Dans une interview exclusive à Jeune Afrique, la première qu’il accorde depuis sa mystérieuse disparition (J.A. n° 2630, en kiosques du 5 au 11 juin), Charles Blé Goudé revient sur la chute de son mentor Laurent Gbagbo, dont il demande la libération, sa cavale et sa vision des nouvelles autorités ivoiriennes. Il y réaffirme aussi ses propres ambitions politiques.
Même en exil, Charles Blé Goudé manie le verbe comme une épée – ou comme un bouclier. Mais il n’aime pas « parler dans le bruit », dit-il dans une interview exclusive à Jeune Afrique (n° 2630, en kiosques du 5 au 11 juin). Raison pour laquelle il a préféré attendre que cesse le vacarme des armes en Côte d’Ivoire pour sortir de son silence.
Après avoir rendu publique une lettre le 31 mai, dans laquelle il fustige les exactions des forces pro-Ouattara, il prône désormais la voie de la réconciliation : « Je suis prêt à jouer ma partition (…) et les acteurs politiques – au pouvoir ou dans l’opposition – doivent reconnaître leur part de responsabilité ».
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Position médiane
Parle-t-il de la sienne également ? Pas sûr, tant l’ancien « général de la rue » de Gbagbo semble adopter une position médiane mettant dos à dos les extrêmes des deux camps. « J’ai permis à la Côte d’Ivoire d’éviter la catastrophe à plusieurs reprises. Malheureusement, ce n’est pas reconnu », clame-t-il.
N’a-t-il pas joué un rôle majeur dans la mobilisation du camp Gbagbo contre l’avancée des forces pro-Ouattara pendant la guerre ? Sur ce point, il tient à faire valoir qu’il a « refusé d’appeler les Jeunes patriotes à descendre dans la rue pour éviter des tueries massives. » Laurent Gbagbo lui a-t-il donné des instructions dans un sens ou dans un autre ? Charles Blé Goudé botte en touche, tout en réclamant la libération de l’ancien président. Mais il assume ses propre ambitions politiques, qui « restent intactes ». Son retour, dit-il, ne fait aucun doute. « Dès que les conditions seront réunies, je réapparaîtrai… »
Jeune Afrique