«Nous sommes prêts, nous attendons l`ECOMOG de pieds fermes. Nul n`a le droit de laisser son pays piétiner par des forces étrangères. Les Forces de défense et de sécurité de Côte d`Ivoire (FDSCI) feront face à la guerre que prépare l`ECOMOG. Nous en avons les moyens et nous avons les hommes. Il faut bien mourir pour son pays non! » En nous faisant ces confidences hier jeudi 20 janvier en marge d`une cérémonie au camp Galliéni au Plateau, l`officier supérieur des FDS avec qui nous avons échangé -il a requis l`anonymat- répondait en effet à la menace de la force ouest-africaine, ECOMOG, de descendre sur Abidjan pour contraindre le président Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir. A Bouaké, ville baptisée « capitale de la paix« par Guillaume Soro, on prépare secrètement une offensive contre le régime de Gbagbo.
Des chars, des véhicules avant-blindés et des camions de transport appartenant à des troupes françaises ont été aperçus dans Bouaké ces derniers jours. En prélude à une action vigoureuse contre l`Armée régulière ivoirienne restée fidèle à Laurent Gbagbo, les forces françaises de l`opération Licorne se sont donc réinstallés dans le fief de la rébellion des Forces nouvelles (FN), occupant une imposante bâtisse. Outre les militaires français et leur armement qui font penser à des actions militaires imminentes sur Abidjan, il y a aussi l`important déploiement des casques bleus de l`ONUCI dans la capitale de la Vallée du Bandama. L’aéroport de Bouaké est devenu, en effet, un camp militaire où se trouvent tentes, conteneurs et armes (?), le tout entouré de barbelés de fer. On se prépare à accueillir les soldats de l`ECOMOG. Plusieurs centaines de soldats africains, venus de divers pays ont, selon des témoins, débarqué récemment à Bouaké pour constituer le contingent de la force ouest- africaine. «Nous sommes prêts sur le plan militaire, il appartient aux chefs d`Etat de nous donner les instructions », a déclaré le général nigérian Olusegun Petinrin, à l`issue d`une réunion des chefs des armées d`Afrique de l`Ouest, mardi et jeudi au Mali. «Nous sommes maintenant à l`écoute des chefs d`Etat: s`ils nous disent d`aller en Côte d`Ivoire rétablir la démocratie, nous irons. Nous agirons de concert avec l`Opération des nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci) si l`intervention militaire est décidée », a indiqué une autre source militaire de l`ECOMOG. Face à la pression de la force ouest-africaine, l`Armée ivoirienne, qui compte environ 60 mille hommes, se prépare elle aussi à aller au combat. Les FDS se disent également prêtes à en découdre avec ces forces extérieures qui ont pour mission de renverser Laurent Gbagbo, Président ivoirien installé par la force de la Constitution. Ce sont des militaires dévoués à défendre leur patrie, quel qu`en soit le prix à payer, que nous avons vus hier jeudi à l`Etat-major à Abidjan Plateau, à la faveur d`une cérémonie. Au plan international, le principal pays africain allié de Laurent Gbagbo dans la crise, l`Angola, qui est contre une éventuelle intervention de l`ECOMOG, n`écarte pas d`apporter son soutien aux FDS. Luanda veut participer à la riposte qu`organiserait le régime Gbagbo en cas d`une attaque de l`ECOMOG sur Abidjan.
En plus des soldats angolais qui seraient déployés en Côte d`Ivoire, selon le bimensuel « La Lettre du Contient« (LC), deux Sukhoï 27 et un MI 25 angolais auraient effectué des manœuvres au-dessus du domaine maritime ivoirien. Cette opération de repérage visait à identifier les sites devant être défendus en cas d`intervention de l`ECOMOG. L`autre objectif dans cette parade aérienne angolaise en prélude à une éventuelle attaque de l`ECOMOG était de repérer les bases logistiques de l`Opération des Nations unies en Côte d`Ivoire (ONUCI) et de la force française Licorne. L`Angola, selon nos sources, pourrait publiquement apporter, les jours qui viennent, un soutien militaire au régime de Gbagbo, avec qui il a signé, il y a quelques années, un accord de défense. S`il est vrai qu`on n`en sait pas trop sur l`armement des Forces ivoiriennes, il y a que l`armée fidèle à Laurent Gbagbo possède encore une flotte aérienne et des forces terrestres capables de mener plusieurs semaines de guerre intense sans plier l`échine. «Il s`agit de défendre mon pays,il s`agit pour moi de vaincre l`ennemi », a lâché, amer, l`officier FDS que nous avons approché hier. On peut le dire, à Bouaké comme à Abidjan, on prépare la guerre, au risque d`installer le chaos dans le pays.
TRA BI Charles (L’Inter)