Les commerçants, exaspérés par les tirs et les pillages de soldats mutins, ont incendié samedi plusieurs édifices publics dont le siège du parti au pouvoir. Un couvre-feu a été déclaré de 19h à 6h dans la capitale.
Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré.Crédits photo : FABRICE COFFRINI/AFP
«C’est le président (Blaise Compaoré) seul qui est responsable de nos déboires. Il a formé ses gardes (les militaires) et ils nous pillent. Si vraiment il sait qu’il ne peut pas (les payer), il n’a qu’à laisser le pouvoir à ceux qui peuvent gérer le pays. Nous voulons la paix maintenant», a déclaré un vendeur de téléphone portable, Oumarou Bélem. «Nous ne voulons plus de Blaise (Compaoré). S’il n’arrive plus à contrôler ses militaires, qu’il parte», a renchéri Mamadi Zoundi, un jeune commerçant.
Depuis février, le président burkinabè, au pouvoir depuis un coup d’État en 1987, est confronté à différents mouvements populaires. Après la mort à Koudougou d’un étudiant de 23 ans lors d’une marche de la jeunesse, d’autres manifestations, souvent violentes, ont été organisées à travers tout le pays. Elles ont fait six morts à Koudougou et dans ses environs. Début avril, des dizaines de milliers de personnes sont sorties dans la rue à Ouagadougou et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays pour protester contre le régime en place.
«Une crise très profonde et structurelle»
Jeudi, au moins trois garnisons, dont la garde présidentielle, sont entrées en rébellion et ont demandé le paiement immédiat de leur solde. Les militaires ont commencé à tirer en l’air dans la ville et à piller certains commerces. Pour calmer la situation, le président a dissous vendredi le gouvernement dirigé par le premier ministre Tertius Zongo et limogé le chef d’état-major des armées, le général Dominique Djindjéré (remplacé par le colonel-major Honoré Nabéré Traoré). Àl’issue de ce remaniement, de l’argent a été débloqué pour répondre aux attentes des mutins, a précisé une source militaire. Vraisemblablement, cela n’a pas suffi et les pillages ont repris à la nuit tombée.
«Ce ne sont pas des mesures hâtives qu’il faut pour cette crise qui est très profonde et structurelle. On ne soigne pas le cancer avec une pommade», a déclaré samedi le principal opposant burkinabè, Me Bénéwendé Stanislas Sankara. «Le chef de l’Etat doit avoir le courage de s’adresser à son peuple pour lui dire de façon solennelle qu’il en est à son dernier mandat (dont le terme est prévu en 2015). Il doit aussi s’engager dans de véritables réformes politiques et institutionnelles», a-t-il ajouté.
S: Le Figaro Fr