Le Week end dernier, RFI a sorti le grand jeu médiatique en publiant le contenu d’un rapport pour autant encore tenu secret par le groupe d’experts des nations unis sur la Côte d’Ivoire. La presse ivoirienne et nombreux observateurs de la vie politique en Côte d’Ivoire n’ont pas attendu longtemps pour accuser la radio internationale d’incendiaire.
De quoi s’agit-il. Et pourquoi doit-on s’affoler à la moindre publication d’une information même si celle-ci n’est toujours pas à notre avantage?
Loin de dédouaner cette radio qui a perdu toute lucidité dans le traitement des infos en direction de la Côte d’Ivoire depuis l’assassinat tragique de son correspondant Jean Hélène, il convient de rappeler aux uns et aux autres que si la presse reste le quatrième pouvoir et peut parfois influencer le cours de la vie, des évènements, elle n’est non plus exempte d’erreur et de confusion.
C’est pourquoi, il apparaît souvent judicieux de mettre en confrontation plusieurs sources avant d’en tirer une légitimité.
Pour rappel, le Conseil de sécurité des nations unies a mandaté un groupe d’Experts depuis 2004 pour évaluer la situation sécuritaire du pays et ailleurs en Afrique.
Ce groupe qui a obligation de rendre deux rapports chaque année au Conseil de sécurité (un rapport préliminaire et un rapport final) avait effectivement produit un premier rapport fin septembre, en prélude à la visite du Sous-secrétaire général à l’État de droit et aux institutions chargées de la sécurité au département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Dmitry Titov, qui effectue depuis le 4 octobre 2012 une visite de travail de cinq jours à Abidjan.
« M.Titov vient faire le point sur les questions qui relèvent de l’État de droit et des grands chantiers sécuritaires en cours tel que la réforme du secteur de sécurité et du programme national du désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), Il doit rencontrer les autorités et les institutions ivoiriennes ainsi que l’ONUCI, des agences du Système des Nations unies et d’autres partenaires », a annoncé la porte-parole de l’ONUCI, Sylvie van den Wildenberg, lors d’une conférence de presse.
Quoi de plus normal. Aussi, ce énième rapport de la communauté internationale ne devrait-il surprendre?
Pour mémoire, dans son rapport N°CS/10627 du 26 avril 2012, le même conseil de Sécurité des nations unies sur rapport de ces mêmes Experts avait donné un avis confus sur les sanctions sur les armes et les diamants en Côte d’Ivoire :
« Le Conseil de Sécurité reconduit son régime de sanction sur les armes et les diamants en CI jusqu’au 30 avril 2013 (…) Considérant que la situation en Côte d’Ivoire continuait de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région, le Conseil de sécurité a, ce matin, reconduit pour un an son régime de sanctions à l’égard des armes et des diamants, ainsi que le mandat du Groupe d’experts créé en 2004 pour évaluer la situation dans le pays.
En adoptant, à l’unanimité de ses quinze membres la résolution 2045 (2012), le Conseil de sécurité prolonge jusqu’au 30 avril des sanctions imposant à tous les États d’empêcher la fourniture, la vente ou le transfert, directs ou indirects, d’armes et de matériel connexe à la Côte d’Ivoire, à partir de leur territoire ou par leurs ressortissants, ou au moyen de navires ou d’aéronefs battant leur pavillon, que ces armes et ce matériel aient ou non leur origine sur leur territoire.
Néanmoins, tenant compte des progrès accomplis et des succès obtenus par la Côte d’Ivoire au cours des derniers mois sur la voie du retour à la stabilité, ces nouvelles sanctions ne s’appliqueront plus ni à la fourniture de services de formation, de conseils et de compétences spécialisées en rapport avec les fonctions de sécurité et militaire, ni à la fourniture de véhicules civils aux forces de sécurité ivoiriennes ».
Voilà qui est maintenant clair. Le conseil de sécurité des nations unies n’a pas intérêt à lâcher de sitôt son poulain, ADO l’américain, tout comme la France même avec les socialistes au pouvoir. Enfin, selon nos informations, ce rapport qui a fait grand bruit en Côte d’ivoire devrait être débattu le 12 octobre prochain à l’Onu. Validé ou amendé, on se demande ce que cela changerait dans le quotidien des ivoiriens qui vivent depuis l’arrivée de Ouattara dans une peur et une crainte au retour des hostilités.
Philippe KOUHON/ Eventnews TV