Élu pour cinq ans, le Président de la République SEM. Laurent Gbagbo a prêté serment le samedi 4 Novembre 2010 au Palais présidentiel en présence des présidents d’institutions, d’élus, des officiers supérieurs de l’Armée et de diplomates accrédités près la République de Côte d’Ivoire.
‘’Je jure solennellement et sur l’honneur, de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, de protéger les Droits et Libertés des citoyens, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge, dans l’intérêt supérieur de la Nation. Que le peuple me retire sa confiance et que je subisse la rigueur des Lois, si je trahis mon serment’’, dixit Laurent Gbagbo. C’est avec une sécurité renforcée dans le district d’Abidjan que s’est déroulée la cérémonie d’investiture du Président Laurent Gbagbo à la salle des pas perdus du Palais présidentiel. Après l’ouverture de l’audience par M. Kouassi Koidjané, secrétaire général du Conseil Constitutionnel, l’honneur est au président de cette institution le Pr. Paul Yao N’dré de féliciter l’heureux élu, à qui il a demandé d’œuvrer d’avantage au renforcement de la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. De manière inlassable dira Paul Yao N’dré, le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo est à la recherche de la paix. Il doit selon lui, ouvrir les bras et faire des efforts pour réconcilier les Ivoiriens. ‘’Vous devez recoller les morceaux de la Côte d’Ivoire afin de bâtir une nation’’, dira Paul Yao N’dré en substance au nouvel élu. Le président du Conseil Constitutionnel a également félicité tous les pays amis de la Côte d’Ivoire qui n’ont ménagé aucun effort pour l’organisation de ces élections. Aux Ivoiriens, le président Paul Yao N’dré a demandé de se garder de détruire la Côte d’Ivoire, leur patrimoine commun même s’ils ne partagent pas les même points de vue. ‘’ On peut avoir des opinions différentes, mais gardons-nous de détruire notre patrimoine commun’’, a-t-il conseillé. Sur sa lancée, le Pr. de Droit a tancé certains fonctionnaires de l’Organisation des Nations-Unies qui outrepassent selon lui, leur mandat en semant la confusion dans la tête des citoyens. A l’en croire, l’Organisation des Nations-Unies en Côte d’Ivoire a un rôle d’accompagnateur du processus de sortie de crise. Elle n’a pas compétence de juger et valider le résultat des élections, mais plutôt observer et rendre compte. ‘’Les Nations-Unies n’ont pas le droit de s’immiscer dans les affaires internes d’un Etat souverain’’, a martelé le président Paul Yao N’dré. Après la remise du grand collier à Laurent Gbagbo par le Grand Chancelier de l’ordre National, le général Yssouf Koné, le Président de la République a tenu à faire deux remarques. A en croire Laurent Gbagbo, la construction de la République et de la démocratie est une chose difficile. La République, dira-t-il, est une forme d’Etat qui donne la chance à tout le monde. ‘’La République, c’est la laïcité, la promotion des valeurs, de légalité. Pour que la République soit forte, il faut qu’elle soit assise sur le socle de la démocratie’’. Ayant pris du recul, Laurent Gbagbo dit comprendre l’origine des crises. ‘’Les crises viennent du fait que les gens vivent hors la Loi et les gens n’aiment pas respecter la Loi et les procédures qui en découlent. Il n’y a pas de République forte sans procédure. Il n’y a de République forte qu’assise sur les textes de Loi. Toutes les crises que nous avons connues sont du fait du non-respect de la Loi’’, dira Laurent Gbagbo qui estime que les décisions de la CEI n’ont pas force de Loi, mais plutôt celles du Conseil Constitutionnel qui est une juridiction. Pour la seconde remarque, le Président de la République a fait savoir qu’un pays où les gens ne connaissent pas leurs places, ‘’est un pays qui va au devant des problèmes. En représentant le peuple de Côte d’Ivoire, je ne manque de respect à personne parce que je ne veux pas que quelqu’un nous manque de respect. Je me bats toujours pour respecter tous ceux qui nous font l’amitié d’être avec nous, parce que je veux qu’eux aussi, ils nous respectent. Ces derniers jours, j’ai noté des cas graves d’ingérence. Je souhaite que les uns et les autres se ressaisissent, parce que nous n’appelons pas quelqu’un pour venir gérer notre pays’’. Et le Président de la République de préciser que l’organisation et la proclamation des résultats font partie de la gestion souveraine d’un pays. Dans l’histoire, dira-t-il, il existe des cas fameux de rupture avec le Vatican pour des questions de souveraineté. En Angleterre, Henri VIII, pour une question de mariage, avait rompu avec le Vatican, c’est comme ça qu’est née l’Eglise anglicane. En France, Napoléon a pris la couronne et l’a posée sur sa tête pour éviter qu’un autre souverain, le Pape, la lui pose sur la tête. S’agissant de la souveraineté de la Côte d’Ivoire, le Chef de l’Etat été très précis sur la question. ‘’La souveraineté de la Côte d’Ivoire, c’est elle que je suis chargé de défendre et elle, je ne la négocie pas. Donc, c’est à mes compatriotes que je m’adresse, pour dire que pour que notre souveraineté ne soit pas piétinée, n’appelons pas les autres à s’ingérer dans nos affaires. Je fais la politique depuis longtemps, je n’ai jamais appelé quelqu’un du dehors pour m’investir, ni même pour m’accompagner dans mon investiture. C’est un point à méditer et je souhaite que les Ivoiriens le méditent. Le jour où un pays perd sa souveraineté, il perd le contrôle de tout et il devient un pays vassal. Alors qu’avec les mêmes, on peut avoir des relations, on peut leur demander de venir travailler avec nous, nous aider à féconder nos richesses et nos terres, sans compromettre notre souveraineté. C’est ce que je fais depuis que je suis à la tête de l’Etat, c’est ce que je vais continuer à faire, c’est-à-dire, travailler avec tous les pays du monde en amitié, mais ne jamais se laisser vassaliser par aucun pays du monde, ni aucune institution’’, a expliqué le nouvel élu. Poursuivant, le chef de l’Etat a dit qu’il n’y a que les Ivoiriens qui peuvent être les gardiens de leur souveraineté. ‘’J’appelle donc les Ivoiriens à se ressaisir et à ne pas compter sur autrui pour venir les faire roi. Celui qui te fait roi a toujours un droit sur ton siège, mais quand le peuple te fait roi, c’est naturellement le peuple qui a un droit sur ton siège. Or, le siège même appartient au peuple, le siège présidentiel a un propriétaire, c’est le peuple et c’est à lui seul qu’il faut qu’on s’adresse. On écoute trop souvent les gens du dehors, mais ce qu’ils disent aux uns, ils le disent aussi aux autres’’, révèle Laurent Gbagbo .
Dosso Villard (L’intelligent d’Abidjan)