Fpi, le temps de la rupture n’est-il pas arrivé ?
Quand deux (2) visions de la chose politique deviennent inconciliables la logique commande qu’on en tire les conséquences. Sans plus tarder.
L’histoire politique ivoirienne nous en donne pourtant de multiples exemples. Analysons des faits d’ici et d’ailleurs.
Quand des hommes du PDCI, majoritairement du nord, à un moment donné ont compris qu’ils n’avaient plus rien en commun avec le PDCI de Bedié et qu’ils n’avaient pas la légalité statutaire pour diriger ce parti ils s’en sont éloignés et ont créé le RDR.
Idem pour ces militants du PDCI, principalement de l’Ouest montagneux, qui suivants Guéi Robert lequel après avoir vainement tenté de contrôler le PDCI ont décidé de créer l’UDPCI.
À gauche cela a été aussi le cas avec Mamadou Koulibaly qui a un moment donné face aux diverses dérives du régime Gbagbo et devant son incapacité institutionnel de diriger le FPI s’en est allé créer un autre parti ; Leader. Avant lui il y a eu Anaki Kobenan et son MFA.
Ailleurs, en France, bien avant que Manuel Valls ne parle de « gauches inconciliables » Jean Louis Mélanchon avait décidé de prendre congé du PS et est allé créer son parti politique.
Marine Le Pen devant les dérives langagières de son père, créateur du Front National, n’a pas hésité un seul instant à le virer du FN. C’était une question d’image et de survie du FN. Elle se battait pour améliorer l’image du FN dans l’opinion publique, son père Jean Marie lui au contraire en revendiquait la nature raciste et violente. Le fossé était grand entre eux. Elle a pris courageusement ses responsabilités.
Comme au Front National en France où Jean Marie Le Pen a juré de faire campagne contre sa fille à la présidentielle de 2017, la crise au FPI a de toute évidence atteint sont point de rupture. Dès lors que des prétendument militants de ce parti ont activement fait campagne contre les candidats de ce parti tant à la présidentielle de 2015 qu’aux législatives de 2016. Le rubicon semble avoir dès lors été irrémédiablement franchi.
En réalité il y a deux (2) visions et lignes politiques qui s’affrontent :
– l’une, Gbagbo ou rien, qui comme son nom ne le cache pas estime que sans Gbagbo point de salut pour le FPI. Le FPI serait sa chose et comme tel il doit y être omniscient et omnipotent. De son lieu de détention il doit diriger le parti et mieux… délivrer le pays de la dictature du pouvoir en place. Tout un programme.
– l’autre, Gbagbo et nous, qui estime que sans renier l’héritage politique de Gbagbo le FPI doit le consolider en travaillant à reconquérir le pouvoir notamment par la participation au dialogue républicain et aux élections. Pour cette ligne, Gbagbo est en prison à cause de la politique et c’est donc par la politique qu’il faudra l’en extraire.
Il n’y a pas de synthèse possible. Le président actuel du FPI, Pascal Affi Nguessan, a pour tenter de résoudre cette quadrature du cercle proposé qu’un congrès unitaire soit tenu et qu’a l’issu de celui-ci le vainqueur dirige comme il le souhaite le parti. Les « Gbagbo ou rien » ont refusé cette proposition de bon sens. Ils disent avoir déjà tenu un « congrès » à Mama et y avoir élu Gbagbo comme Pdt du FPI.
S’il ne peut y avoir un congrès unitaire et si les uns ne souhaitent que la chute politique des autres le constat est sans appel : la rupture qui déjà est de fait, s’impose aussi en droit. D’ailleurs depuis 2014, les Sangaristes disent eux-mêmes avoir exclus Affi du FPI.
Le camp Affi ne doit pas avoir le complexe de la rupture s’il veut bâtir un parti fort qui promeut des valeurs proches des vraies préoccupations de nos compatriotes.
