IvoireDiaspo : Bonjour monsieur Dagou, Après l’arrestation de Blé Goudé, la Côte d’Ivoire a connu un statu quo politique mais depuis quelques semaines, votre pays est à nouveau sous le feu des rampes. Nous aimerions aborder avec vous ces points d’actualité mais avant pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de IvoireDiaspo.Net ?
Dagou : Dès l’abord de votre question, je tiens à remercier IvoireDiaspo, partant son directeur de publication à l’honneur de mon insigne personne. Je suis né à l’état civil d’Abidjan-Plateau, où mes parents m’ont gratifié du prédiqué de noms Dagou Okou Zéphyrin. Je suis titulaire d’une thèse de doctorat en Philosophie-Lettres de l’université polytechnique d’Aachen (Allemagne).
IvoireDiaspo : Pour traiter de la situation politique de votre pays, nous aimerions commencer par un cas très récent, celui de madame Simone Gbagbo. La Cour Pénale Internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre elle depuis le 29 février 2012 mais les autorités ivoiriennes ne se sont pas exécutées. Toutefois, le 20 septembre dernier, le gouvernement de monsieur Ouattara a décidé de faire une requête près la CPI pour pouvoir juger l’ex-première dame dans son pays. Qu’en pensez-vous et quels peuvent être selon vous les motifs d’une telle décision de la part des dirigeants de la Côte d’Ivoire ?
Dagou: Votre question relève de juridictions dont les contours m’échappent. Je m’interroge cependant. Quels sont les mobiles du refus du gouvernement Ouattara à la requête d’extradition de madame Simone Gbagbo devant la Cour Pénale Internationale de la Haye et de sa demande subite près de celle-ci afin de pouvoir juger l’ex-première dame en côte d’ivoire. Madame Simone Gbagbo est-elle accusée des mêmes crimes que son époux? Pourquoi seul le président Gbagbo est à se justifier devant la Cour Pénale Internationale? Vous convenez avec moi, qu’en livrant madame Gbagbo à la Haye, le gouvernement Ouattara sera bel et bien coincé d’en livrer davantage, même dans son propre camp.
IvoireDiaspo : 14 prisonniers politiques, membres du Front Populaire Ivoirien (FPI), dont le fils du président Laurent Gbagbo, ont recouvert la liberté, de manière provisoire nous dit-on. Pensez-vous qu’ils pourraient retourner en prison ?
Permettez-moi d’abord de souligner un fait sourdement nauséabond qui prend de l’ampleur dans ce marché politique ivoirien. Je désapprouve les piques incendiaires entre LIDER et le F.P.I. Que les mercenaires de plume de chaque camp sachent garder raison et civilité dans l’art de la discussion. La tâche ô colossale à panser la déchirure du peuple Ivoirien devrait constituer le socle de la réflexion. Une plate-forme de concertation entre ces deux partis me semble plus que nécessaire pour éviter le piège de la division, gage pour une opposition forte.
Maintenant, à savoir si les prisonniers politiques, membres du Front Populaire Ivoirien (FPI) pourraient retourner en prison, car ayant été libérés sous mandat provisoire. Permettez-moi de botter en touche le volet juridictionnel. Je pense qu’il est surtout question des rapports de force et du monopole de la violence de l’état. Non, s’ils se cantonnent dans le mutisme. Oui, s’ils parlent.
IvoireDiaspo : Monsieur Affi N’guessan, le président du FPI fait partie des 14 prisonniers récemment libérés. Mais aussitôt dehors, il est parti pour une tournée au goût d’une campagne électorale dans le sud du pays. Est-ce de la simple provocation, ou y voyez-vous un message politique fort? Lequel ?
Dagou : Sans détours. Je salue les tournées du président du FPI, monsieur Affi N’guessan. En lui, je vois un homme politique courageux. Ses tournées marquent un tournant décisif dans l’environnement tendu du marché politique ivoirien. Son message aux Ivoiriens et en particulier aux membres de sa formation politique, c’est de désapprendre la peur, la surmonter, se souder pour les enjeux politiques à venir. Pour le reste l’on n’interdirait pas aux mauvaises langues et aux sources bavardes d’en faire une autre interprétation.
IvoireDiaspo : Pour 2015, certains Ivoiriens continuent de croire que l’ex-président Laurent Gbagbo pourrait affronter le fer avec l’actuel chef de l’état Alassane Ouattara. Est-ce de la pure fiction ou est-ce possible que monsieur Gbagbo brigue à nouveau le fauteuil présidentiel ?
Écoutez, le président Gbagbo n’affronte pas le fer. Au métal il oppose la démocratie, le comptage des voix. Voilà que ce mérite l’a conduit par un retournement de force devant la juridiction de la Cour Pénale à la Haye. Le jour où le criminel se pare de la dépouille de l’innocent, c’est l’innocent qui est sommé de se justifier. Ainsi, il y va du tragique de notre temps.
IvoireDiaspo : Dans le domaine sportif, Murielle Ahouré a remporté 2 médailles d’or aux mondiaux de l’athlétisme. Elle a, comme il est de coutume de le faire en Côte d’Ivoire, été reçue par le chef de l’état. Certaines personnes telles Ben Soumahoro y voient de la récupération politique. Pensez-vous que Ben Soumahoro a raison ?
Dagou : Ben Soumahoro a toujours crié son opposition, aussi personnelle que virale à l’égard d’Alassane Dramane Ouattara. Son écrit qui écorche en sourdine l’ingratitude d’Ahouré envers ses véritables parents avait en réalité comme destinataire le locataire de la présidence de la Côte d’Ivoire. Là-dessus, je pense qu’il n’y avait pas débat.
IvoireDiaspo : Pour terminer, vous vivez en Allemagne où aux dernières élections fédérales, l’Afro-Allemand d’origine sénégalaise, Karamba Diaby, a fait son entrée en tant que premier noir au parlement. Cela vous donne-t-il des idées ? Aimeriez-vous briguer un poste politique en Allemagne ?
Rires !!!!!!!!!!!!! Non ! Pour Karamba Diaby, beaucoup de succès.
Interview réalisée en ligne par Serge Daniel Atteby