Depuis que Charles Blé Goudé a été extradé puis incarcéré, son mouvement, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples est miné par une crise au sommet qui oppose deux camps. Celui de Joël Poté et l’autre mené par Bly Roselin. Ce dernier qui dit avoir été de tous les bureaux nationaux de l’ancien Cojep explique ici, les tenants de cette crise. Il parle également de la stratégie pour obtenir la libération du leader en qui, ils se reconnaissent tous les deux, Charles Blé Goudé. De même qu’il commente la dernière décision de la Cpi dans l’affaire Laurent Gbagbo.
Comment va le Cojep depuis l’Assemblée générale qui a fait de vous le nouveau président intérimaire ?
Le Cojep renoue avec ses valeurs selon la vision de Charles Blé Goudé qui sont l’éthique, la morale, l’intégrité et les autres valeurs de la gauche. C’est sur ce chemin qu’on nous a connu. Avec ce que nous constations nous ne pouvions rester sans réagir. Martin Luther King a dit que celui qui accepte le mal sans protester devient complice de ce mal. Nous avons donc décidé de dénoncer tous les maux parce que la fin d’une action politique c’est de profiter à la population. Donc si cette action étouffe la population nous nous devons de faire un recadrage au niveau national. C’est cette ligne que nous gardons et c’est cette ligne qui est celle de nos militants. C’est ce qui n’a pas été fait et toutes nos coordinations sont prêtes à mener ce combat. La force d’un mouvement est de faire des critiques mais aussi son autocritique. C’est cette capacité de faire notre autocritique qui nous rend forts et nous sommes engagés sur le terrain pour accomplir la mission qui nous a été confiée.
Que devait faire Joël Poté le président que vous avez déchargé, qu’il n’a pas fait ?
Je voudrais préciser que Joel Poté n’a pas été désigné au dernier congrès pour diriger le Cojep. Tous les militants ont renouvelé leur confiance en Charles Blé Goudé comme président du Cojep. Le congrès était présidé par Yobo Luc Innocent et Joel Poté n’était que le président du comité d’organisation. Il était donc chargé de l’organisation pratique. Il y a une différence.
Qui a été alors désigné à la fin du congrès pour diriger le mouvement en attendant l’arrivée de Blé Goudé ?
Personne n’a été désigné. Nous étions tous dans l’attente de la formation d’un bureau politique quand Blé Goudé a été arrêté. Mais je voulais souligner que le camarade Joël Poté gérait les finances. A ce titre, il devait organiser sur instruction du chef, un repas de fin d’année pour que les camarades se retrouvent. C’est dans ces conditions et dans l’attente de ces retrouvailles que Blé Goudé a été arrêté. Il y avait donc une sorte de vide juridique. En ma qualité de président de la commission statuts et règlement intérieur, je me suis dit qu’on ne pouvait pas retourner à un congrès pour désigner un intérimaire. C’est ainsi que sous mon impulsion, tous les camardes ont adhéré à l’idée de laisser Joël Poté expédier les affaires courantes. Mais grande fut notre surprise quand il s’est agi de mener des actions pour localiser notre leader. On nous parle de ‘’ne pas défier l’autorité de l’Etat’’. Allez-y comprendre quelque chose. Le Cojep ne défie pas l’autorité de l’Etat, il mène des actions conformément à la constitution pour que notre chef qui a eu ses droits violés puisse bénéficier de soins et d’une assistance juridique parce que le régime juridique sous lequel il est détenu est inconnu des procédures judiciaires ivoiriennes. Autre chose, on organise un meeting pour réclamer la libération de notre icône Laurent Gbagbo, nos amis appellent cela un meeting insurrectionnel. Ce n’était pas un meeting pour libérer notre leader Charles Blé Goudé mais une manifestation organisée par notre partenaire naturel qui est le FPI. On appelle à la démobilisation à travers une conférence de presse. Quand nous demandons une explication à notre camarade Joël Poté, il nous dit que c’est un ambassadeur qui lui a signifié que c’était un meeting insurrectionnel.
De quel ambassadeur s’agissait-il ?
Il ne l’a pas désigné si bien que nous lui avons répondu que le Cojep ne prend pas ses mots d’ordre auprès d’un ambassadeur mais plutôt de sa direction et de ses militants.
Vous disiez que c’est Charles Blé Goudé qui a été élu mais à ce moment, n’étant pas en Côte d’Ivoire, qui devait diriger en attendant la clarification de sa situation ?
Je dis que nous étions dans l’attente de la constitution d’un bureau. Et j’ai aussi dit qu’il y avait une sorte de vide juridique. Les intelligences se sont donc retrouvées pour sauver les meubles en faisant des propositions que les camarades ont acceptées pour éviter les déchirements.
Quand Joël Poté dit qu’il a été désigné dans ce laps de temps par CBG, que lui répondez-vous ?
