La situation de crise qui prévaut depuis 2002 en Côte d’Ivoire, profite énormément à des pays voisins comme le Burkina Faso. Ce dernier bien que ne possédant aucun champ de cacao considérable sur son sol, est devenu exportateur de cacao. Selon une source proche du Conseil de gestion de la filière café et cacao (Cgfcc), «les sorties frauduleuses du cacao ivoirien par les frontières Nord du pays tournent autour de 100 mille tonnes dont le gros bénéficiaire est le Burkina Faso». Avec la connexion de ce pays les mouvements rebelles, achètent le cacao à vil prix dans les zones sous leur contrôle notamment Vavoua, Bangolo avant de le convoyer par des convois de remorques vers «des ports secs» au Burkina Faso. « D’où les négociants véreux dont des pontes du Rdr dont Adama Bictogo procèdent à un conditionnement dans des entrepôts burkinabé d’Armajaro, entreprise appartenant à Loic Folloroux, fils de Madame Dominique Ouattara. Avant d’être acheminé sur les ports de Lomé au Togo et de Monorovia au Liberia, nous dit-on». Ces dernières années, le Togo dont les plantations de cacaoyers ont été détruites par le Swollen shoot, il y a plusieurs dizaines d’années, enregistre une hausse de sa production de cacao d’environ 40 à 45 mille tonnes de fèves de cacao. Où il produisait environ 10 à 15 mille tonnes par an, avant l’éclatement de la crise du 19 septembre 2002. Par ailleurs, les dernières informations font état de l’enregistrement de 150 remorques de cacao au port de Monrovia, capitale du Liberia. Rien que sur la base de 100 mille tonnes de cacao à placer sur le marché mondial actuellement, au cours de 1700Fcfa le kg, cela fait au moins 170 milliards de Fcfa qui profitent principalement au Burkina Faso et au clan Alassane Ouattara. «C’est bien là du cacao de la guerre qui se retrouve dans le chocolat consommé par les enfants des pays membres de l’Union européenne si prompte à prendre des sanctions contre la Côte d’Ivoire. L’Ue le sait très bien depuis que le Burkina qui ne produit pas de cacao est devenu exportateur. Mais elle refuse de prendre des sanctions contre ce pays. » Nous apprend un membre influent du Cgfcc. En clair, on comprend pourquoi Alassane Ouattara et ses soutiens demandent à l’Ue de mettre l’embargo sur l’exportation du cacao ivoirien via les ports de San Pedro et d’Abidjan. Heureusement, pour la Côte d’Ivoire, ils n’ont pas été suivis.
Elysée Koffi (Le Temps)