Le général Bakayoko aurait voulu rendre hommage au président Gbagbo qu’il ne s’y serait pris autrement. Le chef d’état major général (Cemag) des Forces républicaines de Côte d’Ivoire
(FRCI), invité de la rédaction du quotidien Fraternité Matin, la semaine dernière, parlant de Gbagbo et de la crise postélectorale, a affirmé que les bombes dont disposait l’armée régulière
de Côte d’Ivoire « auraient pu détruire tout Abidjan ». Mais le chef suprême de Forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (FDS-CI) n’a pas donné l’ordre à ses troupes d’en faire usage. Et pourtant, rien n’interdisait à l’ancien président de la République, agressé par trois armées, de
se défendre avec tous les moyens à sa disposition ainsi que le président Bachar Al-Assad le fait si
bien en ce moment en Syrie. Si Gbagbo s’est refusé de faire usage de ces bombes dont parle le général Bakayoko, c’est justement parce qu’il n’a pas voulu que d’innocentes personnes en soient victimes. Ils ne sont pas nombreux les chefs d’Etat qui auraient agi comme lui. Du reste, selon
de nombreux témoignages, l’ancien chef de l’Etat ivoirien, au plus fort des bombardements de la
Licorne et de l’Onuci sur sa résidence, a demandé au colonel major Boniface Konan, le commandant du théâtre des opérations, de dire à ses frères d’armes, qui défendaient héroïquement la République agressée, de déposer les armes pour ne pas se faire tuer inutilement. Une grandeur d’âme rarissime qui mérite d’être signalée. Voilà qui bat en brèche les fausses accusations véhiculées sur le compte du président Gbagbo, tendant à le faire passer pour un horrible dictateur sanguinaire. Une sorte de Caligula au superlatif, qui aurait commis des crimes
contre l’humanité, des crimes de guerre et autres délits inimaginables mais bien imaginaires.
Ne dit-on pas que la vérité a beau aller à l’allure de la tortue, elle finit bien par rattraper toujours le mensonge lancé à la vitesse supersonique ? La démonstration vient d’être encore faite. Laurent Gbagbo n’est pas la Bête de Gévaudan, décrit par ses contempteurs avec force détails mensongers,
mais plutôt un homme de paix. Qui est resté serein dans sa résidence officielle, pendant des jours, malgré les 36 000 tonnes de bombes déversées sur la tête par l’armée française. Aujourd’hui encore, la démonstration est faite que la violence n’est pas toujours du côté que l’on croit. L’ancien chef de l’exécutif ivoirien a été victime de mauvais traitements, pour ne pas dire de tortures, tout le long de sa détention à Korhogo. Il a été enfermé dans un réduit de 3 m2, de
jour comme de nuit, sans avoir la possibilité de voir le soleil. Il porte les séquelles de ce régime très sévère. Toute chose qui est à la base du report de l’audience de confirmation des charges
qui était prévu pour se tenir le 13 août prochain. Cette audience a été reportée afin de permettre à la défense et à l’accusation de faire leurs remarques sur le rapport de l’expertise médicale portant
sur l’état de santé de l’illustre pensionnaire de la prison de Scheveningen, au Pays Bas. Comme rien ne va sans dire, disons que petit à petit, le jour se lève, les rayons du soleil percent l’épais voile du mensonge et de la falsification, pour laisser apparaître la vérité, dans toute sa plénitude, mais surtout sa beauté. Et pourtant, il n’existe rien de caché qui ne soit tôt ou tard révélé. Pour ainsi dire.
Souleymane T. Senn in Notre Voie