En dépit de son programme très chargé, le Dr. Emmanuel Zagbla, Universitaire ivoirien en Italie, spécialisé dans les Relations Internationales a accepté d’accorder une interview au Journal des Ivoiriens de l’étranger pour éclairer la lanterne de nos lecteurs sur la crise actuelle en Côte d’Ivoire. Pour l’illustre Universitaire, l’ONU devrait maintenir ‘sa neutralité en menant des enquêtes sur le déroulement des élections et les publier’ au lieu de prendre immédiatement partie pour un camp contre un autre. Interview
IvoireDiaspo : Dr Zagbla, vous vivez en Europe depuis des années. Ce qui fait que vous avez une bonne connaissance des élections dans ces pays de droit. Vous suivez également presque tout ce qui se passe sur le continent Africain. Que pensez vous de la situation actuelle de la Côte d’Ivoire.
Dr. Zagbla : C’est une situation de mépris et aussi de honte, car ici on ne voit pas que la Côte d’Ivoire ; c’est l’image désolante de toute l’Afrique qu’on voit. Un continent qui n’est pas à mesure de se faire respecter dans le monde.
Ivoirediaspo : Que pensez-vous de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara ?
Dr. Zagbla : Il s’agit ici de deux frères ainés qui ne se feraient jamais la guerre. La situation dans laquelle ils se trouvent est simplement inédite. Nous avons tous apprécié leur face-à-face avant les élections. C’est vraiment dommage de ce que nous constatons aujourd’hui.
IvoireDiaspo : Rentrons maintenant dans les détails. D’un point de vue juridiquement objectif, à qui donnerez-vous la victoire aux élections ?
Dr. Zagbla : A ce point, il ne s’agit pas de choisir entre deux frères, mais respecter la Constitution de mon pays, en suivant le Conseil Constitutionnel. Le Prèsident Gbagbo est le gagnant. Toutefois, on n’arrive pas à comprendre jusque-là l’absence totale d’une requête auprès du Conseil Constitutionnel de la part de Mr Alassane Ouattara. On se demande bien qui était son Conseiller juridique. C’est là qu’il y a eu l’erreur. La Commission électorale indépendante (CEI) a un pouvoir limité. Et comme nous l’avions vu, la CEI n’a fait que donner des résultats provisoires. En droit, les décisions du Conseil Constitutionnel, garant de la Constitution de la Côte d’Ivoire ont la primauté sur les décisions de la CEI et des autres institutions de la République. Même le Président de la République a l’obligtion de se soumettre à la Constitution.
IvoireDiaspo : Que pensez-vous alors de l’intervention des Nations-Unies et des autres pays étrangers ?
Dr. Zagbla : les Nations-Unies, dont la Côte d’Ivoire fait partie intégrante, a le rôle d’assurer l’ordre et la sécurité dans le monde, en respectant scrupuleusement la souveraineté des pays indépendants. L’éventuelle implication de l’Onu dans les affaires ivoiriennes serait un abus, tout comme les interventions des autres puissances étrangères.
IvoireDispo : Alors selon vous que devrait faire l’Onu ?
Dr.Zagbla : Elle doit maintenir sa neutralité en menant des enquêtes sur le déroulement des élections et les publier. Elle doit surtout écouter les observateurs internationaux, surtout les Africains qui ont eu la possibilité de se rendre dans presque toutes les zones du pays.
IvoireDiaspo : La CEDEAO condamne Laurent Gbagbo…
Dr. Zagbla: Dites-nous d’abord quels sont les Présidents de la CEDEAO qui ont réçu une certification de l’ONU ! Lorsqu’on sait comment certains d’entre-eux sont arrivés au pouvoir, on ne prend pas au sérieux leurs décisions. C’est une perte de temps. Comment pouvons-nous évoluer en Afrique lorsque la corruption mentale et politique est plus considérée que la dignité ? La Côte d’Ivoire doit coopérer avec quelques pays anglophones. C’est tout.
IvoireDispo : On parle d’attaques contre la Côte d’Ivoire pour destituer Laurent Gbagbo.
Dr.Zagbla : Il faut se demander quelle serait la différence entre ces probables actions et celles menées par Al Quaeda ? Attaquer un pays indépendant pour le seul but de destituer son Prèsident élu serait du pur terrorisme d’état. Les Ivoiriens pourraient à leur tour mener des actions de boycott de tout produits des agresseurs. N’oublions pas que la Côte d’Ivoire a 40% de la masse monétaire de l’Afrique de l’Ouest. On pourrait également quitter la zone CFA.
IvoireDiaspo : Votre appel aux Ivoiriens .
Dr. Zagbla : Effectivement, nous aimons trop le pays pour nous faire la guerre. Nous avons une solution interne aux problèmes Ivoiriens. Nous demandons qu’on nous laisse resoudre notre problème. A ce sujet un groupe de cinq Ivoiriens demande à rencontrer Laurent Gbagbo, Ouattara Alassane, Henri Konan Bedié, le Prèsident du Conseil Constitutionnel.
