Le palais des congrès de l’Hôtel Sofitel Ivoire d’Abidjan abrite, dès demain, une importante conférence de la diaspora libanaise à travers le monde, plus connue sous le sigle LDE (pour Lebanese Diaspora Energy).
Cette initiative lancée en 2014 par le ministère des Affaires étrangères et des émigrés, sous l’égide de l’actuel titulaire du poste, Gebran Bassil, vise plusieurs objectifs : célébrer les histoires de réussite de Ia diaspora libanaise à travers la planète, promouvoir le patrimoine libanais en diffusant Ia culture, les traditions et Ia vision libanaises dans le monde entier, établir des liens entre Ia diaspora et les résidents, offrant ainsi une chance pour partager des expériences, améliorer les relations et établir des liens commerciaux et sociaux, explorer de nouvelles possibilités et opportunités.
Chaque année, des centaines d’hommes et de femmes d’affaires, libanais ou d’origine libanaise, viennent de partout, dans le but d’améliorer leur relation avec leur pays d’origine, mais également d’échanger directement avec le ministère des affaires étrangères sur des problématiques les concernant directement.
Chemin faisant, cette formule classique qui se tenait exclusivement au Liban a été enrichie de conférences régionales se déroulant dans les parties du globe où l’on recense de fortes communautés libanaises.
Les chiffres varient en fonction des institutions qui en font les estimations et des critères pris en compte, mais un chiffre revient sans cesse : 14 millions de Libanais ou de descendants de Libanais vivent à l’extérieur du Liban, répartis dans plus de 70 pays. La diaspora libanaise est fortement concentrée en Amérique Latine et du Sud, mais aussi au Canada, en Europe (la France en particulier) et au Australie.
La Côte d’Ivoire est le pays accueillant le plus grand nombre de Libanais en Afrique, avec 60 000 à 80 000 ressortissants, selon des estimations récentes de la Chambre de commerce et d’industrie libanaise en Côte d’Ivoire. Selon nos sources, c’est l’une des raisons ayant justifié le choix d’Abidjan pour abriter cette conférence qui se tient ainsi pour la deuxième fois en terre africaine, après une première édition en Afrique du Sud. L’autre raison se trouve dans le statut économique de la Côte d’Ivoire, redevenue un carrefour incontournable et une locomotive de la croissance économique africaine et mondiale, selon les organisateurs de la conférence.
Plusieurs personnalités de haut niveau sont attendues à la conférence : des dirigeants des trois premières banques libanaises, le président du conseil économique et social libanais, et de nombreux responsables du ministère libanais des Affaires étrangères, hommes et femmes d’affaires de la diaspora libanaise en provenance de divers continents.
La conférence s’achèvera samedi avec l’adoption très attendue de recommandations.
Avec Fratmat
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On savait que l’antagonisme entre le chef du Parlement Nabih Berry et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil avait déjà atteint son paroxysme. Ce qu’on ignorait par contre, c’est que les deux chefs de file puissent en arriver à exporter leur conflit politique, et quelque peu personnel, en territoire étranger. C’est pourtant ce qui transparaît de la petite guerre sournoise qu’ils semblent aujourd’hui mener par émigrés interposés.
Le champ de bataille se situe à Abidjan où doit se tenir le deuxième congrès organisé par le ministère des Affaires étrangères, destiné à la diaspora libanaise vivant en Afrique, après celui qui s’était tenu à Johannesburg, en février 2017. Intitulé « Lebanese Diaspora Energy », le congrès prévu à Abidjan les 2 et 3 février prochain a commencé à faire couler beaucoup d’encre avant même sa tenue.
Et pour cause : une grande majorité des participants chiites vont probablement boycotter ce rassemblement, « sur directives » de M. Berry, comme l’affirment plusieurs sources concordantes qui précisent que l’ordre a été lancé dans toutes les contrées africaines.
