Voilà plus de dix ans que la Côte d’Ivoire se débat dans une instabilité économique et sociale majeure pour laquelle le peuple Ivoirien a déjà payé un lourd tribut.
Aujourd’hui, ce peuple fatigué après cette décennie a montré au monde qu’il restait confiant en l’avenir et voulait encore croire aux valeurs de la démocratie en participant de façon exemplaire aux élections de novembre 2010. Depuis lors, la page de sérénité qui devait s’ouvrir sur une Côte d’Ivoire riche de ses hommes et de ses ressources naturelles s’est tournée, la Côte d’Ivoire est au bord du gouffre et personne ne semble vouloir la retenir. Elle semble condamnée à sombrer dans une nouvelle décennie de guerre. Déjà, nombre de personnes sont la cible de milices pro ou anti, de pilleurs, casseurs et autres mercenaires instrumentalisés; les déplacés, les exilés se comptent par centaines de milliers. Au nom de quoi ? Au nom de qui ?
Le temps de la résilience
La maturité politique du peuple ivoirien, tant vantée par tous dans un prodigieux concert de louanges le temps des élections lui est déniée le temps suivant dans une même volte face unanime. Cette maturité, témoin de la conscience politique en marche d’un peuple debout, pouvait être, devait être (comme aujourd’hui dans le monde arabe) le marchepied sur lequel aurait du s’appuyer la communauté internationale. En Afrique, comme dans les pays arabes, il ne sert à rien de bousculer l’histoire. Car enfin vaut-il mieux en Côte d’Ivoire une guerre civile qu’une élection réputée volée ? L’avenir dira ce qu’il en est mais les responsabilités seront connues et l’indignation de bon ton des thuriféraires de l’ingérence à géométrie variable sur le mode : « Non, ça Laurent ce n’est pas bien, maintenant ça suffit, c’est le tour d’Alassane ! » rejoindra bientôt les palinodies sur l’intervention en Irak dans le théâtre grand-guignolesque de la Compagnie Onusienne.
Exemplarité douteuse
Etranglé par l’embargo inique imposé par l’UE, le peuple ivoirien pourrait peut-être demander aux Européens de commencer par balayer devant leur porte avant de donner des leçons de démocratie à la planète. En effet, comment dans sa résolution du 16 décembre 2010, le Parlement Européen peut-il estimer que « la seule légitimité démocratique est celle issue du suffrage universel, dont les résultats ont été certifiés par l’ONU; et invite donc M. Gbagbo à se retirer et à céder le pouvoir à M. Alassane Ouattara » alors même que 3 ans plus tôt presque jour pour jour, la légitimité démocratique issue du suffrage universel des peuples européens était elle-même niée par la signature des Chefs d’Etat ou de gouvernement du Traité de Lisbonne en dépit du vote des peuples. Ce jour-là, ces mêmes peuples n’ont entendu aucun chevalier blanc d’aucune agence onusienne venir crier son indignation devant cette atteinte inacceptable au suffrage universel.
Pour le reste, les postures de principe, les faux-nez et les cris d’orfraie de toutes ces organisations, elles-mêmes non élues, qui se tiennent par la barbichette et font la pluie et le beau temps sur la vie des citoyens du monde, devront aussi être méthodiquement décryptés. La position géopolitique et géoéconomique particulière de la Côte d’Ivoire qui aiguise singulièrement les appétits occidentaux en général et ceux de l’ex-puissance coloniale en particulier au travers de sa coûteuse opération Licorne, n’est évidemment pas pour rien dans le drame qui se joue.
By: Tekaya
David dit
La paix maintenant, pour des discussions de sortie de crise, sous l’égide de l’UA :
M. Laurent Gbagbo, après divers blocages et hésitations, a semble-t-il désormais accepté les recommandations contraignantes de l’UA, pour une sortie de crise pacifique en Côte d’Ivoire. Ce changement forcé découle de plusieurs faits : sanctions politiques, diplomatiques, économiques, financières contre la Côte d’Ivoire et ses dirigeants illégitimes, nouveau contrôle et nouvelle certification du processus électoral par l’UA (et par l’Afrique du sud, première puissance politique et économique du continent africain), débâcles militaires réelles ou simulées sur divers fronts de guerre, destruction quasi-absolue du tissu politique et socioéconomique, etc.
La communauté internationale et les autorités légitimes ivoiriennes doivent maintenir la pression de façon intelligente jusqu’à l’obtention du départ effectif de M. Gbagbo du pouvoir en Côte d’Ivoire.
Ces recommandations de l’UA, il faut le rappeler, reposent sur ces points :
_ la reconnaissance d’un seul Président élu en Côte d’Ivoire aux élections du 28 novembre 2010, après divers contrôles et certification des résultats proclamés par la CEI,
_ la formation d’un Gouvernement d’ouverture (et de réconciliation) sous l’égide du Président élu, M. Ouattara et la mise en œuvre des points en suspens des accords de sorties de crise déjà signés,
_ la prise de mesures diverses et garanties, en faveur de M. Gbagbo (et de quelques-uns de ses proches), etc.
Le processus conduit par l’UA est actuellement en cours et les parties ivoiriennes attendent que l’UA et la CEDEAO jettent les bases de cette discussion finale de sortie de crise, axée sur le retrait attendu de M. Gbagbo du pouvoir, suite à sa défaite électorale.
(NB : Pour ce qui est des ambitions politiques post-Gbagbo, il faut insister sur le fait que la succession du Guide éclairé incombe au FPI (ou LMP ou autre) et que ce parti politique choisira certainement entre ses nombreux cadres, celui qui pourra exécuter au mieux sa politique identitaire).
Les Ivoiriens doivent donc se fixer pour objectif immédiat la paix et le dialogue (malgré les difficultés fabriquées et les pièges des guerriers patentés), en créant un environnement propice aux discussions fraternelles. Une étape importante est franchie, à savoir la quasi-acceptation des recommandations contraignantes de l’UA. Il faut désormais aller vite.
Les extrémistes des deux bords, qui défendent leurs propres intérêts et qui refusent en réalité le consensus politique en cours, doivent donc être découragés par tous les moyens. Sont-ils conscients des souffrances atroces et inacceptables affligées aux Ivoiriens, (qui par des élections légitimes, n’ont demandé qu’une amélioration de leurs conditions miséreuses de vie, et non un enfer et un exil intérieur dramatique) ?
Fraternelle contribution, par David NDJA // (à Abidjan).