Interview réalisée par Daniel Atteby
Goncalves Rhys dit
Monsieur le faut docteur, ci-dessous s’ appelle une analyse intelligente pas une analyse des mangeurs comme un faut docteur comme toi:
Y.J. Choi, Onuci : “La volonté du peuple sera respectée”
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Côte d`Ivoire, Y.J. Choi, a soutenu, hier, au cours d`une conférence de presse, que dans la résolution de la crise post-électorale, « toutes les négociations devraient être basées sur l`acceptation de la volonté du peuple ».
1- Le peuple ivoirien a librement exprimé sa volonté le 28 novembre 2010 pour mettre fin à la crise et à ses souffrances. La Communauté internationale est venue à son appui avec des investissements de grande envergure, y compris l`établissement d`une mission de maintien de la paix. La tenue d`une élection réussie était l`une des clés à la sortie de crise.
2- Ensemble, le peuple ivoirien et la communauté internationale sont très proches du succès. Il y a eu une élection présidentielle réussie, avec un taux de participation de plus de 81 pour cent, mis à part la confusion de dernière minute au sujet des résultats. Cependant, nous n`avons aucune raison d`être dans la confusion car la vérité est connue et indéniablement claire. Nous ne saurions échouer au dernier moment du fait de cette confusion, après tant de progrès remarquables.
3- Hier, j`ai expliqué mes méthodes de certification au sommet extraordinaire des Chefs d`Etat de la Communauté Economique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (Cedeao) à Abuja et au Conseil de Sécurité à New York. En toutes ces occasions, j`ai annoncé mon intention de tenir une conférence de presse à Abidjan pour rendre publiques mes méthodes de certification afin de dissiper la confusion quant au résultat du second tour de l`élection présidentielle du 28 novembre 2010.
4- Avant d`aller plus loin, permettez-moi de dire quelques mots sur mon impartialité vis-à-vis des partis politiques en présence en Côte d`Ivoire. L`impartialité occupe une telle place centrale que celui qui ne croit pas en l`impartialité, ne croira pas en la vérité que je vais énoncer. Tout comme la démocratie, l`impartialité ne va pas de soi. Elle est une valeur que l`on peut conserver à travers un effort permanent, un enjeu que je ne saurais me permettre de perdre dans l`exécution de mon mandat de certification. Il est important de mentionner que tout au long du processus électoral, j`ai demandé à mes collègues de ne pas faire des sondages, étant donné qu`une telle pratique serait utilisée par les partis politiques en vue de remettre en cause l`impartialité de l`Onuci. En outre, j`ai demandé au personnel de l`Onuci de ne pas avoir de préférences, parce qu`encore une fois, une telle attitude aurait été connue et exploitée par les politiciens pour mettre à mal la crédibilité de l`Onuci.
5- Plusieurs fois et de nombreuses fois, la plupart du temps gentiment et parfois moins gentiment, le gouvernement et l`opposition ont dit à tour de rôle que je prenais position en faveur de l`autre camp à chaque fois que l`Onuci refusait de prendre leur parti. Selon moi, c`est la preuve éloquente que j`ai réussi à préserver mon impartialité, le socle sur lequel repose la nature véritable du second tour.
6- Permettez-moi maintenant de partager avec vous, les trois méthodes que j`ai utilisées pour arriver à la conviction absolue quant au vainqueur du second tour de l`élection présidentielle. Je voudrais souligner que j`ai conduit ma certification sans tenir compte des méthodes initiées et des résultats proclamés par la Cei et le Conseil constitutionnel.
7- La première méthode consistait à obtenir les tendances le plus tôt possible. Pour ce faire, 721 fonctionnaires dévoués de l`Onuci ont été déployés en autant de bureaux de vote soigneusement triés. Ils m`ont annoncé par téléphone les résultats du second tour affichés dans les bureaux de vote au soir du 28 novembre. J`avais besoin de ces résultats pour conforter la crédibilité du résultat que j`obtiendrais avec ma troisième méthode. Mais, en tant que certificateur, je ne pouvais partager ces tendances avec personne avant d`avoir complété mon évaluation et mon analyse à travers les deux autres méthodes.
8- La deuxième méthode était de recueillir les résultats des votes à partir des dix-neuf commissions électorales régionales. Dans ce but, une semaine avant le scrutin, dix-neuf membres du personnel de l`Onuci avaient été commis à cette tâche et déployés sur le terrain. Chacun d`entre eux m`a fait parvenir sa moisson le 30 novembre. L`agrégation de tous leurs résultats a confirmé les tendances obtenues deux jours plus tôt, c`est-à-dire qu`à ce moment, l`on savait presque avec certitude qui avait emporté et qui avait perdu ; pourtant, en tant que certificateur, il me fallait absolument être sûr et certain des résultats. J`avais besoin d`une troisième méthode.
