Sociétaire du VFB Stuttgart, il est parmi les Africains les plus en vue en Bundesliga. Actuellement blessé, il nous a reçus à son domicile à Stuttgart pour revisiter sa carrière et parler de l’ambiance en équipe nationale de Côte d’Ivoire
Comment es-tu venu au football?
AB : J’ai commencé á l’âge de 9 ans avec le football de la rue comme tous les gamins d’Abidjan. Mais c’est à l’âge de 11 ans avec la rencontre de Jean Marc Guilou et l’intégration dans son centre de formation que j’ai compris que le football était un métier et qu’il pouvait nourrir son homme. Ceci s’est fait non sans l’opposition de mes parents qui me prédisaient plutôt un avenir de bon écolier. Mais déterminé, j’ai du me faire une place pour être celui que vous avez devant vous aujourd’hui.
« Je ne faisais pas partie de la liste pour Beveren »
Après le centre de formation, vous posez vos valises au KSC Beveren de Belgique club qui on le sait alignait dix ivoiriens sur onze titulaires.
AB : L’expérience Beveren part d’une discorde entre Georges Ouegnin, président de L’Asec Mimosas et Jean-Marc Guilou, promoteur du centre de formation. C’est ainsi que Guilou rompt sa collaboration avec l’Asec et noue un partenariat avec la Belgique. Je ne faisais d’ailleurs pas partie du projet dès le départ. Ne pouvant plus sélectionner les joueurs de la première promotion dont est propriétaire l’Asec, son dévolu a donc été jeté sur moi pour compléter la liste. Cela a été une expérience très enrichissante.
En quittant Beveren pour le Racing club de Strasbourg(RCS) en 2004, était-ce une étape que tu voulais franchir ?
Au départ je ne vivais qu’à l’intérieur de la passion du football. Je n’avais aucune idée du développement de ce dernier. Je prenais juste du plaisir à jouer. Raison pour laquelle je n’avais pas songé qu’un club comme Strasbourg ferait appel à moi deux ans seulement après avoir déposé mes valises en Belgique. J’ai été convaincu par le fait que l’argent était aussi important dans une carrière, sur le plan financier, Strasbourg était une autre chose.
Quand on est un joueur professionnel, vivre la relégation en fin de saison, laisse-t-il des traces, où alors on se dit : je gagne mon argent et le reste je m’en fous.
AB : Ca serait commettre une erreur que de s’en foutre. La première division vous donne une visibilité que la deuxième n’en a pas et sportivement ca se ressent comme un échec. Malgré l’amour que je portais pour cette équipe, il fallait aussi tenir compte de ma carrière. Le nouveau challenge était Stuttgart.
Challenge qui n’est pas gagné d’avance, car il fallait vaincre la double barrière linguistique et culturelle.
AB : vous avez raison de le signaler. Moi aussi j’avais des appréhensions mais le coach m’a mis en confiance en me garantissant une place de titulaire. Le contrat que j’avais imposait aussi de la part de mes coéquipiers admiration et respect. Pendant la coupe du monde 2006, l’Allemagne me paraissait comme une nation étrange, introvertie mais avec le temps j’ai compris que les gens y avaient la joie de vivre et aujourd’hui j’aime ce pays plus que tout.
2007, pour ta première saison, tu es champion d’Allemagne. Comme on dit en Côte d’ivoire, ce n’est pas petit boucan.
AB : ce n’est vraiment pas petit boucan. La saison n’était d’ailleurs pas facile et connaitre le titre en fin d’année pour la première fois de ma jeune carrière était émotionnellement très fort.
« Avec Armin veh c’était spécial »
Il y a une constante au VFB Stuttgart. Armin Veh est champion et l’année d’après il est remercié. Marcus Babel son adjoint prend le poste, qualifie l’équipe pour la Champions League et l’année d’après il est demis de ses fonctions. Christian Groß vient en messie, fait une deuxième partie de championnat incroyable et est après une mauvaise entame de championnat prié d’aller voir ailleurs. Qu’est-ce qui fait problème ?
AB : Je ne peux vous l’expliquer ; je m’interroge comme vous. Après chaque changement d’entraineur, nous faisons de bons résultats.
Quelle est ta préférence parmi les trois entraîneurs cités plus haut?
AB : avec Armin Veh, c’était spécial. Ca c’est lui qui m’a fait venir à Stuttgart et je bénéficiais de toute sa confiance. J’ai été très peiné par son départ. Marcus Babel a été mon coéquipier pendant l’année du sacre. Et avec lui j’étais indiscutable titulaire. Christian Gross aussi m’a dès le départ fait confiance mais parti pour la CAN, il a été satisfait ave ma solution de rechange il a fallu a mon retour me battre pour ma place et chaque fois que j’avais l’occasion, je lui prouvais que ma place était parmi les titulaires. L’entraîneur actuel qui était l’adjoint de Groß sait qui je suis et m’utilise dans plusieurs registres.
