Les Ghanéens ont commencé à voter mercredi pour le premier tour de la présidentielle qui oppose le chef de l’Etat John Dramani Mahama, dont le mandat a été marqué par des difficultés économiques et des scandales de corruption, au principal candidat de l’opposition Nana Akufo-Addo.
Quelque 15 millions d’électeurs de ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest sont attendus dans les bureaux de vote qui ont ouvert vers 07H00 et doivent fermer à 17H00 (locale et GMT).
Sept candidats sont en lice pour le premier tour, dont une ex-Première Dame, Nana Konadu Agyeman-Rawlings, mais la bataille annoncée comme serrée se jouera vraisemblablement entre les rivaux historiques: le président Mahama du Congrès national démocratique (National Democratic Congress, NDC) et le leader du NPP (Nouveau parti patriotique). Ils briguent un mandat de quatre ans.
Les résultats du scrutin sont attendus jeudi soir. Si aucun des deux principaux partis ne remporte plus de 50% des voix, un second tour aura lieu courant décembre.
Ils faisaient encore nuit lorsque les premiers électeurs se sont rendus dans le calme aux urnes à Bole (nord), région du président sortant, attendu dans la journée pour déposer son bulletin.
A l’entrée d’un township, Abudula Alhassan, 40 ans, dit venir voter pour le futur de ses quatre enfants: « Mahama a été bon pour nous », dit-il à l’AFP, citant un meilleur accès à l’eau et de meilleures routes.
Sous les yeux des observateurs de la Cédéao, l’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest, le député du parti au pouvoir (NDC), Saaka Joseph Akati, également en lice pour les élections législatives, se félicite du travail accompli.
« Presque tous les villages autour de Bole ont de l’électricité. Nous avons construit des écoles, et rénové les hôpitaux », assure-t-il.
– ‘Moment charnière’ –
John Dramani Mahama, 58 ans, est une personnalité affable et habituellement perçue comme un homme du peuple.
Il peut se féliciter d’avoir instauré une discipline fiscale mais son mandat a été entaché par un ralentissement économique, notamment du à la chute des cours des matières premières dont le Ghana est fortement dépendant (or, cacao, pétrole,…), et à des scandale de corruption au sein de l’administration, particulièrement de la justice.
La croissance économique est tombée à 3,3% en 2016 selon le Fonds monétaire international (FMI), la plus faible en deux décennies.
L’opposant Nana Akufo-Addo, 72 ans, qui se présente pour la troisième fois à la magistrature suprême juge que ce scrutin est un « moment charnière » pour le Ghana, régulièrement cité en exemple en Afrique pour sa stabilité et son système démocratique.
La campagne pour la présidentielle et les législatives a été marquée par des tensions et des violences. Un supporter du principal parti d’opposition a été tué lundi dans des heurts – qui ont également fait 14 blessés, dont six sont dans un état critique – en marge d’un meeting électoral.
M. Akufo-Addo a accusé le parti au pouvoir d’encourager les violences. Il a aussi dénoncé des tensions et des intimidations sur ses électeurs, tout en mettant en doute l’indépendance de la commission électorale.
Pour ses partisans, l’opposant porte l’image d’un « leader incorruptible » et ils espèrent qu’il pourra remettre l’économie d’aplomb pour entrer en compétition avec la Côte d’Ivoire, voisin en plein regain de croissance.
« Nous faisons face à un tas de difficultés économiques. Rien ne va », se plaint Julie Amofah, 26 ans, qui s’est rendue dans un bureau de vote de Kibi, à 80 Km de la capitale, Accra.
« J’ai voté pour le changement, pour que nous puissions aller de l’avant », a-t-elle ajouté.
Bien que le Ghana soit généralement cité comme exemple de pays démocratique et pacifique en Afrique de l’Ouest, on s’inquiète de l’influence des « macho men », des gangs financés en sous-main par des hommes politiques locaux.
Cette année, bien qu’il soit peu probable que le pays s’embrase, les experts s’attendent à des violences sporadiques plus importantes.
Lors des dernières élections de 2012, les deux mêmes candidats principaux s’affrontaient, et le président Mahama avait remporté le scrutin de peu (50,7% des voix, contre 47,7% pour M. Akufo-Addo qui avait ensuite contesté en vain les résultats à la Cour constitutionnelle).
Avec AFP