« La façon de pratiquer des rapports sexuels a une originalité chez les Rwandais. L’acte sexuel est basé sur le kunyaza. L’homme chatouille la base du clitoris avec son pénis par des mouvements de bas en haut et son doigt légèrement recourbé tapote la pointe de cet organe. Il est connu que le clitoris est très sensible et très excitable. Comme le pénis, il entre en érection et son érectilité varie d’une femme à une autre. D’une manière générale, quand le clitoris est stimulé, son capuchon s’ouvre et le gland est à découvert. Dans le kunyaza, il faut alors éviter de le brutaliser et certaines femmes demandent à leurs partenaires de le chatouiller doucement, au risque de provoquer le contraire de l’effet escompté. Le kunyaza est donc un art.
La méthode du kunyaza nous vient de nos ancêtres. Comment en sont-ils arrivés là? La légende veut qu’un jour, un homme néophyte allait faire l’amour. Il voulait pénétrer la femme mais, à l’entrée du vagin, sa main trembla, provoquant ainsi des mouvements saccadés de bas en haut, ce qui excita le clitoris de la femme. Sans le vouloir, « le peureux » venait d’inventer une méthode qui subsiste jusqu’aujourd’hui.
[…] Du côté de la femme, et dans des conditions normales, le pendant du kunyaza était le kunyara, littéralement « pisser ». Lors des rapports sexuels, la femme devait déverser un liquide de son vagin. Ce liquide était provoqué par l’homme qui, lors du coït, tapotait le clitoris avec son pénis « faisant ainsi pisser » la femme.
[…] Selon elles, lorsque l’homme éjacule, la femme en fait de même à sa façon. Pour écarter toute comparaison malveillante, elles nomment leurs liquides par le terme amavangingo, c’est-à-dire « qui vient du fin fond des articulations ». Le kunyara était en définitive sa façon de partager le plaisir avec son partenaire, sa seule façon de s’exprimer durant l’acte sexuel.
[…] Alors que les urines seraient plutôt repoussantes par leur odeur, le liquide vaginal, grâce à sa caractéristique spécifique d’exciter le partenaire, est apprécié par les hommes qui recherchent les femmes « les plus pisseuses ». Ne dit-on pas: « les hommes se bousculent pour avoir des rapports sexuels avec celle qui secrète beaucoup d’humeurs vaginales »?
Mais aussi, plus une femme sécrète beaucoup d’humeurs vaginales, plus elle a d’elle-même une auto-estimation positive, car elle sait qu’elle est estimée des hommes et en désarme facilement les plus virils: « Celle qui veut se prémunir d’érections intempestives les asperge de sécrétions vaginales le plus tôt possible » pour dire que ce liquide, par sa température élevée en contact avec le pénis, provoque immanquablement l’éjaculation rapide chez l’homme, même le plus viril.
[…] Le kunyara est donc aussi un processus magico-éducationnel, suivi par la fille depuis la puberté et qui vise à ce que l’organe sexuel féminin produise le plus d’humeurs vaginales possibles pour plaire sexuellement à l’autre partenaire. Il s’agit d’un conditionnement psychologique et culturel qui veut que la meilleure femme soit celle qui en sécrète beaucoup lors des rapports sexuels. Les jeunes filles s’imprégnaient au quotidien de cette valeur, surtout en voyant leurs mamans faire sécher au soleil la natte mouillé pendant la nuit.
Une certaine forme de nutrition était conseillée dans ce cas, notamment un repas de bananes cuites avec de la sauce d’arachide. Quand on sait que ce sont de bons aliments calorifiques, l’on comprend le bien-fondé de cette prescription.
Un homme dont la femme n’était pas à même de kunyara manifestait son mécontentement de plusieurs façons, dont celle de donner un nom évocateur au premier enfant né de son mariage. Ainsi, un nom comme Rwasubutare « le fendeur du rocher », fait référence à la difficulté de pénétration du pénis dans un vagin non suffisamment humecté.
[…] Ces manipulations sont couplées de pénétrations profondes gucumita « enfoncer avec rage » ou « cogner dedans » ou gucuga « pénétration de façon saccadée ». La sollicitation du clitoris et la tumescence des petites lèvres provoquent des écoulements vaginaux intenses, variables d’une femme à une autre. Mais souvent, ils sont si abondants que le lit est complètement imbibé. Les deux partenaires apprécient la méthode. Le fait de tapoter le clitoris, de « bien viser le clitoris » et de faire de temps en temps des pénétrations profondes excite la femme.
[…] Les pénétrations courtes et longues, ainsi que la sollicitation de l’entrée vaginale, peuvent faire jouir la femme à plusieurs reprises. Et on sait que l’orgasme peut provoquer le besoin de miction chez un certain nombre de femmes. Toutes ces sécrétions vaginales, chaudes et intenses, amenaient le sexe de l’homme à plus d’érection. Les pénétrations provoquaient un plaisir intense, car le pénis se frayait un chemin entre les petites lèvres bien lubrifiées et en chaleur. »
Gaspard Musabyimana, « Pratiques et Rites Sexuels au Rwanda » p.87-93 (2.3. le coït à la rwandaise: le kunyaza)
Coït à la rwandaise, faire jouir les femmes, jouissance des femmes
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