Contactés, plusieurs responsables du mouvement Amal n’ont pas pu être joints hier. Des sources proches du mouvement ont toutefois démenti à la LBCI les informations relatives à un mot d’ordre qui aurait été lancé à partir de Aïn el-Tiné.
À Abidjan, les nouvelles courent déjà sur un éventuel boycott d’une large partie de la communauté chiite qui représente en Côte d’Ivoire près de 90 pour cent des Libanais, contre 8 % de chrétiens. La bouderie annoncée d’ores et déjà dans la capitale ivoirienne risque en tous les cas d’approfondir un peu plus le clivage entre les membres de la diaspora.
« Quand j’ai appris la nouvelle du boycott, j’ai cru qu’il s’agissait d’une plaisanterie », confie à L’Orient-Le Jour un responsable libanais qui vit à Abidjan. Il raconte que les querelles de clochers entre Libanais ont toujours existé mais qu’elles n’ont jamais atteint ce stade.
« C’est le train-train quotidien ici. Les Libanais importent leurs problèmes même en Afrique », dit-il, expliquant que chacun d’entre eux revendique son affiliation politique qui n’est toutefois pas franchement affichée. « Elle se révèle par associations religieuses et communautaires interposées », dit-il, en citant l’association de Moussa Sadr, qui regroupe les sympathisants du mouvement Amal, l’association Ghadir, ceux du Hezbollah et la mission libanaise, pour les partis chrétiens. « Ici, le politique se dissimule derrière les portes des associations », ironise ce responsable.
Quelle que soit l’ampleur du boycott, il ne devrait pas, selon lui, affecter outre mesure le congrès « très prisé par les hommes d’affaires, les commerçants et opérateurs économiques de tous calibres ».
Plus sceptique, un homme d’affaires libanais de Guinée-Conakry, où la controverse a également trouvé des échos, estime que cette polémique risque de se répercuter négativement sur ce rassemblement ainsi que sur la réputation des Libanais « qui pourtant ont fait leurs preuves à l’étranger ». La source fait état d’un débat houleux à ce propos, qui a eu lieu, mardi, à l’ambassade du Liban à Conakry, portant sur cette affaire de boycott.
Il affirme craindre que le boycott soit largement suivi par les Libanais proches du mouvement Amal notamment. « Le message est passé dans toute l’Afrique. Beaucoup de commerçants et d’hommes d’affaires qui s’étaient engagés à venir vont se désister », dit-il.
Ce nouvel épisode dans les relations tumultueuses entre M. Berry et le chef du Courant patriotique libre doit être mis sur le compte de la tension croissante qui se manifeste en amont des législatives, prévues en mai prochain. Les deux hommes étaient déjà à couteaux tirés à cause notamment du refus de M. Berry d’avaliser la proposition de M. Bassil de rouvrir l’inscription des électeurs libanais résidant à l’étranger. On reproche à ce dernier de chercher à séduire la diaspora en vue de renflouer sa position et de s’attirer les voix des émigrés. Il y a quelques jours, le député Boutros Harb avait été jusqu’à accuser le ministre des Affaires étrangères de « faire le tour du globe aux dépens du contribuable libanais, pour augmenter ses chances aux élections ». Sans oublier l’interminable polémique sur le décret de la promotion 94 qui oppose depuis plusieurs semaines le chef du législatif au président de la République.
Bref, des querelles de politique politicienne dont une large partie des émigrés n’a cure.
« Les problèmes libanais doivent être réglés au Liban et non en territoire étranger. Il faut laisser les membres de la diaspora, qui ont à leur crédit de grandes réussites, poursuivre sur leur lancée », dit Ahmad Zein, un autre homme d’affaires résidant à Conakry.
« Personnellement, je ne suis pas contre M. Berry, ni contre M. Bassil. Je suis simplement en faveur de ce congrès colossal qui va servir le Liban et les hommes d’affaires pour que le drapeau de notre pays flotte un peu partout en Afrique. En somme, je soutiens toute initiative susceptible de servir et d’honorer le Liban », conclut-il.
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