Le discours intégral de Guillaume Soro à l’ouverture de la 23è Assemblée régionale de l’Assemblée parlementaire de la francophonie qui s’est tenue le jeudi 28 mai à la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.
« Mesdames et Messieurs,
Après Brazzaville l’an dernier, Yamoussoukro, la capitale politique de la Côte d’Ivoire, accueille aujourd’hui, la 23ème Assemblée Régionale Afrique de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie.
Au nom de mes pairs et au nom du peuple de Côte d’Ivoire, avec à sa tête, le Président de la République Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, je souhaite, à l’ensemble des Parlementaires venus des terres francophones d’Afrique, la cordiale bienvenue en Côte d’Ivoire.
Je tiens spécialement à saluer la présence parmi nous, de Monsieur Augustin MATA PONYO MAPONG, Premier Ministre de la République du Congo, qui a accepté notre invitation à faire une intervention dans le cadre des thèmes que nous examinerons au cours de notre rencontre. Merci à vous M. le Premier Ministre pour cette marque de considération.
Je voudrais particulièrement adresser ma gratitude à mes Collègues présidents et aux Vice-Présidents d’Assemblée nationale ici présents :
• Monsieur Aubin MINAKU NDJALANDJOKO, Président de l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo et 1er Vice-Président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie ;
• Monsieur Guy N’ZOUBA-N’DAMA, Président de l’Assemblée nationale du Gabon ;
• Monsieur Moustapha NIASSE, Président de l’Assemblée nationale du Sénégal,
• Dr Kabadi HAROUN, Président de l’Assemblée nationale du Tchad ;
• Monsieur Issaka SIDIBE, Président de l’Assemblée nationale du Mali ;
• Monsieur Salifou AMADOU, Président de l’Assemblée nationale du Niger ;
• Monsieur Alexandre Ferdinand N’GUENDET, Président du Conseil National de Transition de la République Centrafricaine ;
• Monsieur Vincent MAVOUNGOU BOUYOU, Président du Parlement de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) ;
• M. ETONG Hilarion 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale du Cameroun ;
• Dr RACHADI Chafik Vice-Président de la Chambre des Représentants du Royaume du Maroc ;
• Monsieur OSSIALA Sylvestre 2ème Vice-Président de l’Assemblée nationale du Congo,
Et, tous les chefs de délégation de la Guinée, de la Guinée Equatoriale, du Togo et de Madagascar.
Je n’oublie pas le Secrétaire général parlementaire de l’APF, mon ami Pascal TERRASSE.
Enfin, je voudrais adresser mes salutations chaleureuses à l’ensemble des autorités politiques, diplomatiques, administratives et traditionnelles qui honorent notre cérémonie de leur présence.
Honorables Présidents, Distingués invités,
Vous le savez sans doute, notre calendrier coïncide avec les Assemblées annuelles et le cinquantenaire de la Banque Africaine de Développement qui se tiennent en ce moment même à Abidjan et qui doivent s’achever par l’élection d’un nouveau Président à la tête de la plus importante institution financière africaine.
Dans le même temps, par notre présence ici, nous consacrons Yamoussoukro « Capitale de la Francophonie ».
Il me plait donc d’exprimer le sentiment de joie et de fierté qui nous anime mes compatriotes et moi, devant la ferveur que connait notre pays ces jours-ci.
Tout de même, chers collègues, c’est non sans appréhension que la section ivoirienne a abordé l’organisation du présent rendez-vous.
Nous espérons tenir toutes les promesses liées à la réussite d’un tel événement.
Mesdames et messieurs,
Dans le cadre de notre agenda de travail, « la lutte contre la pauvreté en Afrique francophone et le terrorisme », des thèmes d’une actualité préoccupante, seront au centre des discussions que nous aurons.
Ces thèmes me remémorent une communication demeurée historique de feu le Président, Félix Houphouët-BOIGNY, en ces lieux même et je cite :
« Nous n’avons qu’un objet de haine : la guerre ! Nous n’avons qu’une seule obsession : la paix, la paix des cœurs, la paix sociale, la paix entre les Nations. »
Aujourd’hui, comme un cri du cœur, les paroles du « Sage de Yamoussoukro » continuent de faire écho.
Ces paroles, vous en conviendrez, nous invitent à nous dresser contre la guerre et contre les nouvelles formes de violences induites par le développement du terrorisme sous toutes ses formes.
Chers collègues Présidents,
Déjà en avril dernier à Dakar, à l’occasion de la 7ème Conférence des Présidents d’Assemblée et de sections de la région Afrique, la lutte contre le terrorisme a été au cœur de nos discussions. Elle a même été considérée comme une priorité dans la conduite des politiques publiques de nos Etats.
