De jour en jour, les prises de positions et injonctions belliqueuses sans retenue du chef d’Etat français Nicolas Sarkozy, nous instruisent un peu plus sur les objectifs cachés de la France à travers la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. Dans un premier temps, certains chefs d’Etat de la Cedeao et de L’Uemoa se sont alignés précipitamment sur la position Française. Ils ont opté pour le départ du Président Gbagbo, par tous les moyens pour l’arrivée au pouvoir en Côte d’Ivoire de M.Ouattara. Compte tenu de la pression de la position française dans la crise ivoirienne, certains chefs d’Etat d’Afrique occidentale, sous l’influence de la France qui a des visées inavouées, ont mis en mal la recherche de cohésion politique économique et financière des espaces de la Cedeao et de l’Uemoa. Ces chefs d’Etat se sont désolidarisés de la Côte d’Ivoire et de son Président élu, M. Laurent Gbagbo. Rappelons que l’Uemoa et la Cedeao sont des exemples d’intégrations réussies en Afrique au Sud du Sahara. Avec l’Uemoa, huit (8) pays africains se partagent, avec une apparente tranquillité, une monnaie commune, le Cfa, sous le tutorat de la France. La Cedeao est la manifestation d’une volonté d’intégration politique que devraient manifester la solidarité, la non agression, et la libre circulation des personnes et des biens entre les Etats membres. Il y est même projeté, une réelle volonté, à terme, de mise en œuvre d’un marché commun et d’une monnaie commune sans la présence du tuteur français. Bref, avec ces deux organisations l’avenir politique économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest, devrait se renforcer de manière autonome, sans la présence de la France. Ces Etats de la Cedeao et de l’Uemoa, sous la conduite de leaders indépendantistes tels que le Président Laurent Gbagbo, Président de la République de Côte d’Ivoire, pays essentiel à l’existence de l’Uemoa, s’achemineraient, avec bonheur, sans la présence de la France, vers une Intégration Politique et Monétaire de l’Afrique occidentale. Nous pensons que c’est cette intégration d’avenir proche, que la France s’évertue à saccager au détour de la crise poste-électorale en Côte d’Ivoire. En ce qui concerne l’Uemoa, la Côte d’Ivoire qui représente, en octobre 2010, plus de 30% des agrégats monétaires intégrés (les réserves extérieures + le Crédit à l’économie +la masse monétaire) près de 40% du Pib ou des richesses produites, et près de 60% des exportations de la zone, est soumise à de fortes pressions tous azimuts des autorités monétaires sous la dictée de la France, en vue de l’obliger à quitter le pouvoir d’Etat. Ces pressions si elles continuent, devraient pousser la Côte d’Ivoire à battre, en désespoir de cause, et en toute souveraineté, sa propre monnaie. Et compte tenue du rôle de «grande contributrice» de la Côte d’Ivoire à la prospérité de cette union, l’Uemoa pourrait se retrouver en danger d’existence avec des Etats faibles, individuellement liés et livrés à la France. Il en résulterait de fortes perturbations politiques, économiques et sociales. Ces perturbations, si elles se réalisaient, permettraient, d’une part à la France de renforcer et de conserver la tutelle dominatrice sur chaque Etat et la mise à mal de la Côte d’Ivoire dans ses relations avec les Etats de la Cedeao d’autre part. Ces deux actes combinés (éventuelle affaissement de l’Uemoa et perte de leadership des idées souverainistes, sans la tutelle Française, portées par la Côte d’Ivoire dans la Cedeao) retarderaient, sûrement, la réalisation de l’intégration politique et monétaire de l’Afrique occidentale. Par ce jeu, actuellement, caché ou voilé pour certains chefs d’Etats de l’Uemoa et de la Cedeao, la France aurait réussi à préserver et renforcer son hégémonie impérialiste en Afrique occidentale. Pour les dirigeants actuels de la Côte d’Ivoire l’enjeu pour la France est bien perçu ; l’amenuisement de la solidarité ouest-africaine et l’affaiblissement de l’effort de mise en œuvre des idées autonomistes africaines d’intégration politique et monétaires. Ainsi la France ne pourrait avoir en coopération, que des chefs d’Etat ouest-africains affaiblis et esseulés dans la défense des intérêts de leurs pays respectifs. Mais fort heureusement, le revers de ce jeu trouble de la France contre la réalisation de l’intégration politique, économique, financière et monétaire des Etats de l’Afrique de l’Ouest, sans la présence de la France, serait que, dans une ultime prise de conscience, les peuples de ces Etats, manifestent dorénavant un rejet global et systématique de la présence française en Afrique. L’Etat français perdrait, globalement, toute sympathie en Afrique. Les Français ont réussi à réaliser ce revers, en Algérie et au Rwanda. Est-ce cela qu’ils recherchent en Côte d’Ivoire ? La majorité des forces vives en Côte d’Ivoire, est convaincue de la nuisance perfide, sournoise, arrogante et accapareuse de la présence française sur l’avenir de son pays. Avec ce qui se passe actuellement, (le non-respect par la France des Institutions ivoiriennes , la recherche effrénée et presque hystérique de l’étouffement et de l’isolement de la Côte d’Ivoire en vue d’y installer au pouvoir M. Ouattara, un obligé de la France) les autres peuples d’Afrique comprennent, certainement déjà, et ils suivront la voie de l’indépendance véritable des Etats d’Afrique francophone, celle de la libération du joug néocolonial permanant d’Etat dominant de la France. Les peuples d’Afrique de l’Ouest et leurs gouvernants , pour se prémunir contre ce prévisible désastre politique économique, financier et monétaire dans lequel l’Etat français et ses dirigeants représentent respectivement le «cheval de Troie» et ses occupants camouflés, doivent puiser en eux-mêmes, ce qui a fait la force et la cohésion des pères fondateurs de nos Etats : la mobilisation et la vigilance accrues et permanentes, le rassemblement, la solidarité, l’intelligence, le courage, l’humilité, la patience et le travail continus et sans relâche avec en ligne de mire l’indépendance politique économique et monétaire. L’Etat de Côte d’Ivoire avec son Président Laurent Gbagbo, et la majorité de ses forces laborieuses s’engagent déjà à l’avant-garde de cette lutte émancipatrice pour le bien partagé des populations africaines.
Michel Cyraug
Economiste
Expert en opération de banque
S: Le Temps