Il y a un FPI qui a un projet de société, un programme de gouvernement et une vision à court, moyen et long terme du développement harmonieux et apaisé de la Côte d’Ivoire. En face il y a un FPI qui se comporte comme un syndicat professionnel. Dont les principaux acteurs n’ont jamais été confrontés au suffrage des urnes, n’ont aucune ambition politique personnelle et même pour la Côte d’Ivoire.
Comment deux lignes aussi diamétralement opposées peuvent elles réellement encore cohabiter ? Dans la forme comme dans le fond.
Avec plus de 118 000 voix obtenus par seulement 3 députés officiellement FPI sur 6 en tout, Pascal Affi Nguessan montre qu’il est capable de se constituer un électorat propre. Un électorat qui se reconnaît exclusivement en lui et dans le FPI.
Si Affi veut aspirer à être un homme politique de 1er plan, il doit voler de ses propres ailes. Il ne doit pas accepter de vivre dans l’ombre d’un quelconque leader historique. Aucun grand homme ne vit dans la peau ou l’ombre d’une autre.
Il peut réussir et va réussir ce challenge. Aujourd’hui il controle 100% du département de Bongouanou. Ce que le FPI n’avait même pas réussi quand il gérait le pouvoir d’Etat. La déconfiture du PDCI est une opportunité à saisir. Le FPI doit rebondir à partir des zones Akans, où l’ensemble de ses nouveaux députés ont tous été élus.
A une certaine époque, l’ouest semblait être le bastion du FPI. En réalité il n’en a jamais vraiment été le cas. Gagnoa, Soubré, Daloa et San pedro étaient RDR sous le règne de Gbagbo. Ils le sont encore plus aujourd’hui. Le destin des populations de cette région a été confié par les populations elles-mêmes à ceux qui ont extradé leurs fils à la CPI. Ils l’ont fait en toute responsabilité et maturité. Acceptons-le. Respectons-le.
En réalité, le FPI est un parti important en Côte d’Ivoire mais n’est pas encore un grand parti. Deux choses le démontrent.
D’abord avant qu’il n’arrive au pouvoir il n’avait qu’une toute petite poignée d’élus. Dès qu’il a perdu le pouvoir il a perdu tous ses bastions. Contrairement au PDCI et au RDR qui dans l’opposition faisaient jeu égal avec le FPI dans toutes les élections auxquelles ils ont participé.
Ensuite, l’élection présidentielle de 2010 ou Gbagbo n’a eu que 38% des voix au 1er tour contre 34% pour Ouattara finissent par montrer que les proGbagbo ne sont pas majoritaires en Côte d’Ivoire. C’est élémentaire et c’est arithmétique. C’est de l’arithmétique élémentaire. N’en déplaise aux tenants du culte de la personnalité.
Si Affi doit construire un grand parti il doit prendre à bras le corps les problèmes des ivoiriens et présenter le FPI non plus comme un parti rancunier, haineux, populiste et tribalisme mais bien comme un parti qui aspire à gouverner les ivoiriennes et les ivoiriens. Tous, sans exception.
Affi ne doit pas avoir le complexe de la rupture. Si récolement des morceaux il doit y avoir, cela se fera avec le temps. Le temps a rapproché les frères ennemis du PDCI et du RDR dans le RHDP. Le temps n’a t il pas rapproché Mamadou Koulibaly, Anaky, KKB, Banny de Sangaré et de Gbagbo ?
Bien que sorti des entrailles du PDCI c’est aujourd’hui le RDR qui est la locomotive et le PDCI le wagon. Bien qu’issu du PDCI, l’UDPCI trône sur l’ouest montagneux. C’est à méditer.
Ils sont nombreux les ivoiriens qui, au nord comme au Sud, aiment le sens du compromis, la tempérance et l’ardeur au travail du Pdt FPI, l’homme qu’aucun autre politicien, dans l’opposition comme au pouvoir, ne veut affronter dans un débat contradictoire. Il faut à présent capitaliser cela sur des valeurs saines.
Il est temps de prendre des décisions courageuses et de mettre la Côte d’Ivoire et les ivoiriens au devant de notre engagement politique et non un homme car les hommes passent et les institutions demeurent.
Laissons le temps faire son effet. 2020 n’est plus très loin.