Le transfèrement de l’ancien chef de l’État ivoirien à la Cour Pénale Internationale (CPI) est loin ‘être un acquis, si l’on s’en tient aux confidences de ses avocats. De sources proches de ses conseils juridiques, l’ex-président Laurent Gbagbo est déterminé à se battre envers et contre tout pour réclamer son droit constitutionnel à être jugé sur le sol ivoirien. Voici à ce propos ce que l’ex-chef du régime de la Refondation a confié récemment à ses avocats qui lui ont rendu visite dans sa résidence surveillée à Korhogo. «Le président de la République que je suis a des compte à rendre aux Ivoiriens qui m’ont élu en 2000. J’ai des comptes à rendre à mon peuple, et non à la communauté internationale et à leur justice. J’ai confiance en la justice ivoirienne. C’est elle qui doit me juger, et c’est à elle et elle seule de me condamner si je suis coupable, ou de m’acquitter si je suis déclaré innocent. Je veux que la vérité, quelle qu’elle soit, éclate en Côte d’Ivoire, dans mon pays, même si elle me dessert», a rapporté l’un des avocats de l’ancien chef de l’État ivoirien. Selon le juriste, Laurent Gbagbo a fait le parallèle entre la situation en Libye et le cas ivoirien. «Si les Libyens ont écarté la Cour Pénale Internationale et ont décidé que Saïf El Islam (le fils de l’ex-Guide libyen Muammar Kadhafi, ndlr) soit jugé sur leur sol, pourquoi pas nous?», s’est interrogé l’ex-numéro un ivoirien. Sur la nécessité de juger le chef de la Refondation sur le territoire ivoirien, ses conseils juridiques ont adopté une ligne de défense nationaliste qui vante les qualités et les mérites de l’appareil judiciaire national. «La Côte d’Ivoire est un État qui a une magistrature solide. Les Ivoiriens ont confiance en leur justice et en leurs juges. Que les autorités mettent en place donc la Haute Cour de Justice, seule institution nationale devant laquelle est justiciable le président Laurent Gbagbo, et que le pouvoir laisse les magistrats travailler. Le président Laurent Gbagbo a assuré qu’il se soumettra à la décision des juges ivoiriens», mettent en avant les juristes du détenu le plus célèbre de Côte d’Ivoire. Pour l’un des avocats de l’ex-chef de l’Exécutif ivoirien que nous avons joint hier au téléphone, la question que les Ivoiriens, et par-delà eux, les Africains et tous les défenseurs de la souveraineté des peuples devraient se poser, est la suivante: «Pourquoi M. Ouattara tient-il tant à transférer le président Gbagbo à la Cour Pénale Internationale?».
Selon ce praticien du Droit, la réponse est simple. «Alassane Ouattara veut écarter le président Laurent Gbagbo du débat politique national. Il croit que si Gbagbo est transféré à la Cour Pénale Internationale, il pourra diriger la Côte d’Ivoire en roue libre. Or M. Ouattara fait une grave erreur d’appréciation, puisque le transfèrement de Gbagbo à la CPI va faire plus de mal que de bien à la Côte d’Ivoire», argue ce juriste. Selon la presse hexagonale, lors de son récent séjour à Bruxelles, le président Alassane Ouattara a rencontré «discrètement» à Paris, le Procureur de la Cour Pénale Internationale, le Magistrat argentin Luis Moreno-Ocampo pour discuter des modalités de transfèrement de Laurent Gbagbo à La Haye.
DR. BLÉ, BEL ET BIEN À LA RÉSIDENCE DE KORHOGO
Une autre information dont s’est fait l’écho hier la presse nationale et internationale, faisait état de ce que l’ex-président Laurent Gbagbo a été séparé de son médecin personnel. Ce, en prélude à son transfèrement à la Cour Pénale Internationale, qui serait imminent. Les avocats de l’ancien chef de l’État ivoirien ont catégoriquement démenti cette information. «Ce sont des rumeurs infondées. Dr. Blé Christophe est bel et bien à la résidence présidentielle de Korhogo où est assigné à résidence le président Laurent Gbagbo», a coupé court l’un de ses conseillers juridiques joint au téléphone hier en début d’après-midi. Voici les explications données par le juriste au sujet de cette affaire: «Samedi matin aux environs de 9 heures, le médecin personnel du président Laurent Gbagbo, Dr. Blé Christophe a été autorisé, sur recommandation du président à sortir de la résidence pour aller ausculter les militaires détenus à la Compagnie Territoriale de Korhogo (CTK). Donc le médecin s’y est rendu escorté par un convoi de l’ONUCI pour apporter sa science et son expertise médicale au Général Dogbo Blé Brunot et à tous ses frères d’armes et ex-collaborateurs emprisonnés ici.
Après ses consultations, Dr. Blé est retourné vers 17H40 à la résidence présidentielle, voilà tout. Et au moment où je vous parle (hier lundi vers 15 heures, ndlr), le président Gbagbo est avec son médecin personnel», a clarifié l’avocat de l’ancien chef de l’État.
Avec L’Inter