dénué de tout fondement juridique. C’est pourquoi on dit du Conseil constitutionnel qu’il est le seul juge de l’élection présidentielle.
Quant à la Commission électorale indépendante (Cei), c’est un organe administratif dont le seul rôle est d’organiser l’élection et d’en proclamer les résultats provisoires dans un délai de trois jours francs. Passés ces trois jours, la Cei est forclose.
Quand on jette un regard rétrospectif sur l’élection présidentielle du 28 novembre 2010, on se rend compte que c’est bien le président Gbagbo que la Conseil constitutionnel a proclamé vainqueur. Et ce après que la Cei eut été incapable de proclamer les résultats provisoires dans le délai requis.
En revanche, Ouattara, lui, a été proclamé vainqueur dans son propre Qg par le président de la Cei à l’insu de tous les autres commissaires et alors même qu’il avait largement dépassé le délai de trois jours requis.
Il y a donc, d’un côté, le président Gbagbo qui a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de 2010 conformément à la Constitution de la République de Côte d’Ivoire. Et il y a, de l’autre, Alassane Dramane Ouattara qui, lui, a été proclamé illégalement vainqueur par le président de la Cei.
C’est à partir de ces deux résultats donnés l’un par le Conseil constitutionnel et l’autre par la Cei qu’est née la crise postélectorale. Le président Gbagbo ne saurait donc en être responsable et, par conséquent, il ne peut non plus être responsable des conséquences qui en ont découlé.
Mieux, dès que la crise a éclaté par la seule faute du président de la Cei, le président Gbagbo, bien qu’étant légalement le vrai vainqueur, a proposé le recomptage des voix. En face, Ouattara a proposé la voie des armes. Et pourtant, si on avait accepté le recomptage des voix, on aurait évité la guerre et ses nombreux morts et autres conséquences dramatiques et désastreuses.
Entre celui qui a proposé le recomptage des voix- qui est une voie pacifique et celui qui a choisi la voie des armes, qui est responsable de la guerre ? C’est une autre question non moins importante à laquelle les juges de la Cpi devront courageusement répondre.
Notre Voie