L’Académie des sciences, des cultures, des arts d’Afrique et des diasporas africaines (Ascad), société de savants ivoiriens qui regroupe les élites intellectuelles dans divers domaines de la société, a lancé ce jeudi 23 avril 2015, au Tiama Hôtel les travaux de son comité de suivi des actes du séminaire « élections et violence en Côte d’Ivoire ».
A cette occasion, le professeur Aké N’gbo, membre de cette structure a pris la parole.
Dans son exposé, l’ex-premier ministre de Laurent Gbagbo a exposé les causes des différentes crises en Côte d’Ivoire.
« Quand vous êtes dans un mode de gestion où le vainqueur a tout et le vaincu n’a rien, dans un contexte où le détenteur du pouvoir est le détenteur de la distribution de la rente, cela crée des tensions. Le détenteur du pouvoir a le pouvoir exclusif. C’est une source de tension et de violence. A l’issue de la crise postélectorale, beaucoup d’ivoiriens ont perdu leur emploi. Celui qui vous parle est le professeur Aké N’gbo, président élu de l’université de Cocody. En 2011 ceux qui ont gagné les élections nous ont remplacés à la présidence de l’université. Tant qu’il y aura une situation dans laquelle le gagnant des élections a droit de vie ou de mort sur les vaincus, la lutte pour le pouvoir occasionnera toujours des violences, chacun cherchera à être le distributeur de la rente financière, économique et sociale. »
«Le problème du sous-développement en Afrique n’est pas que les textes n’existent pas. Mais nous n’avons pas cette propension à appliquer les textes. Faisons l’effort de respecter les règles que nous nous sommes données librement. Par principe démocratique même, quand on n’est pas d’accord avec les textes mais qu’ils sont déjà là, il faut les respecter, sinon il y aura deux ordres : l’ordre de ceux qui sont d’accord et celui de ceux qui ne sont pas d’accord. Et quand il y a deux ordres il y a désordre », a-t-il soutenu.
Lors de la cérémonie inaugurale du comité, le professeur Ouraga Obou, ex-membre du conseil constitutionnel a fait un exposé sur la problématique de la violence dans les élections en Côte d’Ivoire.
Il a quant à lui critiqué certains aspects du contentieux électoral.
« Je constate que dans la nouvelle mouture du code électoral, le délai imparti au conseil constitutionnel est de 5 jours. (En considérant que la CEI a 3 jours) dans un pays de crise, peut-on attendre jusqu’à huit jours pour avoir des résultats ? Pourquoi ne pas garder les trois jours et mettre une disposition qui permette à la CEI de demander au conseil constitutionnel un nouveau délai ? », S’est-il interrogé.
Le professeur agrégé de droit public a dénoncé le manque de précision qui existe au niveau de l’article 64 du code électoral. « Dans le cas où le Conseil constitutionnel constate des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble, il prononce l’annulation de l’élection et notifie sa décision à la commission électorale indépendante… », Ainsi commence ledit article : « Cet article n’est pas précis et met mal à l’aise le juge constitutionnel pour apprécier la proportion des irrégularités”. Il propose que soit précisée cette proportion en écrivant par exemple que « … le Conseil constitutionnel peut annuler l’élection si les irrégularités atteignent un taux de 10 à 15 % ».
Un séminaire de l’Ascad a eu lieu en mai 2014 et s’était soldé par la mise en place dudit comité de suivi qui comprend des politiques, la société civile et des organisations internationales.