Au cours des prochaines heures, ici, à Yamoussoukro, ce thème fera à nouveau l’objet de toute notre attention, de même que celui de la pauvreté. Car nous le savons tous, la pauvreté est le terreau le plus fertile sur lequel prospère le terrorisme.
En fait, même lorsqu’il enfourche avec dextérité son cheval fougueux, l’ignoble et macabre cavalier que devient le Terrorisme dans nos pays, se nomme en réalité « Pauvreté » et « Misère » !
Cette pauvreté de nos populations, le chômage des générations nouvelles font peser sur les décideurs politiques que nous sommes, un poids énorme dont nous devons trouver les moyens de nous soulager par l’invention puis la consolidation d’une nouvelle culture centrée sur le travail et la création d’opportunités pour la grande majorité de nos citoyens, largement influencés par de nouveaux modes d’action et de contestation charriés par la mondialisation.
C’est pourquoi et je le crois vraiment, l’alerte à donner ne consiste pas uniquement à décrier et à dénoncer les torts et souffrances causés par l’ennemi, qu’il soit baptisé « Boko Haram, coalition djihadiste ou autres ».
Nos expériences vécues, les failles constatées au sein de nos systèmes sécuritaires en place, nous enjoignent fortement de sonner le tocsin et de nous attaquer aux assises intérieures exploitées par l’ennemi : la pauvreté, les criantes inégalités, les dissensions politiques exacerbées, l’intolérance religieuse, les porosités de notre dispositif sécuritaire et l’insuffisante coordination entre nos différentes réactions face à nos adversaires communs.
Aujourd’hui, il devient impérieux, au sein de nos Etats, d’aborder ces questions avec une vraie conscience nationale qui les renforce à l’intérieur, mais aussi avec une attention plus grande et plus soutenue aux valeurs de solidarité qui nous caractérisent en tant qu’Africains.
Je parle d’une conscience nationale qui s’abreuve sur les rives de la cohésion sociale et de la réconciliation des fils et filles de chacun de nos Etats africains.
J’insiste sur la nécessité de dresser « une conscience nationale sur le perron de la paix des cœurs en vue de servir de rempart sécuritaire contre les tentacules du terrorisme partout en Afrique».
Parce qu’en vérité et en définitive, comme l’a professé le Père de la nation ivoirienne « la paix, la paix des cœurs, la paix sociale, la paix entre les Nations » reste et restera le ferment du développement auquel nous aspirons tous.
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Les attentes de cette rencontre importante sont donc connues.
En nous retrouvant ici à nouveau, en nous serrant les coudes autour des défis nouveaux de la région Afrique, en nous donnant à nouveau les mains sous les gants dorés de l’APF, je ne perçois que l’expression d’une prise de conscience enracinée dans une vraie solidarité africaine, une solidarité francophone, celle des parlementaires, celle des peuples qui nous ont mandatés pour parler pour eux et en leur nom.
Comment ne pas le relever ici à nouveau chers parlementaires : « La Francophonie nous fournit un canal, un réseau favorable au tissage de liens fraternels dans le champ de la vie parlementaire, avec ses particularismes, ses exigences dont l’ouverture d’esprit, l’ouverture aux autres, l’acceptation de la discussion, du débat qui enrichit plus qu’il n’appauvrit. »
Mesdames et Messieurs
Au total Excellences Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs, au cours de cette assemblée majeure, en nous penchant sur les questions importantes du continent, nous aurons tous à cœur de préparer un avenir sans terreur et sans rancœurs, pour nos enfants et pour toutes les générations à venir.
Nous aurons à cœur la volonté ferme de « semer la graine de la solidarité et du développement sur cette terre d’espérance continentale que la coopération parlementaire se fera le plaisir de nous aider à arroser et à faire fleurir ! »
Mesdames et Messieurs,
Sur ces mots d’espoir, il ne me reste plus qu’à conclure cette intervention, non sans avoir, au préalable, félicité chaleureusement le Secrétaire général de l’APF, Monsieur Pascal TERRASSE, ainsi que le Chargé de mission de la Région Afrique de l’APF, Monsieur Christophe LUTUNDULA PENE APALA, pour avoir suivi, de concert avec la section ivoirienne, la préparation de cette activité qui nous tenait tant à cœur.
Je souhaite un bon séjour à tous nos hôtes et un excellent échange sur les sujets proposés à l’ordre du jour de cette assemblée.
Sur ce, je déclare ouverts, ce jeudi 28 mai 2015, les travaux de la 23ème Assemblée Régionale Afrique de l’APF.
Je vous remercie ! »