Qui l’eût cru ! Paul Yao N’Dré qui fait prêter serment à Alassane Ouattara en qualité de président de la République de Côte d’Ivoire. Pour beaucoup, c’était une utopie, un rêve irréalisable. En tout cas, jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel rende sa décision le 5 mai 2011 à son siège à Cocody, de nombreuses personnes étaient prêtes à parier que Paul Yao N’Dré ne se dédirait jamais (il avait proclamé Laurent Gbagbo, président élu le 4 décembre 2010). Aujourd’hui, on se rend bien compte que celles-là ont eu tort. Mais pour parvenir à cette décision, il a fallu des négociations secrètes ! Selon des sources bien informées, le président de la République du Ghana a été pour beaucoup dans la prise de ladite décision. Après l’arrestation de Laurent Gbagbo, John Atta-Mills a eu des rencontres avec des proches du président ivoirien déchu présents dans son pays. Amenés par Koulibaly Mamadou, le numéro
1 ghanéen a expliqué aux barons de l’ex-camp présidentiel ivoirien pourquoi il était important de jouer l’apaisement. Le chef de l’Etat ghanéen n’est pas seulement entré en contact avec les collaborateurs de M. Gbagbo. John Atta-Mills l’a fait aussi avec les nouvelles autorités ivoiriennes. Après plusieurs échanges avec les deux parties, il a réussi à conclure un “gentlemen agreement”. Voici ce qu’on peut retenir de cet accord: Alassane Ouattara doit être investi par le Conseil constitutionnel présidé par Paul Yao N’Dré et en retour, le nouveau chef d’Etat ivoirien devra permettre la libération de tous les prisonniers (dont le couple Gbagbo), le retour des exilés, la cessation de la chasse aux militants de La majorité présidentielle (Lmp) et le retour à la normalité. Notre source ne nous a pas indiqué de date pour l’application de ces mesures par le camp Ouattara. Toutefois, elle nous a révélé que pour
convaincre les partisans de l’ancien president ivoirien, Atta-Mills a fait prévaloir deux arguments majeurs. Un: il leur a rappelé que Laurent Gbagbo a chuté. Deux: il a dit que le Conseil constitutionnel peut se baser sur les conclusions du Groupe de haut niveau de l’Union Africaine (Ua) pour proclamer Alassane Ouattara comme président de la République. A l’évidence, la médiation d’Atta-Mills a payé.
Soir Info