Le Rassemblement des républicains (RDR) du président ivoirien Alassane Ouattara et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié ont convenu de fondre leurs formations politiques dans un « parti unifié » pour favoriser la « consolidation de la paix » en Côte d’Ivoire.
Les deux principaux dirigeants de la majorité présidentielle ont « adopté le principe de l’accord politique pour la création d’un parti unifié », indique un communiqué de la présidence ivoirienne à l’issue d’une rencontre mardi soir au palais présidentiel d’Abidjan entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié.
Le « parti unifié » portera le nom de « Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix – RHDP », souligne le communiqué.
Pour MM. Bédié et Ouattara, « la création du parti unifié RHDP vise à poursuivre l’oeuvre de développement et l’action politique » du premier président ivoirien Felix Houphouët-Boigny (1905-1990) afin de « préserver la paix et la stabilité » en Côte d’Ivoire.
Créé le 18 mai 2005, le RHDP est, à l’origine, la coalition de six partis politiques qui a porté Alassane Ouattara au pouvoir en 2010 et 2015. Il comprend, outre le RDR et le PDCI, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI, d’Albert Mabri Toikeusse), le Mouvement des forces d’avenir (MFA, d’Azoumana Moutayé), le Parti ivoirien des travailleurs (PIT, de Joseph Séka Séka) et l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI, de Brahima Soro).
L’idée de la création d’un « parti unifié » au sein de ce groupement remonte en septembre 2014, un an avant la réélection d’Alassane Ouattara, avec « l’appel de Daoukro » du président du PDCI, Henri Konan Bédié.
« Tu seras le candidat unique de ces partis politiques pour l’élection présidentielle de 2015. L’objectif est double : d’abord assurer le succès du RHDP et ensuite aboutir à un parti unifié PDCI-RDR pour gouverner la Côte d’Ivoire, étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir dès 2020 », avait lancé Henri Konan Bédié à Alassane Ouattara lors d’une visite à Daoukro, le village natal de M. Bédié.
Après sa réélection, le président Alassane Ouattara a annoncé la création du parti unifié « avant fin 2017 ».
Mais des sons discordants ont commencé à se faire entendre entre les cadres du PDCI et du RDR, après le vote en 2016 de la nouvelle Constitution qui ouvre la voie à un 3ème mandat pour Alassane Ouattara.
Pour nombre de cadres du PDCI qui n’entendent pas renoncer à une candidature issue de leur parti en 2020, le RHDP doit soutenir un candidat issu de leur rang lors de l’élection présidentielle à venir.
Quant au RDR, il assure que son mentor n’a pris aucun engagement sur sa succession en 2020, qu’il a émis le voeu de voir compétir tous les cadres du RHDP pour en choisir « le meilleur » et qu’au demeurant, « on ne doit plus parler de cadre du PDCI au sein du parti unifié ».
D’où le souhait du RDR d’aller vite à la mise en place du « parti unifié » dans un délai « de 12 à 18 mois » avant la présidentielle de 2020.
Au sortir d’une réunion le 5 avril, le RDR a annoncé qu’il irait à un congrès extraordinaire, le 5 mai à Abidjan « à l’effet d’adopter les projets de textes du parti unifié, tels que arrêtés dans le cadre du comité de haut niveau ».
Un comité de haut niveau mis sur pied en octobre dernier comprenant les responsables des membres du RHDP pour préparer la création du parti unifié a achevé ses travaux mais la date de signature du manifeste reste incertaine, le PDCI retardant l’échéance.
De fait, les réticences de fond et de forme se sont transformées en débats vifs entre partisans et opposants du parti unifié, ces dernières semaines.
La tension entre les deux partis était perceptible par médias interposés et les rendez-vous manqués entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié suffisaient pour alimenter la discorde au sein de la coalition au pouvoir.
La rencontre de mardi a été l’occasion pour les deux ténors de la politique ivoirienne d’exhorter les cadres et militants de leurs partis à « faire preuve de retenue dans leurs propos et dans leurs actes ».
Dans un communiqué, le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, a encouragé MM. Ouattara et Bédié à « poursuivre ces pourparlers dans le sens de l’inclusivité » et apprécié leur « rappel à la retenue dans chaque camp pour préserver le climat de paix » en Côte d’Ivoire.