Paris – La justice française décide vendredi de renvoyer ou non en procès la Française Christine Lagarde, soupçonnée de négligence lors d’un arbitrage en 2008 alors qu’elle était ministre, une décision qui pourrait être lourde de conséquences pour la patronne du Fonds monétaire international, selon l’AFP.
Première femme à diriger le FMI, reconduite cette année pour un deuxième mandat de cinq ans à la tête de l’institution basée à Washington, Christine Lagarde s’est forgée l’image d’une dirigeante insondable à l’épaisse carapace. A 60 ans, celle qui a connu une ascension météorique jusqu’au gotha des leaders mondiaux aborde sereine cet épisode de sa carrière.
« J’ai toujours agi de bonne foi », a-t-elle répété lors d’un entretien début juillet à l’AFP.
La justice lui reproche d’avoir laissé faire un arbitrage entre Bernard Tapie et l’ancienne banque publique Crédit Lyonnais, dont a résulté en 2008 un détournement de fonds publics de 404 millions d’euros en faveur de l’homme d’affaires français.
Si le procès a lieu, elle risque un an de prison et 15.000 euros d’amende.
Cet arbitrage visait à mettre un terme à un long contentieux lié à une vente de l’équipementier sportif Adidas. Christine Lagarde était alors ministre de l’Economie du président de droite Nicolas Sarkozy.
Bernard Tapie estimait avoir été floué par la banque au moment de la revente de l’équipementier sportif Adidas en 1994. Plutôt que d’aller devant la justice, le ministère de l’Economie avait choisi de recourir à un arbitrage privé.
L’arbitrage a été annulé pour fraude par la justice civile.
Si la décision vendredi de la Cour de cassation française suit l’avis de l’accusation rendu le 1er juillet, Mme Lagarde devra comparaître devant la Cour de justice de la République (CJR), une instance habilitée à juger les délits commis par des membres de gouvernement en exercice.
En décembre, les magistrats de la CJR avaient décidé son renvoi en procès pour le délit de « négligence », mais l’ancienne ministre avait déposé un recours devant la Cour de cassation. Les magistrats de la CJR ont évoqué « de graves négligences de la part d’un ministre chargé de la conduite des affaires de l’Etat ».
La perspective d’un procès est embarrassante pour Mme Lagarde qui aura du mal à concilier sa défense et ses obligations professionnelles à la tête du FMI, qui n’a cessé de lui témoigner sa confiance tout au long de sa mise en cause par la justice française.
Christine Lagarde a toujours affirmé avoir agi dans « l’intérêt de l’Etat » et « le respect de la loi ».
Au cours de sa carrière, Christine Lagarde a notamment été avocate d’affaires aux États-Unis, avant de devenir ministre de l’Économie en France. Fille d’enseignants, mère de deux fils, elle s’est frayée en moins de dix ans un chemin vers le sommet du pouvoir où les femmes ne sont pas légion.
Au cours des dernières années, son nom avait été avancé pour prendre la présidence de la Commission européenne, voire pour concourir à la présidence française en 2017. Mais début juillet, dans son entretien avec l’AFP, elle a assuré qu’il n’en était pas question. « Je pense que je suis mieux faite pour ce que je fais aujourd’hui que pour le monde politique et les acteurs politiques tels qu’ils sont », tranche-t-elle.
Avec Angop