Le Général putschiste Gilbert Diendéré vit des heures incertaines. Ancien chef d’état-major et frère siamois de l’ancien dictateur contraint à démissionner le 31 octobre 2014 par un soulèvement populaire, Blaise Compaoré, Diendéré tente sa propre chance le 17 septembre 2015. Il renverse les autorités de la Transition. Il avait fait ses armes depuis le 15 octobre1987 contre le capitaine Thomas Sankara. Le Président de la Transition Michel Kafando et le Premier ministre Yacouba Isaac Zida sont pris en otage, puis libérés sous pressions. Mais quel pays de coups d’Etat ! Maurice Yaméogo, le premier Président qui conduit le pays à l’indépendance en août 1960 et réélu le 3 octobre 1965, aura eu un mandat de 6 ans et 22 jours. Il sera renversé le 3 janvier 1966 par Aboubacar Sangoulé Lamizana qui ouvre ainsi le bal des putschs et suspend la Constitution. Vive des gouvernements militaires ! Il sera parfaitement imité par Saye Zerbo le 25 novembre 1980, après 10 ans 5 mois et 11 jours. L’esprit de coup d’Etat semé par Sangoulé Lamizana est en train de faire des émules au sein de l’Armée. Alors si le putsch est une excellente idée pour Lamizana et Seye Zerbo, pourquoi ne le serait-il pas pour Jean-Baptiste Ouédraogo ? Celui-ci prendra « ses responsabilités » en culbutant Zerbo le 8 novembre 1982. Seye Zerbo n’aura eu droit qu’à 1 an 11 mois et 13 jours de dictature et de rattrapage. Mais son balayeur aura moins de chance, puisque le 4 août 1983, soit après seulement 8 mois et 27 jours à la tête de la Haute-Volta, il sera à son tour renversé par Thomas Sankara. La succession au pouvoir par coup d’Etat dans le pays des intègres s’érige désormais en culture. Mais Thomas Sankara rebaptise le pays, devenu Burkina Faso. Il entreprend des reformes panafricanistes profondes dont la priorité aux Burkinabè. Une option qui, manifestement, ne fait pas le bonheur de l’impérialisme. Ainsi, le 15 octobre 1987, après 4 ans 2 mois et 11 jours au pouvoir, le capitaine Thomas Sankara sera assassiné dans un putsch qui a conduit à la tête du Burkina Faso, son ami et frère d’arme Blaise Compaoré. Figure emblématique de la Françafrique dans la sous région ouest-africaine, Compaoré connaîtra un règne sans partage pendant 27 ans. Période pendant laquelle il fait la pluie et le beau temps. Il repend l’esprit de putsch en faisant de son pays la base arrière à plusieurs rébellions dont celle du Mpci (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire) de Guillaume Soro, de Dadis Camara (Guinée Conakry), de Fodé Sanko en Sierra Leone et de Charles Taylor au Liberia. Mais voilà qu’après 27 ans de règne, Blaise Compaoré a toujours encore l’appétit du pouvoir. Il s’entête à tripatouiller la Constitution afin de s’éterniser au pouvoir. « Trop, c’est trop ! » Le peuple sort de son lit, avec de bois de tôô (bouilli de maïs). Le 31 octobre 2014, la Révolution burkinabé chasse Blaise Compaoré du pouvoir. Il est exfiltré par l’armée française et trouve son salut en Côte d’Ivoire. Mais l’esprit de putsch resté en place, perturbe la Transition et sa dernière incarnation, Gilbert Diendéré, la dépose le 17 septembre 2015. A seulement un mois de la présidentielle de sortie de crise du 11 octobre 2015. Elle n’aura duré que 10 mois et 17 jours. Mais les Burkinabé en ont assez des putschs. Ils sont débout. Leur armée les rejoint. Diendéré et le Régiment pour la sécurité présidentielle (Rsp), son appui, sont encerclés. Il était urgent de neutraliser cet esprit de putsch ! Sans condition !
Germain Sehoué
gs05895444@yahoo.fr