9- La troisième méthode consistait à examiner tous les 20.000 procès-verbaux reçus par l`Onuci de la part des autorités ivoiriennes le 30 novembre pour les besoins de certification. Dans cette perspective, un centre de tabulation avait été mis sur pied au siège de la Mission avec 120 membres du personnel, formés des semaines plus tôt, qui ont travaillé en rotation de trois groupes, jour et nuit. La formation s`imposait d`autant plus qu`il ne s`agissait pas juste d`une simple agrégation. Il s`agissait d`examiner procès-verbal après procès-verbal pour voir s`il y avait trace de fraude ou de manipulation, notamment si les procès-verbaux avaient été signés par les représentants de la Majorité Présidentielle. En conséquence, nous avons éliminé un certain nombre de procès-verbaux. Nous avons vérifié si les procès-verbaux ainsi éliminés étaient concentrés dans certaines régions ou couvrait tout le pays. Le dernier cas correspondait à la réalité. Ainsi, l`examen des 20.000 procès-verbaux s`est achevé au soir du 2 décembre.
10- Le moment de vérité est venu pour moi, en tant que certificateur. Les résultats agrégés ont donné des pourcentages presque identiques à ceux de ma deuxième méthode. Qui plus est, en termes de pourcentage, les tendances issues de la première méthode sont très proches de celles obtenues des deuxième et troisième méthodes. Il était pour moi absolument clair, à ce moment, que le peuple ivoirien avait choisi sans équivoque le vainqueur du second tour de l`élection présidentielle.
11- Examinons maintenant les contentieux relatifs aux « irrégularités » portant sur l`élection, introduits par le camp du président Laurent Gbagbo et utilisés comme base pour la proclamation du Conseil constitutionnel du 3 décembre 2010. Ayant reçu une copie de ces réclamations, l`Onuci les a examinées minutieusement. Les réclamations se fondent principalement sur deux arguments : le premier est celui de l`utilisation de la violence dans neuf départements du Nord qui a empêché les gens de voter ; le second est celui des procès verbaux ne portant pas la signature des représentants du camp présidentiel dans ces départements.
12- Moi, en tant que certificateur, au cours de ma conférence de presse organisée, vendredi dernier, j`ai certifié que la proclamation du conseil constitutionnel ne se fondait pas sur des faits. Voici pourquoi et comment. Un taux de participation aussi élevé que 81 % ne peut certainement pas signifier qu`il y avait suffisamment de violences pour empêcher les gens de voter. J`ai demandé au commissaire de police de l`OnuciI de collecter tous les rapports sur les violences le jour de l`élection et de préparer une carte consolidée indiquant l`intensité, la fréquence et la localisation de la violence. La carte montre, sans aucune incertitude, que le jour de l`élection, il y a eu moins d`actes de violence au Nord qu`à l`Ouest.
13- La seconde réclamation a trait aux procès verbaux ne portant pas la signature des représentants du camp du président Gbagbo. Compte non tenu de la recevabilité de cet argument d`un point de vue légal, dans l`intérêt de la diligence due, j`ai passé en revue tous les procès verbaux dans les départements concernés et éliminé tous ceux ne portant pas la signature des représentants du camp du président Gbagbo. La conclusion est que même une telle démarche n`altère pas, de manière significative, le résultat du second tour.
14- Sur cette base, je suis absolument certain d`avoir trouvé la vérité concernant la volonté du peuple ivoirien telle qu`exprimée le 28 novembre. La volonté du peuple, c`est qu`il a choisi une personne et non deux comme vainqueur de l`élection présidentielle : le peuple ivoirien a choisi le candidat Alassane Ouattara avec un écart incontestable sur le candidat Laurent Gbagbo comme le vainqueur de l`élection présidentielle.
15- En tenant de tels propos, je ne fais pas de l`ingérence dans les affaires ivoiriennes. Comme certificateur des élections ivoiriennes, je ne fais que le travail qui a été accepté par les autorités ivoiriennes. En termes de certification des élections par les Nations Unies, la Côte d`Ivoire est le premier cas en Afrique. Les Nations Unies n`ont pas sollicité une telle responsabilité. Les dirigeants ivoiriens ont demandé aux Nations Unies de jouer ce rôle suite à l`Accord de Pretoria de 2005. Il s`agit-là d`une responsabilité solennelle des Nations Unies envers le peuple ivoirien qui a droit à la paix, à la stabilité, à la prospérité et du respect de sa volonté.
16- Au vu du chemin parcouru par la Côte d`ivoire, ignorer la volonté du peuple ivoirien à ce niveau serait le décevoir et perdre les énormes ressources investies au cours des huit dernières années par la communauté internationale ainsi que par le peuple ivoirien.