Ce n’est pas possible ! On ne peut pas sortir d’un congrès et désigné une seule personne pour diriger. C’est plutôt un bureau qui doit être mis en place. Les seuls organes qui avaient été mis en place en attendant la formation d’un bureau sont la structure des jeunes dirigée par Gnamaka, la structure des femmes dirigée par Antoinette Gbizié, la structure des enseignants dirigée par Kahé Dogo Emmanuel. Ce sont les structures avec lesquelles nous travaillons aujourd’hui en tant que comité intérimaire qui n’aura plus sa raison d’être dès le retour de notre chef.
Arrêté depuis janvier 2013, avez-vous des nouvelles de Charles Blé Goudé aujourd’hui?
Tout ce que nous savons selon les propos du ministre de l’Intérieur, c’est que notre chef est en résidence protégée depuis qu’il a été extradé du Ghana. Nous n’avons aucune nouvelle de lui et nous ne savons pas s’il est encore en vie. Personne n’a accès à lui. Ni sa famille biologique ni sa famille politique encore moins ses avocats. C’est le lieu d’interpeller les gouvernants et au-delà, toutes les organisations des droits de l’Homme sur le drame qu’est en train de vivre notre chef. S’il est inculpé, il devrait pouvoir bénéficier d’une assistance juciciaire. Mais cela n’est pas le cas.
Mais ce qu’on ne comprend pas c’est le fait que votre chef soit en détention et derrière lui, vous entretenez des dissensions dans son mouvement. Comment expliquez-vous cela ?
Le vrai problème c’est que notre lutte était en train d’être dévoyée. Des gens menaient un combat qui n’était plus celui du Cojep. Face à cela, nos responsables de coordinations, nos structures spécialisées et tous les militants du Cojep ont pris leur responsabilité pour sauver le chef Blé Goudé. Le sauver de cette posture qui emmenait notre chef à la mort et l’isolement total. Pour des camarades, il fallait mener des actions pour saboter son travail qu’il a abattu depuis plus de dix ans. Nous avons recadré les choses et nous allons exiger maintenant sa libération.
Vous avez vos camarades d’en face qui pensent que ce sont les autorités ivoiriennes qui le détiennent et qu’il faut aller vers elles pour négocier sa libération. De votre côté, vous disiez qu’il faut mener la bataille qui vaille pour obtenir sa libération. Qu’allez-vous faire pour obtenir sa libération ?
Il ne faut pas demander pardon aux autorités pour libérer Charles Blé Goudé. Il ne faut pas s’agenouiller devant le pouvoir pour libérer Charles Blé Goudé. Ils savent qu’un détenu politique de la trempe de Blé Goudé a besoin d’un minimum. Et donc, nous allons user des moyens démocratiques que la loi nous confère pour demander sa libération. On ne peut pas passer notre temps dans les couloirs du pouvoir pour nous agenouiller. Blé Goudé a beaucoup fait pour la Côte d’Ivoire ! Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui savent que Blé Goudé a parcouru hameaux et villages pour qu’il y ait la paix et même pour que Guillaume Soro soit accepté comme Premier ministre. Quand il y a eu la bataille et la violence qui a suivi l’opération des audiences foraines, c’est encore lui qui a appelé tous les jeunes des autres camps chez Alpha Blondy pour prôner la non-violence et le dialogue. Il a toujours milité pour la lutte aux mains nues. Voici autant d’actions qui nous inspirent et qui nous guident dans nos actions. C’est notre credo et nous allons de ce fait sur le terrain pour demander la libération de notre chef.
Depuis le lundi 3 juin 2013, les juges de la Cpi ont opté pour l’ajournement de leur décision dans l’affaire le « procureur contre Laurent Gbagbo ». Ils demandent au procureur des enquêtes supplémentaires avant une quelconque décision. Comment appréciez-vous ce nouveau développement de l’affaire ?
Le report de l’audience d’infirmation ou de confirmation des charges contre le Président Laurent Gbagbo pour insuffisance de preuves est le triomphe de la vérité sur le mensonge. Car le mal atteint souvent le juste mais l’Eternel des Armées l’en délivre toujours. Comme conséquence directe de cette normalisation des choses, trois réalités sont évidentes. Primo : au regard de la confusion à la Cpi, Laurent Gbagbo doit être libéré. Affi N’Guessan, Simone Gbagbo, Blé Goudé et tous les autres prisonniers du régime Ouattara doivent l’être également car toutes les accusations à leur encontre sont aussi arbitraires et sans contenance juridique. Secundo : l’affaire Laurent Gbagbo sonnera certainement le glas de cette Cour pénale partiale, sélective et raciste. Tercio : seules la mobilisation, la détermination et la solidarité agissante des Africains pourront vaincre l’impérialisme. Le temps est l’autre nom de Dieu et tout œil verra la gloire du seigneur. Que sa paix soit sur le peuple de côte d’ivoire !
L’Intelligent d’Abidjan