Il s’appelle Ouédraogo Yemsé dit Etienne ou aussi Prophète Nabinga Etienne. Il a ses bureaux non loin du 22e arrondissement de police à Angré et son église de moins de 50 membres au Plateau-Dokui. Pour ses ‘prophéties’, il utilise entre autres subterfuges des marabouts maliens et burkinabè.
Arrivé en Côte d’Ivoire, de son Burkina Faso natal, en 1993, Ouédraogo Yemsé était employé champêtre dans la région de Divo. De là il part pour la grande capitale Abidjan et se fait embaucher comme veilleur de nuit. Ayant remarqué l’enclin des Ivoiriens à recourir à des forces spirituelles et surtout sachant que le christianisme est en vogue dans le pays, monsieur Ouédraogo qui ne sait ni lire ni écrire s’octroie le titre de Prophète chrétien.
Pour porter son nouveau titre et en vivre, Ouédraogo Yemsé use de plusieurs stratégies et s’entoure surtout de personnes d’aussi peu de foi comme lui. Monsieur Gbazare qui le fréquentait, parce qu’il le croyait un véritable serviteur de Dieu, raconte qu’il s’est séparé de lui, parce qu’il avait suivi comment le faux prophète avait utilisé des veilleurs de nuit burkinabè pour faire croire à un homme que sa famille lui en voulait.
Avec l’aide de ces veilleurs de nuit, le faux prophète Ouédraogo Yemsé met des cadenas sous terre dans la cour. Puis, rencontrant le propriétaire, il lui dit qu’il a eu une vision dans laquelle il aurait vu que le monsieur en question serait en danger de mort car sa famille lui en voudrait. Dans sa panique, le patron des veilleurs de nuit burkinabè supplie le faux prophète de l’aider. Ce dernier demande alors une forte somme d’argent pour des offrandes sacrificielles. Puis, le magot en poche il s’en va déterrer dans la cour, sous les yeux apeurés de sa victime, des cadenas qu’il avait lui-même enfouis dans le sol.
Naturellement, de tels ‘exploits’ lui valent respect et de bouche à oreille, sa renommée s’agrandit parmi les grands noms de Cocody. Ainsi, que ce soit pour des élections ou pour la quête d’une promotion professionnelle, les grands se tournent vers Ouedraogo Yemse qui lui a son tour se tourne vers des marabouts maliens et burkinabè selon les cas.
D’ailleurs, le faux prophète ne cache pas son statut de ‘prophète des grands’. Il exhibe avec fierté sa ‘Toyota Landcruiser’ que lui aurait offert Soro Euloge, le frère ainé du président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Pour ses ‘grands clients’, Ouédraogo Yemsé dit Etienne sera l’intermédiaire entre eux et des marabouts qui opèrent sous sa direction. Ensemble, ils établissent des diagnostics et des potions à administrer aux ‘malades spirituels’. Et Selon le rang du ‘grand client’ on le fera saigner au maximum.
Selon leur scénario, le faux prophète prend attache avec le grand client et lui établit un diagnostic spirituel à travers lequel il instaure la peur dans l’âme de la victime. Ensuite, il demande des offrandes sacrificielles pour présenter des prières devant Dieu. Puis, petit à petit, Ouédraogo Yemsé dit Etienne introduit ses marabouts faisant croire aux clients que l’islam et le christianisme partageant le même socle de l’ancien testament ne s’excluent pas.
Englués dans la manipulation, les clients ne peuvent plus qu’accepter de tomber dans la forfaiture en se livrant à toute sorte de dépouillement.
Pour agrandir son champ d’action, Ouédraogo Yemsé dit Etienne a décidé de frapper parmi la Diaspora. Il a récemment réussi à grugé un Ivoirien résidant en Grande-Bretagne sur la somme de plus de 15 millions de francs cfa. Le ‘Binguiste’ avait été présenté à Etienne par un autre pasteur ivoirien.
Sur la base de la confiance, l’homme qui se voulait discret auprès de sa famille est tombé dans le piège du ‘prophète brouteur’ qui n’a fait que lui promettre des services dont l’acquisition d’un terrain nu et un permis d’exploitation de bois. Tous les Western Union ayant été faits, l’Ivoirien de l’étranger se rend à Abidjan pour s’approprier ses biens. Quelle ne fut sa surprise de savoir que monsieur Ouédraogo Yemsé dit Etienne et sa bande organisée d’escrocs ne lui avaient vendu que des illusions.
Comme autre illustration des méfaits de ce prophète malhonnête, le Journal Mousso, dans sa parution numéro 696 du lundi 6 au dimanche 12 mars 2017, a publie un article d’investigation sur le même faux prophète qui abuserait des femmes en leur faisant croire à des miracles matrimoniaux et qui s’enduisant le pénis ‘d’huile d’onction’ jouirait de leur intimité. Il aurait ainsi violé plus de 150 femmes.
SD