La place que VFB occupe aujourd’hui dans le classement n’est pas honorable. Y’ a-t-il un espoir de voir une amélioration?
AB : si vous regardez ces dernières années, vous conviendrez avec moi que notre mérite a toujours été de mal commencer pour mieux finir. Ce sera aussi le cas cette saison.
Arthur Boka se rappelle-t-il quel a été son premier match avec les Eléphants de Côte d’Ivoire ?
AB : Bien évidement, c’était en 2004 contre la Tunisie où nous gagnons deux buts à zéro et je fais une passe de but.
Tous les observateurs sont d’accord que vous êtes une génération dorée avec les Drogba, Touré Zokora. Pourtant depuis 92, aucune distinction continentale n’a frappé la porte de la Côte d’Ivoire.
AB : Ainsi est fait le football. Le monde entier en parle, pourtant notre jeu est satisfaisant. Je pense qu’il nous manque une forte concentration et peut-être de la chance. Nous avons néanmoins participé à deux phases finales de la coupe du monde et une finale de la CAN. Ce qui n’est pas rien. Il faut seulement continuer à travailler tout en ayant espoir que demain serait meilleur.
Il y a aujourd’hui un débat en Afrique sur l’opportunité d’engager des nationaux comme sélectionneur. La Côte d’Ivoire a tranché. Est-ce que le salut des Eléphants passe aujourd’hui par François Zahoui
AB : C’est un très grand entraineur qui a du caractère et de la personnalité. Il m’utilise comme il veut, il est techniquement et tactiquement flexible. Il a lui-même été joueur professionnel : Le groupe a du respect pour lui.
L’autorité de Didier Drogba a été ces derniers temps au centre de plusieurs contestations. Y a-t-il un problème Didier Drogba au sein des Eléphants ?
AB : Nous ne savons pas si Didier a un problème, il a été blessé et a repris avec Chelsea. Il a estimé l’autre fois ne pas être au top de sa forme pour représenter dignement les Eléphants. Il faut dire que sans lui nous avons gagnés les deux derniers matchs. Son absence donne la possibilité aux autres jeunes de montrer de quoi ils sont capables. Drogba est notre capitaine mais sans lui nous pouvons bien nous débrouiller.
La rumeur selon laquelle Yaya Touré aurait eu «un échange de civilité» avec Drogba est-elle avérée?
AB : je ne suis pas au courant mais je ne crois pas. Car connaissant bien Yaya avec qui j’ai joué, il ne peut pas dire cela. Les gens racontent du n’importe quoi.
« Les autres africains doivent-ils attendre que Drogba et Eto’o arrêtent leur carrière pour aspirer au ballon d’or ?».
Pensez-vous qu’Eto’o, Drogba ou Asamoah peuvent espérer le ballon d’or FIFA ?
AB : Normalement Eto’o Fils devrait pouvoir le faire. Mais je pense qu’au finish, c’est un Espagnol qui sera sur la plus haute marche du podium, Coupe du monde oblige.
Quel est votre favori pour le ballon d’or africain ?
AB : je suis convaincu que se sera encore une affaire Eto’o-Drogba. On devrait comme pour le ballon d’or France football 2006 (Canavaro) primer un joueur ordinaire. Beaucoup d’autres africains ont les qualités et le talent pour le ballon d’or.
Penses-tu par exemple à un joueur comme Michael Essien ?
AB : Bien évidement il a le talent pour être ballon d’or. Que doit-il faire de plus ? Les autres africains doivent-ils attendre que Drogba et Eto’o arrêtent leur carrière pour aspirer au ballon d’or ?
Quelles sont tes distractions en dehors du football ?
AB : je n’ai pas de distractions particulières. Peut-être un peu de promenade. Je ne suis pas un accro des jeux.
Ton cœur est-il déjà pris ?
Question provocatrice, il faut laisser faire le temps.
« La paix est plus chère que tout »
Après 8 années de guerre et de division, la Côte d’ivoire a finalement voté. Quel était le sens de cette contribution des footballeurs avec le clip fair-play ?
AB : C’était pour dire aux hommes politiques que la paix est plus chère que tout. Le peuple n’a que trop souffert. Les footballeurs sont aujourd’hui les modèles. Nous avons interpellé les jeunes sur l’importance de vivre dans une patrie unie
Beaucoup de jeunes rêvant de devenir comme vous quittent précocement le continent noir pour l’aventure.
AB : Je leur dirai que seul le travail est grand et qu’il ne faut pas brûler les étapes. J’ai passé près de dix années de formation pour devenir ce que je suis aujourd’hui. Que les jeunes cessent de prendre l’Europe pour une fin en soi.
Source: diasporanews.eu