Le siège de l’Organisation internationale pour le cacao (ICCO) vient d’être délocalisé de Londres vers la capitale ivoirienne.
Une décision plus que symbolique pour le gouvernement d’Alassane Ouattara.
Depuis le 1er octobre, Abidjan peut revendiquer à double titre d’être le fief du cacao. D’abord parce que le pays est, de loin, le premier producteur de la fève. Ensuite parce que la décision vient d’être actée de transférer le siège de l’Organisation internationale pour le cacao (ICCO), basée à Londres depuis un demi-siècle, dans la capitale ivoirienne.
UNE VICTOIRE POUR LE PRÉSIDENT OUATTARA
« C’est une très bonne nouvelle pour la Côte d’Ivoire », s’est réjoui le ministre ivoirien du Commerce, Jean-Louis Billon. Ce déménagement, qui devrait être achevé en mars 2017, « permettra aux pays producteurs d’avoir plus de poids dans la filière, notamment sur l’organisation du marché, l’évolution des cours et les programmes de recherches agronomiques », a-t-il ajouté.
Pour le gouvernement du président Alassane Ouattara, la victoire n’est pas mince. Depuis son arrivée au pouvoir, en ami 2011, le chef de l’État avait fait de ce dossier l’une de ses priorités. Depuis des mois, les ministres des affaires étrangères, Charles Kom Diby, de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa, et du Commerce, Jean-Louis Billon, ont négocié avec les pays membres de l’ICCO pour les convaincre d’appliquer une décision prise en 2002 mais repoussée en raison de la crise ivoirienne.
Après une décennie de crise politico-militaire, la politique de relance prônée par Alassane Ouattara a permis au pays de renouer avec la croissance et la grave crise post-électorale suite à l’élection présidentielle de 2010 semble désormais oubliée : deux raisons qui ont, semble-t-il, pesé en faveur de cette relocalisation.
UNE FILIÈRE À RÉFORMER
La Côte d’Ivoire devrait saisir cette occasion pour poursuivre les réformes engagées dans la filière et préserver sa place de premier producteur mondial. Les résultats acquis jusqu’à présent sont plutôt encourageants.
En 2014, la campagne cacaoyère a atteint un record de 1,7 million de tonnes, soit 35 % des volumes mondiaux. Et le cacao reste l’une des rares matières premières dont le cours reste orienté à la hausse.
En septembre, la précieuse fève se négociait autour de 3 300 dollars à la bourse de New York, soit 20 % de mieux qu’il y a six mois. Un mouvement qui s’explique d’abord par la hausse de la demande mondiale, notamment du fait de la consommation croissance en Chine.
Mais des inquiétudes demeurent. À court terme, le manque de pluie cet été et la menace du phénomène climatique El Nino pourraient entraîner une baisse de la production pour la récolte qui commence ce mois-ci en Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, le modèle ivoirien de production commence à montrer ses limites. Basé sur la petite exploitation de moins de cinq hectares, ce modèle peine à atteindre de hauts rendements et la qualité exigée faute d’investissements.
Pour encourager le cacao ivoirien, la filière chocolatière française – qui s’approvisionne à plus de 70 % sur ce marché – lançait, le 1er octobre, un label Ivoire à l’occasion d’une Journée mondiale du Cacao organisée au ministère des Affaires étrangères.
LE DÉFI DE LA TRANSFORMATION DU CACAO
La société belge KKO International annonçait, la semaine dernière, vouloir lever 9 millions d’euros en bourse, à Paris et à Bruxelles, pour étendre, via sa filiale Solea, sa plantation en Côte d’Ivoire de 850 hectares plantés à 3 000 hectares plantés d’ici. « Ce sera alors la plus grande plantation de cacao dans le monde. Ce projet va redéfinir la façon de produire du cacao en Côte d’Ivoire », explique-t-on à KKO International.
L’autre défi que doit relever la Côte d’Ivoire est celle de la transformation de la matière première. « Nous avons tout intérêt à exporter des produits semi-finis et finis pour augmenter les revenus du pays et créer plus d’emplois », a expliqué le ministre Jean-Louis Billon.
En mars et en mai 2015, deux usines de transformation ont été inaugurées à Abidjan, dont celle du chocolatier français Cemoi, mais la Côte d’Ivoire transforme encore qu’un tiers de sa production. L’objectif du gouvernement est d’atteindre les 50 %, en 2020.
C’est dire si l’« or brun » restera une ressource vitale pour le pays. selon la Banque mondiale, il représente 22 % du PIB, 50 % des exportations et les deux tiers des emplois et des revenus des Ivoiriens.
(La Croix)
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Cacao : la Côte d’Ivoire doit atteindre 50 % de la production mondiale d’ici 2020 (Ouattara)
La Côte d’Ivoire, premier producteur mondiale de cacao, doit passer de 45% à 50 % de la production mondiale de cette spéculation d’ici 2020, a exhorté le président de la République Alassane Ouattrara jeudi à Yamoussoukro, à l’ouverture de la deuxième édition des Journées nationales du cacao et du chocolat (JNCC).
- Ouattara a indiqué que la Côte d’Ivoire bien que première productrice mondiale de cacao avec 1,8 millions de tonnes, doit aller au-delà de ce score.
» Vous d evrez faire plus de 50 % de la production mondiale du cacao ’’, a-t-il lancé, s’adressant aux producteurs ivoirien, invités spéciaux de cette édition de la JNCC.
‘’C’est pour toutes ces raisons que le siège de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) sera transféré en Côte d’Ivoire « , a confié le président ivoirien Alassane Ouattara.
» Je suis conscient du rôle que doivent jouer les producteurs de cacao ‘’, a fait savoir le Président Ouattara, qui dit compter sur le monde paysan pour accroître la part du marché du pays, en restant compétitif au plan international.
Le chef de l’État a saisi cette occasion pour rendre hommage aux pionniers de la filière cacao qui ont contribué à la réalisation du miracle ivoirien et permis à ; la Côte d’Ivoire d’être le leader mondial du cacao.
La deuxième édition de la JNCC, qui rassemble tous les partenaires, industriels et producteurs de la filière cacao, et prend fin demain vendredi.
(AIP)