Après avoir participé au défilé militaire du 14 Juillet 2011 à côté de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre français, François Fillon, s’est envolé pour une tournée africaine qui le conduira en Côte d’Ivoire, au Gabon et au Ghana. S’agissant de l’Eburnie, cette visite prend l’allure d’un service après-vente après la guerre qui a abouti au départ de Laurent Gbagbo et à l’arrivée d’Alassane Dramane Ouattara (ADO).
On se rappelle en effet la crise postélectorale qui, après de multiples tractations pour y trouver une issue pacifique, s’est soldée par une intervention militaire de la Communauté internationale, avec comme tête de pont la France dont les soldats ont contribué à déloger l’ex-locataire de la résidence de Cocody à coups de canons.
N’eût été l’appui décisif des hélicoptères de combat français (les Gazelles), qui ont nettoyé le secteur de la résidence avant que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ne terminent le boulot, l’issue des combats aurait été incertaine ou alors, elle aurait pris plus de temps.
C’est donc le principal soutien d’ADO qui arrive sur les bords de la lagune Ebrié dans le but de faire l’état des lieux. On indique même qu’à l’occasion, il annoncera une importante décision pour soutenir l’effort de reconstruction du pays d’Houphouet, dévasté par la folie de ses fils. S’agira-t-il d’un nouvel effacement de la dette?
Après Abidjan, cap sur Libreville, un autre territoire important de ce qu’on appelait jadis le pré carré français. A défaut du fou pressé, pardon du sous-préfet, c’est Fillon le garde-cercle qui fait le tour des pâturages les plus luxuriants de son domaine, car on n’oublie pas qu’après la mort d’Omar Bongo Odinga, la France a joué un rôle non négligeable dans la succession dynastique qui s’est déroulée au Palais du bord de mer.
Dernière étape de son périple, le Ghana, un exemple de bonne gouvernance politique et économique que la France voudrait, de ce fait, louer et montrer aussi qu’elle chasse désormais au-delà de ses terres francophones.
En prenant cinq jours d’oxygène loin des turbulences de la vie politique française et de son étouffant patron (même si leurs rapports se sont considérablement améliorés), ce sont ses deux faces de Janus de l’Hexagone que le locataire de Matignon promène le long du Golfe de Guinée : d’un côté, cette France qui défend la démocratie et les droits de l’Homme, fût-ce à coups de baïonnette, qui promeut la bonne gouvernance politique et économique ; de l’autre, celle qui ferme les yeux quand elle n’encourage pas carrément la dévolution problématique du pouvoir pour des intérêts souvent inavoués.
Adama Ouédraogo Damiss
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